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Actualités - ANALYSE

Kataëb - L’opposition se désintéresse des festivités de Saïfi Passation des pouvoirs aujourd’hui entre Hajj et Pakradouni

Le président élu du parti Kataëb, Karim Pakradouni, prendra en charge ses fonctions aujourd’hui à Saïfi, au terme d’un congrès-marathon de deux jours au siège du parti. C’est l’occasion pour les Kataëb, partisans ou opposants à la ligne de Saïfi, de redéfinir leurs programmes et de mettre en évidence les points principaux qui les rapprochent, et, plus nombreux, qui les différencient les uns des autres, près de six mois après l’élection de M. Pakradouni à la tête du parti. L’occasion surtout pour le président sortant, Mounir Hajj, de dresser le bilan de son mandat, à travers la lecture d’un document-fleuve de plusieurs dizaines de pages s’articulant autour de 16 thèmes politiques fondamentaux, tels que, entre autres, l’existence du Liban, sa souveraineté et son indépendance, l’entente nationale, les réformes politiques et administratives, le désenchantement des chrétiens, les relations libano-syriennes et le danger sioniste. Fait significatif, M. Hajj a commencé, dans ce rapport distribué à la presse, par déplorer le fait que les querelles intestines au sein du parti, reflétées en permanence dans les médias, aient en quelque sorte «relégué au second plan l’importance de tout ce qui a été réalisé». «Si je le dis, c’est pour éviter que ça ne se reproduise», a-t-il expliqué. Il s’est ensuite lancé dans une étude sur l’équation libanaise, sous l’angle historique de la tension entre «les partisans du Petit Liban et ceux d’une structure plus large que celle du Liban». «Les personnes qui ont cru au Liban uni et indivisible sont une minorité : elles étaient soit des philosophes, croyants en des principes supérieurs, soit des fous, comme nous, au sein du parti Kataëb», a-t-il indiqué. Et de militer en faveur de l’égalité et de la justice sociale entre les différentes composantes du Liban, lesquelles doivent être réalisées sous le parrainage de l’État, par une loi électorale plus juste, la formation de gouvernements d’union nationale, le rééquilibrage au sein des administrations, la révision du décret de naturalisation ainsi qu’une amnistie qui engloberait «vraiment tout le monde». En résumé, pour M. Hajj, «le Liban, sans les chrétiens en tant que partenaires productifs, ne saurait être véritablement lui-même». Évoquant la position du parti sur les relations libano-syriennes, il s’est opposé à tout règlement de cette question dans un climat négatif. «Nous avons proposé d’ôter le débat de la rue et de le confiner au sein des cercles d’élite», notamment entre le patriarche maronite et le président de la République pour que soit faite «une lecture responsable du problème». «Les choses ont été dans ce sens, et cela a donné ses fruits», en l’occurrence le récent redéploiement des forces syriennes, a-t-il précisé. Pour ce qui est de «l’ingérence syrienne dans les affaires libanaises», il a réclamé «un rééquilibrage en fonction de la souveraineté et de l’indépendance des deux pays, par le biais d’un dialogue fraternel, calme et objectif», considérant que la visite du président Assad au Liban et ses réunions avec le président Lahoud étaient «des signes positifs». Il a enfin appelé à la réconciliation au sein du parti. Le programme Pakradouni Lors de son élection fin 2001 à la tête de la formation avec l’entier soutien du pouvoir, M. Pakradouni avait immédiatement affirmé que les deux maîtres mots de son programme étaient «réconciliation» et «participation». Le président élu n’a pas manqué, durant les mois qui ont suivi son élection, de réitérer, au nom du parti, sa volonté de participer au pouvoir et de jouer un rôle de médiateur entre le patriarche maronite et la présidence de la République. Des positions qu’il a encore exprimées samedi dans un entretien à Radio Liban : «Les Kataëb ont besoin d’agir à l’intérieur du système. L’ère où les partis œuvraient de l’extérieur du système est terminée partout dans le monde. La situation régionale et mondiale est telle que les partis hors système sont en danger». Il convient, selon lui, de ramener les chrétiens aux pôles de décisions et d’influences en les faisant participer à la vie politique. Parce que «le boycott aboutit à des conséquences négatives qui menacent l’existence même des chrétiens du Liban». Dans une même optique, M. Pakradouni critique le groupe de Kornet Chehwane, estimant que «ceux qui croient former le parti du patriarche tentent en fait de s’approprier exclusivement le label patriarcal et portent ainsi atteinte aux maronites et à Bkerké». «Tous les chrétiens ne sont pas représentés par Kornet Chehwane», affirme-t-il, évoquant le refus du groupe d’admettre dans ses rangs les membres de la direction de Saïfi Jad Nehmé et Simon el-Khazen. «L’option Lahoud» est la seule valable pour le Liban actuellement, indique-t-il, réaffirmant qu’il «n’est pas conseillé de remettre en question l’accord de Taëf parce que cela constituerait un saut vers l’inconnu», et énumérant les différentes raisons pour lesquelles des relations libano-syriennes stables sont dans l’intérêt du Liban. Il ne manque d’ailleurs pas de rappeler, dans son entretien à Radio Liban, qu’il a été le premier au sein du parti, en 1972, à établir des contacts avec la Syrie. Concernant enfin la réconciliation au sein des Kataëb, le président élu affirme que le siège du parti «est ouvert à tout le monde», sans conditions préalables. Il récuse d’ailleurs toutes les accusations de l’opposition, selon laquelle «la passation des pouvoirs est un cirque». «Au moins, Mounir Hajj a laissé sa place à quelqu’un d’autre. Le président Amine Gemayel, lui, n’a même pas été capable d’assurer sa succession à la tête de l’État», poursuit-il, accusant l’équipe Gemayel d’effectuer une opération de «lavage de cerveau» à la base du parti. «En fait, pour Amine Gemayel, c’est “lui, ou personne”. Il pense qu’il est la solution et que les autres sont le problème : c’est pour cela que la réconciliation qu’il a prise en main a échoué», conclut-il, en appelant «toutes les parties favorables à la réconciliation à se rendre au bureau politique du parti pour dialoguer et négocier». «Je ne tolérerai aucune opération visant à faire régner la terreur au sein du parti», a-t-il souligné. L’opposition intransigeante Pour les opposants à la ligne de Pakradouni, la passation des pouvoirs, aujourd’hui, entre deux présidents «illégaux et illégitimes», ne change rien à la donne. Tous les courants hostiles à la direction du parti se désintéressent de ce qui s’y produit depuis les dernières élections. Selon eux, «la réconciliation aurait dû se produire avant ce scrutin, et il est trop tard, maintenant». Le président de l’opposition Kataëb, Élie Karamé, part d’une position de principe : le procès qu’il a intenté depuis plusieurs années à la direction du parti. «À partir de là, souligne-t-il, la direction actuelle est illégale et illégitime». Et de rejeter les récents appels de la direction à la réconciliation. « Nous sommes invités à une adhésion, pas à une réconciliation», reproche-t-il. Le député Pierre Gemayel, lui, est plus véhément. «Ils ont vendu leur dignité», dit-il en évoquant les responsables du parti, qui sont «sous la tutelle» des SR. Il qualifie d’ailleurs M. Pakradouni de «professionnel du camouflage et du contournement des situations». Enfin, M. Massoud Achkar, l’un des membres de l’opposition à Saïfi, estime que la direction «s’est détournée du rôle national qu’il lui incombe de jouer». «Elle ne représente pas les aspirations de la masse des Kataëb et a dévié des principes du parti. Depuis plus de quinze ans, les commandements du parti se suivent et se ressemblent : ils font fi du Liban et de tous les principes nationaux», indique-t-il, appelant «le leadership à un retour au discours national, condition sine qua non d’une vraie réconciliation et d’une réunification». Michel HAJJI GEORGIOU
Le président élu du parti Kataëb, Karim Pakradouni, prendra en charge ses fonctions aujourd’hui à Saïfi, au terme d’un congrès-marathon de deux jours au siège du parti. C’est l’occasion pour les Kataëb, partisans ou opposants à la ligne de Saïfi, de redéfinir leurs programmes et de mettre en évidence les points principaux qui les rapprochent, et, plus nombreux, qui les...