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Actualités - CHRONOLOGIE

Camps palestiniens - Deux tués et huit blessés dans les affrontements d’hier Les fugitifs de Denniyé attaquent un poste du Fateh à Aïn el-Héloué(PHOTO)

La tension qui régnait au cours des dix derniers jours au camp palestinien de Aïn el-Héloué a fini par déboucher sur une conflagration. Des islamistes libanais recherchés par la justice dans les massacres de Denniyé (janvier 2000) ont attaqué hier à l’aube un poste du Fateh, faisant deux morts et huit blessés. Alors que l’OLP et le comité de sécurité de Aïn el-Héloué sommaient les groupements fondamentalistes de livrer les fugitifs de Denniyé, un groupuscule islamiste clandestin, Jamaat al-Nour, prête-nom des fondamentalistes libanais qui se cachent au camp, a revendiqué l’attaque en menaçant de provoquer « un bain de sang à Aïn el-Héloué » si des intégristes libanais qui s’y cachent étaient livrés aux autorités. L’armée libanaise a ausitôt entrepris d’établir un cordon de sécurité autour du camp. Un commandant du Fateh et six autres combattants du même mouvement ont été blessés lorsque des islamistes libanais, déclarés indésirables par les habitants et les responsables des formations politico-militaires du camp, ont tiré des roquettes antichars et au fusil-mitrailleur contre un barrage du Fateh, à l’entrée de Aïn el-Héloué, selon des sources palestiniennes. Dans l’accrochage qui a suivi, lorsque les hommes de Yasser Arafat ont répliqué, un islamiste libanais, Mahmoud Mohammed, alias Abou Thabet, membre du « groupe de Denniyé », a été tué et deux autres assaillants appartenant au même groupuscule ont été blessés. Maher Choubeita, représentant du Fateh à Aïn el-Héloué, a indiqué que « les tireurs venaient du secteur Ouest de ce camp sous contrôle de mouvements islamistes ». En effet, c’est le quartier el-Safsaf qui abrite la plupart des formations fondamentalistes palestiniennes présentes au camp, notamment le Hamas, le Jihad islamique et Isbat al-Ansar. Khaled Aref, délégué de l’OLP pour le Liban-Sud, a déclaré que les assaillants étaient membres du groupe de Denniyé et qu’il les exhortait à se rendre s’ils ne voulaient pas être à leur tour attaqués. « Nous sommes engagés dans des négociations avec toutes les factions du camp, y compris les groupes islamistes palestiniens, pour leur demander une reddition immédiate car nous ne voulons pas recourir à la force », a-t-il dit. Cependant, un communiqué de la direction du Fateh au Liban a sommé « cette bande de se rendre (...) sinon nous n’hésiterons pas une seconde à utiliser la force ». Négociations Le délégué de l’OLP pour tout le Liban, Sultan Abou el-Aynaïn, recherché par la justice libanaise, a déclaré au cours d’une conférence de presse que « la bande de Denniyé sera éradiquée coûte que coûte du camp de Aïn el-Héloué ». Il a également indiqué qu’il a accordé « un délai pour que ces tueurs se livrent au comité de sécurité du camp et pour qu’une décision relative à leur sort soit prise ensuite à l’unanimité ». « Dans le cas contraire, a affirmé Abou el-Aynaïn, nous utiliserons la force et nous les livrerons aux autorités libanaises. » Selon un responsable palestinien qui a requis l’anonymat, « le Liban et la Syrie veulent à tout prix une coopération sécuritaire avec les Palestiniens pour obtenir la reddition de ces hors-la-loi ». Un comité de sécurité, regroupant les formations laïques et islamistes palestiniennes, négociait hier « les modalités de reddition des fondamentalistes libanais ». Ses membres ont sommé les islamistes libanais qui se cachent dans ce camp de se rendre. Les notables et des responsables de l’OLP et des organisations palestiniennes prosyriennes, représentés dans le comité populaire, ont annoncé « être déterminés à livrer les assaillants, des membres du groupe de Denniyé, à la justice libanaise ». « Il n’est plus question que le camp soit un refuge pour des criminels ou des repris de justice », affirme dans un communiqué le comité populaire, qui accuse en outre les assaillants « d’exécuter un plan criminel pour le compte d’Israël » visant « à diviser les rangs palestiniens et à entraîner la Syrie notamment dans des batailles marginales afin de nuire à l’intifada ». Un des membres du groupe de Denniyé, Abou Ramez Sahmarani, a affirmé hier à des journalistes qu’« il ne se rendra pas » et qu’« il ne quittera pas le camp, même si le sang coule à flot ». Une dizaine d’islamistes membres du groupe de Denniyé, accusé d’être lié au réseau el-Qaëda de Ben Laden et éradiqué après une intervention de l’armée libanaise en janvier 2000, se sont cachés depuis à Aïn el-Héloué. Ils sont actuellement protégés par un groupe islamiste palestinien, Isbat al-Nour. Ces fondamentalistes libanais semblent avoir perdu le soutien de Isbat al-Ansar, un groupe qui compte moins d’une centaine de combattants qui est classé parmi les organisations terroristes par Washington, après les attentats du 11 septembre, et dont le chef, Abou Mahjan, est condamné à mort par la justice libanaise. Le porte-parole de Isbat al-Ansar, Abou Tarek, a qualifié les assaillants de « hors-la-loi » mais a affirmé « œuvrer pour une solution sans recourir à la force ». Menace de « bain de sang » Une formation palestinienne islamiste, Jamaat al-Nour, prête-nom des fondamentalistes libanais, qui avait menacé mercredi de provoquer « un bain de sang » dans ce camp de réfugiés si des islamistes libanais qui s’y cachent sont livrés à l’armée, a revendiqué dans un communiqué l’attaque de Aïn el-Héloué. « À l’aube de ce jour béni, les fusées d’al-Nour (lumière) ont atteint les nids des rénégats et des scélérats, ce qui prouve à tous que nos précédentes menaces ne sont pas du vent mais bien réelles », affirme le groupuscule islamiste. Dans un communiqué distribué le 7 août, Jamaat al-Nour, qui se manifestait pour la première fois, avait déjà affirmé qu’il provoquerait « un bain de sang dans le camp de Aïn el-Héloué et dans le reste du Liban si d’autres frères sont livrés ». Le groupuscule s’en prenait notamment à cheikh Maher Hammoud, religieux fondamentaliste sunnite ayant mené à la mi-juillet les tractations qui ont abouti à la livraison du fondamentaliste libanais Badih Hamadé, qui avait tué trois membres des services militaires libanais et qui s’était réfugié dans le camp. Dans le nouveau communiqué, cette formation réitère ses menaces et affirme que « tous les musulmans du Liban et hors du Liban se rangeront de notre côté ». « Nos moudjahidine lutteront jusqu’au martyre et toute personne qui se permettra de les prendre en chasse sera tuée », conclut le communiqué. Le groupement des forces et des partis nationaux et islamiques a, pour sa part, tenu une réunion à Saïda en présence de cheikh Mahmoud. Le groupement a manifesté son soutien aux « forces palestiniennes qui font face aux individus qui sèment la discorde à Aïn el-Héloué » et s’est mis « à la disposition des forces nationalistes et islamiques palestiniennes ». Le mouvement fondamentaliste tripolitain Tawhid a publié un communiqué qualifiant de « malheureux » les accrochages. Le texte a dénoncé « certains médias qui accusent les fondamentalistes musulmans à chaque incident qui touche à la sécurité du pays ». « Les forces fondamentalistes libanaises sont les premières à appeler à éviter la discorde, celle-ci servant les intérêts sionistes », selon le texte. Depuis l’affaire d’Abou Obeida, les principales formations palestiniennes, aussi bien islamistes que laïques, veulent se débarrasser des fondamentalistes recherchés par la justice libanaise, ce qui avait provoqué une tension avec des groupuscules islamistes. Une tension qui s’était traduite au cours des dix derniers jours par des attentats visant le Fateh, d’une part, et par des incidents entre groupements islamistes, d’autre part. Rappelons dans ce cadre qu’un membre de Isbat al-Nour avait ouvert le feu la semaine dernière sur quatre membres du Hamas. Une bombe avait également été désamorcée dans la mosquée de Saïda, où officie cheikh Hammoud.
La tension qui régnait au cours des dix derniers jours au camp palestinien de Aïn el-Héloué a fini par déboucher sur une conflagration. Des islamistes libanais recherchés par la justice dans les massacres de Denniyé (janvier 2000) ont attaqué hier à l’aube un poste du Fateh, faisant deux morts et huit blessés. Alors que l’OLP et le comité de sécurité de Aïn...