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Actualités - CHRONOLOGIES

Médecine - Un bloc opératoire nommé Béchir Saadé à l’Hôtel-Dieu de France - Le pionnier de la chirurgie thoracique et cardiovasculaire honoré par ses confrères

Un médecin d’une compétence, reconnue par tous, pionnier de la chirurgie thoracique et cardiovasculaire. Un professeur qui a su transmettre son savoir-faire à ses étudiants. Un homme de cœur qui a élu domicile à l’hôpital durant la guerre, pour sauver des vies humaines. Tel est Béchir Saadé, dépeint par ses confrères et ses disciples lors d’une cérémonie organisée en son honneur à l’Hôtel- Dieu de France. Une cérémonie au cours de laquelle son nom a été donné au bloc opératoire de chirurgie cardiovasculaire et thoracique, en guise de remerciement et de reconnaissance., tant de la part de l’hôpital que de la part des jeunes médecins, et qui a été l’occasion, pour la Société libanaise de chirurgie cardiovasculaire et thoracique, dont il est président-fondateur, de lui remettre une plaque honorifique. «Voici une plaque au nom d’un médecin, après les plaques commémoratives aux noms de jésuites», déclare le père Sélim Abou, recteur de l’Université Saint-Joseph, faisant état du souhait de la direction de développer ce parrainage qui soutient le développement de l’hôpital. «Il est heureux, pourduit-il, que le premier nom attaché à une salle soit celle d’un médecin : avec les jésuites, ce sont eux qui ont fait l’Hôtel-Dieu de France et qui le font encore, sans oublier les infirmières et les autres membres du personnel». Voir s’exercer des vertus comme la gratitude, la fidélité et la générosité qui touchent au meilleur de l’humanité est une autre source de joie, ajoute le recteur, «gratitude de disciples envers leur maître, fidélité qui maintient vivante la mémoire, générosité qui permet de s’engager». N’ayant pas connu personnellement le docteur Béchir Saadé, le père Sélim Abou laisse à d’autres le soin de dire ses qualités. Mais, conclut-il, «pour s’attacher à de telles fidélités, ses mérites sont certainement grands». Qualités humaines et compétence chirurgicale Prenant la parole au nom des élèves de Béchir Saadé, le docteur Khalil Kharrat avoue qu’il vit, au même titre que ses confrères et amis, l’un des moments les plus émouvants de sa vie professionnelle et personnelle. Car, remarque-t-il, donner à la division de chirurgie cardiovasculaire de l’Hôtel-Dieu de France le nom de Béchir Saadé est une évidence des plus élémentaires. «Vous êtes un exemple représentant l’idéal que nous aurions aimé atteindre, car vous alliez un ensemble de concepts qui associent votre compétence chirurgicale, votre carrière académique et vos qualités humaines», dit-il en s’adressant au docteur Saadé. Et de retracer son parcours professionnel, sa compétence chirurgicale, mais aussi ses qualités humaines, devant un public aussi ému qu’attentif. Il relate alors la maîtrise, la dextérité chirurgicale et le sang-froid de ce pionnier de la chirurgie thoracique et cardio-vasculaire, depuis les années 60, lorsque les chirurgiens n’osaient même pas ouvrir un thorax, ce qui lui a permis de sauver de nombreuses vies. Il décrit le guide que le professeur a su être pour ses élèves, devenus aujourd’hui les principaux piliers des différentes spécialités de l’Hôtel-Dieu de France et de la faculté de médecine de l’USJ. Il raconte les qualités humaines, le sentiment de désintéressement qu’il a su inculquer à son équipe, la vie de moine qu’il a vécue pour la bonne cause, durant la guerre, à l’hôpital. Ce fin gourmet, cet homme d’une grande élégance, même dans sa blouse blanche et ses éternels sabots blancs, mais aussi cet homme d’humour qui savait détendre son équipe dans les moments d’intense gravité, «c’est cela le Béchir Saadé courage», conclut-il. Un maître qui a tout enseigné à ses élèves À son tour, le docteur Ramzi Achouch, s’adressant à son maître, dans ce qu’il appelle une sorte d’aparté en public, se remémore tout haut «le bon vieux temps», où bistouris et blouses blanches voisinaient avec gilets pare-balles et guitares, où les médecins apprenaient à opérer, malgré les obus qui sifflaient, encouragés par la présence de leur maître. «La grande vertu de l’élève est avant toute chose la reconnaissance et la gratitude envers tout maître qui lui a enseigné, ne serait-ce qu’un tant soit peu. Que dirai-je du maître qui nous a tout enseigné?» affirme-t-il, ajoutant que ce tout ne concerne pas seulement la médecine, mais aussi la vie dans tous ses aspects. Et de raconter le combat mené à l’Hôtel-Dieu de France par Béchir Saadé pour la chirurgie cardiaque, combat qu’il a gagné, comme pour couronner la fin de sa carrière. «Ce bloc opératoire a déjà vécu neuf ans orphelin, anonyme. Aujourd’hui, on lui donne le nom de son père légitime», conclut-il, en remerciant son maître qu’il appelle affectueusement papa, au nom de tous, élèves et collègues. C’est le fils de Béchir Saadé, qui porte son nom et son prénom, qui a prononcé le mot de remerciement écrit par le professeur. Un mot empreint d’émotion qui dépeint l’amitié et l’affection que porte le chirurgien à ses élèves et confrères. «Votre initiative qui me va droit au cœur, est le moyen que je n’osais pas espérer pour me garder à tout jamais pensionnaire dans cet hôpital qui a toujours été, depuis 1965, ma vraie maison, surtout pendant les 17 années de guerre où j’y ai carrément élu domicile», dit-il, ajoutant que bien que l’âge de la retraite l’ait obligé à s’en éloigner en 1995, il y est resté à travers ses élèves, les grands professeurs actuels dont il avoue être fier et qui lui font honneur à l’Hôtel-Dieu de France. Et de conclure en remerciant ses confrères, qui sont, selon ses propos, sa promesse d’éternité, au même titre que ses propres enfants.
Un médecin d’une compétence, reconnue par tous, pionnier de la chirurgie thoracique et cardiovasculaire. Un professeur qui a su transmettre son savoir-faire à ses étudiants. Un homme de cœur qui a élu domicile à l’hôpital durant la guerre, pour sauver des vies humaines. Tel est Béchir Saadé, dépeint par ses confrères et ses disciples lors d’une cérémonie organisée...