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Actualités - OPINION

Citoyens du monde à Ramallah

Ils ne sont qu’une quarantaine et pourtant ils pourraient déjà bien avoir infléchi le cours des événements à Ramallah. Guerriers de l’ère «globalisante», dont les seules armes sont leur corps, leur volonté, leur courage, leur inconscience mais surtout leur conscience, ces pacifistes occidentaux ont décidé d’agir contre l’offensive israélienne alors que leurs gouvernements respectifs se contentent de mots. Et déjà, au bout de 48 heures de présence aux côtés de Yasser Arafat, force est de constater qu’ils commencent à marquer des points : le gouvernement allemand, dont deux ressortissants sont présents au QG du président palestinien, a appelé hier l’État hébreu à ne rien entreprendre qui puisse mettre les pacifistes en danger. Toujours des mots certes, mais une mise en garde qui devrait davantage écorner l’indifférence d’Ariel Sharon que les classiques condamnations contre sa politique. Car on sait le poids de la vie d’un Européen face à celles de Palestiniens. Ils sont israéliens, réservistes, ils ont été rappelés sous les drapeaux pour aller servir dans les territoires de plus en plus occupés. Et pourtant, ils ont choisi de ne pas se soumettre alors que leur pays est en guerre, selon Ariel Sharon. Ce n’est pas la peur qui motive leur choix. C’est le refus de participer à une «opération destructrice», à «une guerre de dupes». Il est israélien, patriarche latin de Jérusalem, et il a décidé d’envoyer des vivres et de l’eau à Arafat. Et ce malgré le refus de l’armée israélienne de laisser entrer dimanche une délégation de prélats à Ramallah. À l’heure où docteurs et professeurs n’en finissent plus de débattre de la mort de l’État nation, ces hommes et ces femmes, d’Occident et d’Orient, ont donné une définition forte du citoyen du monde. Citoyens du monde qui assument leurs devoirs face à des gouvernements démissionnaires. Citoyens du monde responsables face à des autorités coupables de «non-assistance», pour reprendre le titre de l’éditorial du Monde du 1er avril. Citoyens du monde qui redonnent ses lettres de noblesse au concept de bouclier humain dont l’histoire ne retenait que l’acception cauchemardesque dont ont été victimes, entre tant d’autres, les Albanais du Kosovo. Ce ne sont que des hommes et des femmes, que la vie, pour certains d’entre eux, n’avait pas préparés aux champs de bataille. Pourtant, ils ont fait tomber les barrages et leur volonté pourrait être bien plus puissante que tous les murs d’enceinte. Émilie SUEUR
Ils ne sont qu’une quarantaine et pourtant ils pourraient déjà bien avoir infléchi le cours des événements à Ramallah. Guerriers de l’ère «globalisante», dont les seules armes sont leur corps, leur volonté, leur courage, leur inconscience mais surtout leur conscience, ces pacifistes occidentaux ont décidé d’agir contre l’offensive israélienne alors que leurs gouvernements...