Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

ESPAGNE - Les campus se rebellent - contre la réforme des universités

Une loi de réforme en profondeur des universités espagnoles, actuellement examinée par le Parlement, se heurte à la rébellion d’une grande majorité d’enseignants et d’étudiants qui multiplient les grèves et les manifestations pour le retrait du texte. Approuvée en première lecture par les députés fin octobre, la Loi organique universitaire (LOU) conçue par le gouvernement de droite de José Maria Aznar devrait être adoptée par le Sénat avant la fin de l’année. Tous les grands syndicats d’enseignants et d’étudiants, l’opposition de gauche ainsi que 66 des 69 recteurs d’université réclament son abandon et ont appelé à une marche nationale de protestation sur Madrid le 1er décembre. Le Parti populaire (PP) d’Aznar «veut profiter de sa majorité absolue au Parlement pour chambouler complètement le système éducatif espagnol. Ce n’est pas une loi pour l’université. C’est la loi du PP pour l’université», dénonce Jesus Ramon Copanovo, secrétaire général de la fédération des enseignants du syndicat Union générale des travailleurs (UGT, proche des socialistes). La LOU réforme, entre autres, les instances dirigeantes des universités et prévoit que les recteurs seront élus au suffrage universel direct pondéré. Ses chapitres qui prêtent le plus à controverse sont ceux qui permettront aux universités de compter jusqu’à 49 % d’enseignants contractuels (contre 20 à 30 % actuellement) et ceux qui faciliteront la création d’universités privées. Autre point de friction majeur : l’abolition de la «selectividad», l’évaluation que subissent tous les lycéens espagnols pour pouvoir accéder à l’enseignement supérieur, chaque université fixant la note de «selectividad» minimale exigée pour pouvoir étudier chez elle. Avec la nouvelle loi, les élèves devront d’abord passer un examen de fin d’études, puis des examens d’entrée propres à chaque université. Les détracteurs de la LOU estiment que le texte réduira l’autonomie des universités. «Il y a une volonté politique d’entrer jusque dans la cuisine des universités et un projet clair de privatisation. Et puis, après la réforme de la “selectividad”, les étudiants devront passer des examens jusque dans 17 ou 18 universités pour multiplier leurs chances d’être admis quelque part. C’est de la folie !», s’insurge M. Copanovo. Même son de cloche du côté des organisations étudiantes. «C’est une loi dictée par les grandes entreprises, qui durcit l’accès à l’université et le rend arbitraire. Chaque université sera libre d’organiser son examen d’entrée qui pourra comporter des entretiens individuels, par exemple. C’est la porte ouverte à la corruption et au pistonnage. Davantage de gens vont se retrouver hors du système éducatif. Il y aura des universités de première classe et des universités de deuxième classe», affirme Miriam Municio, secrétaire général du Syndicat des étudiants (SE). «Nous nous battons aussi contre les silences de la loi : rien sur le financement, rien sur la réduction des droits d’accès ou sur l’amélioration du système de bourses qui reste au même niveau qu’il y a quinze ans», explique-t-elle. Des critiques balayées par le ministre de l’Éducation, Pilar del Castillo, selon qui «l’adéquation de l’université espagnole aux défis de qualité et d’excellence n’est pas un luxe, mais une nécessité». Niant catégoriquement l’intention qu’on lui prête de privatiser l’université ou d’en barrer l’accès aux étudiants les plus démunis, Pilar del Castillo estime que la controverse actuelle résulte d’«une lutte d’intérêts entre ceux qui ne veulent rien bouger et maintenir leurs espaces de privilèges et de pouvoir, et ceux qui veulent une université dynamique, c’est-à-dire entre l’immobilisme et le progrès».
Une loi de réforme en profondeur des universités espagnoles, actuellement examinée par le Parlement, se heurte à la rébellion d’une grande majorité d’enseignants et d’étudiants qui multiplient les grèves et les manifestations pour le retrait du texte. Approuvée en première lecture par les députés fin octobre, la Loi organique universitaire (LOU) conçue par le gouvernement de...