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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Le Premier ministre accuse les chrétiens d’entretenir un climat négatif dans le pays Hariri tente de communiquer son optimisme aux Libanais

C’est un Rafic Hariri confiant, rassurant et surtout soucieux de communiquer aux Libanais une bonne dose de son optimisme – un optimisme à toute épreuve – qui est apparu hier soir sur le petit écran. Mais tout en s’efforçant de rallier la population à son point de vue et de la convaincre que tout va pour le mieux, M. Hariri n’a pas hésité, pour démontrer le caractère fallacieux des prévisions économiques apocalyptiques, à pointer un doigt accusateur en direction de la communauté chrétienne lui reprochant sans ambages de propager les rumeurs sur un effondrement économique, de pousser les Libanais au désespoir et d’encourager les jeunes à émigrer. Des reproches qu’il a assortis d’une menace à peine voilée : «Je pense que celui qui bâtit participe à la gestion du pays et que celui qui démolit ne peut pas demander à participer à cette gestion». Pour relancer un débat confessionnel, qu’il dit pourtant désavouer, le chef du gouvernement n’aurait pas pu mieux s’exprimer. Quoi qu’il en soit, M. Hariri s’est efforcé au cours du débat à exposer les indices qui le poussent à affirmer que la situation économique s’améliore : la croissance est devenue positive (entre 1,5 et 2,5), il y a plus de liquidités sur le marché, l’activité économique s’est améliorée, les dépenses ont diminué, les exportations et les importations ont augmenté, le tourisme s’est développé et les dépôts bancaires ont haussé (800 millions de dollars après le 11 septembre). À ces facteurs, déclare-t-il, il faut ajouter les mesures que le gouvernement envisage pour réduire le volume de la dette publique et doper dans le même temps le secteur privé, principal moteur de la machine économique. Il s’arrête sur deux mesures en particulier : la privatisation de services publics et l’obtention de prêts bonifiés, avant de reprendre son leitmotiv : il n’est pas question de toucher à la stabilité de la livre. M. Hariri – qui rejette catégoriquement les rumeurs sur un éventuel projet de contrôle des changes – minimise cependant l’importance de ce que son contradicteur a appelé «les dépenses politiques», estimant qu’elles ne représentent pas grand-chose. Il laisse entendre aussi qu’il n’est pas question de toucher aux allocations des forces armées. Pour les corps militaires, c’est une révision des dépenses qui est prévue, mais dans le seul but, dit-il, de «consolider leur pouvoir combatif». À quelle fin ? lui demande-t-on. Est-ce pour envoyer l’armée au Liban-Sud ? Ces deux questions restent sans réponse. M. Hariri expose un projet d’allègement du secteur public «par le biais d’une révision de l’organigramme administratif». On l’interroge sur l’éditorial d’el-Fadl Chalak dans al-Moustaqbal. Il le désavoue sans hésiter : «Je ne suis pas d’accord avec lui. On ne peut pas le défendre». Il rejette les propos selon lesquels les chrétiens seront lésés par l’abolition de la protection douanière des agences exclusives, tout en énumérant les avantages et les retombées économiques – positives – de ce projet, avant de passer à l’attaque : «Depuis quelque temps, des personnes prédisent un effondrement. Elles sont en majorité chrétiennes. D’autres prétendent qu’il ne peut y avoir de redressement sans assainissement politique, comme s’ils disaient qu’ils ne participeront à ce redressement que s’il y a une entente au sujet des questions qu’ils soulèvent. Ce n’est pas une façon de faire. Le Liban ne peut exister qu’avec ses musulmans et ses chrétiens sur un pied d’égalité. Il y a eu toute une histoire au sujet des postes administratifs à pourvoir. Les musulmans ne sont attachés à aucun poste, je vous le garantis. Si je tiens ces propos, c’est parce que les chrétiens disent qu’ils n’ont plus aucun poste. Il y a dans le pays un climat négatif qui pousse les jeunes à émigrer. La plupart de ceux qui parlent (pour entretenir ce climat) sont des chrétiens. On dirait qu’ils veulent que plus personne ne reste dans le pays. Demain, des voix s’élèveront pour nous reprocher de les accuser de pousser les gens à l’émigration mais notre réponse sera : «Oui, vous le faites». Qu’on ne dise pas que la situation est mauvaise, qu’on dise que nous avons des défis à soulever. Depuis quand les Libanais reculent devant les défis ou baissent les bras ? J’appelle tous les Libanais, toutes appartenances communautaires confondues, à œuvrer main dans la main et à faire en sorte qu’il n’y ait pas parmi eux un groupe qui construit et un autre qui détruit. De toute façon, je pense que celui qui bâtit participe à la gestion du pays et que celui qui démolit ne peut pas demander à participer à cette gestion». Il reviendra à la charge un peu plus loin, au sujet du dossier syrien, en laissant entendre, après avoir déclaré que «la Syrie est facteur de stabilité au Liban» et que cette question fait partie des «constantes nationales», qu’il n’est pas question pour le gouvernement d’engager un dialogue autour de ce thème, «sauf si le dialogue s’inscrit dans le cadre de ces constantes».
C’est un Rafic Hariri confiant, rassurant et surtout soucieux de communiquer aux Libanais une bonne dose de son optimisme – un optimisme à toute épreuve – qui est apparu hier soir sur le petit écran. Mais tout en s’efforçant de rallier la population à son point de vue et de la convaincre que tout va pour le mieux, M. Hariri n’a pas hésité, pour démontrer le caractère...