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Actualités - REPORTAGE

Correspondance - Condoleezza Rice : la politique extérieure, mais aussi l’art du clavier (photo)

WASHINGTON-Irène MOSALLI Elle a la capacité d’être à la fois au four et au moulin, à savoir dirigeant la politique extérieure des États-Unis à partir de la Maison-Blanche et jouant les stars du clavier, car elle est une excellente pianiste. Il y a deux jours, elle se produisait en compagnie du prestigieux violoncelliste Yo Yo Ma. Ce récital pas comme les autres qui a eu lieu au Constitution Hall, à Washington, dans le cadre de la cérémonie de la remise de la National Medal of Arts. Une distinction qui récompense chaque année de nouveaux talents. Yo Yo Ma, (qui faisait partie de ceux honorés cette année), se présentant devant le public avec son instrument est une chose habituelle. Ce qui l’est moins c’est de voir que la pianiste à ses côtés n’est autre que l’une des plus grandes forces politique du pays. Tous les deux ont interprété ce soir-là un mouvement d’une sonate pour violon de Brahms. Comme on le sait, Condoleezza Rice est la conseillère pour la Sécurité nationale du Président Georges W. Bush. Ce qui ne l’a pas mené à mettre au vestiaire son violon d’Ingres, le piano. Bien au contraire, elle a continué à le cultiver en privé et en public. C’est elle notamment qui avait présenté en décembre dernier le héros de son enfance, Van Cliburn lorsqu’il avait reçu le Kennedy Center Honor. La partition des décisions L’idée de ce concert est née il y a quelques années lorsque Yo Yo Ma avait rencontré Condoleezza Rice qui était alors doyenne à l’université de Stanford. Bien sûr, tous deux ont parlé de musique car l’actuelle conseillère de Bush avait caressé le rêve de faire une carrière de pianiste. Ils ont convenu de jouer un jour ensemble. Et la cérémonie de la remise de la National Medal of Arts s’est avérée être l’occasion idéale pour réaliser un tel projet. Le duo n’a pas eu de peine à choisir la partition qu’il fallait. En guise de préparatifs, les deux artistes ont discuté ensemble de la portée de l’œuvre plus que de détails techniques : «Une incantation faite de passion et de réserve». Hors de ces quelques passages sous les feux de la rampe Condoleezza Rice joue la délicate partition des décisions. C’est elle qui tient le président américain informé tout au long de la journée, des événements militaires et diplomatiques. Elle prépare la réunion quotidienne du Conseil national de sécurité que préside Georges W. Bush et dont sont membres le vice-président, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, le directeur de la sécurité intérieure et le directeur de la CIA. Une seconde réunion de ce groupe a lieu en fin d’après-midi et c’est elle qui le dirige. Ses journées commencent à 5 heures, dans son appartement de Watergate par une séance de gymnastique et se terminent vers environ 23 heures. Cette femme de pouvoir, aujourd’hui âgée de 47 ans, s’est imposée par la force et l’intelligence. Elle est née à Birmingham, (Alabama), l’une des villes les plus ségrégationnistes du pays. Petite-fille de pianiste, elle doit son prénom à une nuance musicale italienne, «con dolcezza» et joue du piano depuis l’âge de trois ans. Plus tard, réalisant qu’elle ne parviendrait pas à faire une carrière artistique, elle suit le cours de politique internationale d’un immigré tchèque qui n’est autre que Joseph Korbel, le père de la future secrétaire d’État de Bill Clinton, Madeleine Albright. Puis elle apprend le russe et devient une spécialiste de l’Union soviétique. Puis elle monte les échelons : doyenne d’université, directrice de campagne présidentielle et une première fois conseillère pour la sécurité nationale en 1989, membre des conseils d’administration de la firme d’investissement Charles Schawb et de la société pétrolière Chevron. Pour arriver au poste qu’elle occupe aujourd’hui. Noire républicaine, elle n’apprécie pas la façon dont les démocrates considèrent ses semblables. Lorsqu’un jour un professeur a voulu démontrer la théorie de la supériorité intellectuelle des Blancs, elle lui a lancé : «celle qui parle le français, ici, c’est moi, celle qui joue Beethoven c’est moi. Je possède votre culture mieux que vous. Ce sont des choses qui s’enseignent».
WASHINGTON-Irène MOSALLI Elle a la capacité d’être à la fois au four et au moulin, à savoir dirigeant la politique extérieure des États-Unis à partir de la Maison-Blanche et jouant les stars du clavier, car elle est une excellente pianiste. Il y a deux jours, elle se produisait en compagnie du prestigieux violoncelliste Yo Yo Ma. Ce récital pas comme les autres qui a eu lieu...