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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Droits de l’homme - « En détention, on perd toute son humanité » - Les deux cadres FL libérés racontent leur détention

L’Association des droits de l’homme et des droits humanitaires, présidée par M. Waël Kheir, a donné hier en son siège à l’immeuble Starco une conférence de presse au cours de laquelle Selmane Samaha et Élie Keyrouz, les deux cadres FL libérés il y a une semaine, ont raconté en détail les conditions de leur détention. 15h, au neuvième étage de l’immeuble Starco : en présence d’un grand nombre de journalistes et de représentants de pays européens, débute la conférence de presse. «Toute démocratie est basée sur des lois et des droits que tout le monde doit respecter. Notre association est une tribune qui recueille le témoignage de tous ceux qui ont trouvé que leur droits en tant que citoyens ont été bafoués», précise en préambule M. Kheir. Après cette rapide introduction, M. Kheir laisse la parole à Élie Keyrouz, avocat et responsable des Forces libanaises pour le caza de Bécharré, et à Selmane Samaha, chef de la section estudiantine du mouvement. Libérés après trois mois et trois semaines d’incarcération, ballottés d’une prison à l’autre, les deux cadres FL en avaient gros sur le cœur. «J’ai été arrêté dans la région de Sarba, raconte Me Keyrouz. On m’a directement conduit au siège des services de renseignements de l’armée. Mes deux enfants étaient avec moi. Ils ne m’ont même pas autorisé à les raccompagner chez nous. J’en garde un souvenir horrible, j’ai été torturé, battu, insulté. Et pour me détruire moralement, on a menacé ma femme et mes enfants. J’ai été traité comme un animal et pas comme un être humain, ni comme un avocat et encore moins comme un citoyen libanais. J’ai senti qu’on me détestait. On a même essayé de m’écarteler. Des hommes me tenaient la jambe gauche et d’autres la jambe droite. Dans ces conditions, on ne sait plus où on est, on est faible et si on est fragile on peut raconter n’importe quoi. Le pire, c’est moi avocat, je n’ai même pas su ce qu’on me reprochait», affirme t-il. En réponse à une question sur la nature de l’interrogatoire auquel il a été soumis, Keyrouz précise qu’il y avait continuellement les deux mêmes questions qui revenaient sans cesse :«Que vous a dit Toufic Hindi à propos des Israéliens et qui était dans le coup ?». «Il fallait ensuite signer cette feuille que je n’ai même pas vu. On vous enlève le bandeau, vous signez et c’est tout». «Et si vous refusez ?», demande une journaliste. «Si on refuse ? C’est déjà arrivé», explique Salmane Samaha qui prend alors la parole. «Ceux qui ne signent pas disparaissent ou bien subissent des tortures physiques et morales énormes. Ensuite, ils signent. Vous savez, lorsqu’on entre en prison, et que l’on est traité de cette manière, on ne pense qu’à une seule chose, c’est sortir le plus vite possible. La description qu’a faite Élie ne sert à rien, il faut le voir pour le croire», précise-t-il. «Quelle genres de tortures ?» questionne alors la même journaliste. «On vous empêche de dormir par exemple. Il vous est donc interdit de vous asseoir, toute la nuit et parfois pendant des jours. Imaginez la situation, debout tout le temps. C’est dur moralement», explique M. Samaha. Salmane Samaha n’a pas été torturé, ni battu. «C’était surtout une souffrance morale. Le premier jour, on nous a mis dans un dépôt, au sous-sol d’un immeuble. On était 100 à peu près. Je ne vous raconte pas. Cent dans une pièce minuscule. Même le gardien n’a pas pu supporter de rester à l’intérieur avec nous. C’est un endroit pour les cochons. Il y en avait qui piquaient des crises. On est resté deux jours dans cet endroit avant d’être transféré dans un hangar», affirme le responsable estudiantin des Forces libanaises. Avez-vous été accusé de quelque chose ? «Pas vraiment. On m’accusait d’actions que je n’avais pas commises. Ils voulaient que je dise n’importe quoi. Au ministère de la Défense, on nous fait passer des messages, on a l’impression d’être une boîte postale. Des sortes de menaces. Je me rappelle d’un samedi après-midi où on devait se présenter devant le juge, chacun à son tour, pour signer. Je me rappelle d’un grand cri dans le couloir. Un cri de souffrance. C’était peut-être pour nous intimider et nous affaiblir moralement. Bref, dans ces conditions, sachez qu’on perd toute notre humanité», conclut Selmane Samaha.
L’Association des droits de l’homme et des droits humanitaires, présidée par M. Waël Kheir, a donné hier en son siège à l’immeuble Starco une conférence de presse au cours de laquelle Selmane Samaha et Élie Keyrouz, les deux cadres FL libérés il y a une semaine, ont raconté en détail les conditions de leur détention. 15h, au neuvième étage de l’immeuble Starco :...