Actualités - ANALYSE
Arafat en passe de remporter son bras de fer avec Sharon
le 30 avril 2002 à 00h00
Bloqué par les chars israéliens à Ramallah depuis début décembre, le président palestinien Yasser Arafat semble devoir sortir gagnant de l’épreuve de force avec son vieil ennemi Ariel Sharon, qui, pour la première fois, a dû céder aux pressions américaines, estimaient hier les analystes. «Pour l’instant, Arafat peut se prévaloir d’une victoire personnelle de taille sur Sharon», résumait le plus grand quotidien d’Israël, Yediot Aharonot. Les analystes, israéliens comme palestiniens, estiment que le Premier ministre israélien n’avait pas eu d’autre choix que de céder à un quasi-diktat de Washington, motivé par d’intenses pressions saoudiennes à l’occasion de la récente visite du prince héritier Abdallah ben Abdel-Aziz aux États-Unis. «Il semble qu’Abdallah soit parvenu à convaincre les Américains de faire pression sur Sharon pour qu’il accepte le compromis sur les prisonniers dans la Moukataa», le quartier général de M. Arafat à Ramallah, a déclaré le politologue et député palestinien Ziad Abou Amr. En vertu de ce compromis, six hommes retranchés dans la Moukataa et réclamés par Israël, dont cinq impliqués dans l’assassinat d’un ministre israélien, doivent être transférés dans une prison palestinienne, où ils seront détenus sous la supervision de gardes américains et britanniques. Ce compromis, accepté dimanche par M. Sharon, entraînera la levée du siège de la Moukataa par l’armée israélienne, qui dure depuis le 29 mars, et permettra à M. Arafat de recouvrer sa liberté de mouvement. Il sonne donc le glas de la politique que M. Sharon menait depuis début décembre contre le leader palestinien. L’objectif en était de l’isoler complètement et de le mettre définitivement «sur la touche» sur le plan politique, à défaut de l’expulser des territoires ou de le tuer, mesures que la Maison-Blanche avait exclues dès le départ, malgré son hostilité croissante à l’égard de M. Arafat. Au lieu de cela, M. Arafat «va reprendre son rôle, mais avec une légitimité et une popularité accrue», souligne M. Abou Amr. Car la détermination de M. Sharon à éliminer M. Arafat de la scène politique, que beaucoup de Palestiniens ont perçue comme de l’acharnement personnel, voire de la persécution, s’est transformée en boomerang pour le Premier ministre israélien. M. Sharon «n’a pas compris qu’Arafat est un leader politique qui jouit d’une légitimité chez les Palestiniens, chez les Arabes et auprès de la communauté internationale», estime M. Abou Amr. «Sharon ne pouvait pas à lui tout seul saper cette légitimité», dit-il. La politique d’isolement de M. Arafat avait commencé à voler en éclats ces dernières semaines, notamment avec les visites à la Moukataa du secrétaire d’État américain Colin Powell, ce qui revenait pour les États-Unis à reconnaître que le président palestinien était incontournable. «Sharon a voulu isoler Arafat et mettre fin à son rôle historique, et c’est un but qui n’était pas réalisable», indique l’analyste israélien Gerald Steinberg, qui estime que le Premier ministre «a été trop ambitieux» dans ce domaine. Pour M. Steinberg, M. Sharon pouvait d’autant moins se permettre de défier le président George W. Bush en maintenant le siège de la Moukataa que sa priorité est de sortir du guêpier que constitue l’envoi prévu d’une mission de l’Onu dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine. «Je pense qu’il est clair qu’il y a eu donnant, donnant», commente M. Steinberg. Autrement dit, en échange de son revirement sur Ramallah, M. Sharon aurait obtenu la garantie d’un soutien américain aux demandes israéliennes de modifier le mandat de la mission de l’Onu. «Régler le problème de Jénine est beaucoup plus important que la question d’Arafat», poursuit-il. Le gouvernement israélien a de nouveau repoussé dimanche sa décision sur l’éventuelle venue de cette mission. En résumé, commente M. Steinberg, «je dirais qu’Arafat a gagné ce round» face à M. Sharon, mais, avertit-il, «il y aura d’autres rounds», car «leurs routes se croiseront encore».
Bloqué par les chars israéliens à Ramallah depuis début décembre, le président palestinien Yasser Arafat semble devoir sortir gagnant de l’épreuve de force avec son vieil ennemi Ariel Sharon, qui, pour la première fois, a dû céder aux pressions américaines, estimaient hier les analystes. «Pour l’instant, Arafat peut se prévaloir d’une victoire personnelle de taille sur...
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