Sommet arabe - « Il n’est plus permis de fractionner les solutions », déclare le chef de l’État Lahoud : Non à un règlement n’assurant pas le retour des réfugiés palestiniens

Le président Émile Lahoud a réaffirmé hier l’attachement du Liban au droit des Palestiniens au retour, conformément aux provisions de la résolution 194 de l’Onu. Le chef de l’État s’est étendu sur les spécificités du Liban et sur sa composition démographique qui le rendent incapable d’assumer le lourd fardeau économique, politique et social qu’implique la présence d’un grand nombre de réfugiés palestiniens sur son territoire. Le président Lahoud a également exprimé le vœu de voir les recommandations du sommet arabe de Beyrouth constituer un moyen de pression destiné à assurer l’application intégrale de toutes les résolutions adoptées par la communauté internationale. «Nous aspirons à une vision arabe unifiée vis-à-vis du conflit arabo-israélien. Il n’est plus permis de fractionner les solutions, alors qu’Israël décime impunément le peuple palestinien et occupe des territoires arabes. Nous réclamons une solution globale et juste à ce conflit, basée sur les résolutions internationales. Ce n’est qu’ainsi que la paix pourra enfin se réaliser dans la région, une paix juste et durable et non la paix que désire Israël, une paix basée sur sa propre sécurité», a précisé le président Lahoud. Sur les recommandations du sommet, le président de la République a estimé que «la situation régionale, surtout à l’issue des événements du 11 septembre, influencera nécessairement les recommandations du sommet de Beyrouth. Une solution urgente est nécessaire et je suis persuadé que les Arabes n’ignorent pas les dangers de cette situation et de ses répercussions dans la région, du fait des massacres commis par Israël. Nous désirons la paix et les Arabes sont, par nature, pacifiques. Malheureusement, la propagande sioniste a réussi à les identifier au terrorisme, à la violence et à la guerre. Nous devons demeurer attachés à nos options et refuser tout compromis. Telle est l’équation que doit poser le sommet arabe et j’ai grand espoir de voir ce sommet aboutir à des recommandations différentes de celles des autres sommets». Le sommet de Beyrouth, a poursuivi le président Lahoud, doit se faire le porte-parole de la cause palestinienne, qu’Arafat y participe ou en soit empêché du fait des diktats israéliens. Le président de la République a tenu ces propos au cours d’une interview accordée au quotidien saoudien al-Watan. Par ailleurs, dans une interview à l’agence de presse égyptienne Mena, M. Lahoud a affirmé que son pays n’accepterait pas un règlement du conflit israélo-arabe qui n’assure pas le retour des réfugiés palestiniens. «Nous refusons totalement l’implantation définitive des réfugiés palestiniens au Liban et ne pouvons accepter aucun compromis qui ne prévoit pas le retour des réfugiés palestiniens sur leur terre», a-t-il dit. «L’implantation des Palestiniens créera un déséquilibre démographique et accroîtra les problèmes socio-économiques du Liban», a ajouté M. Lahoud. Le chef de l’État a ajouté que l’initiative de paix présentée par le prince héritier d’Arabie saoudite Abdallah ben Abdel Aziz sert les intérêts de la nation arabe et vise à leur éviter toute solution de compromis. «La coopération et les consultations se poursuivent entre le Liban et la Syrie, surtout dans ces circonstances difficiles qui rendent nécessaire une collaboration totale entre tous les pays arabes», a conclu le président de la République. Les audiences D’autre part, le président Lahoud a reçu hier le président de la Chambre des députés Nabih Berry avec qui il s’est entretenu de la situation et des contacts en cours pour assurer le succès du prochain sommet arabe. Dans une déclaration faite à sa sortie du palais présidentiel, M. Berry a précisé avoir transmis au chef de l’État un message oral du roi du Maroc Mohammed VI, confirmant sa participation personnelle au sommet, à la tête d’une délégation marocaine. Toujours sur le plan des audiences, le président Lahoud a rencontré hier le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal, accompagné de l’ambassadeur d’Arabie saoudite Fouad Sadek al-Mufti, puis le ministre de l’Unité africaine en Libye Ali Abdel Salam al-Toureyki qui lui a transmis un message du président libyen souhaitant plein succès au sommet. Les deux réunions se sont déroulées en présence du ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud. Samedi, le chef de l’État avait successivement reçu le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh, puis le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa.