Une majorité gouvernementale consolidée

Qui veut aller loin ménage sa monture. Et soigne ses alliances. Le président Rafic Hariri, qui faisait déjà ami-ami avec M. Walid Joumblatt, s’est assuré d’une confortable majorité parlementaire en intégrant dans cet axe le chef du Législatif, M. Nabih Berry. Un pacte d’acier entre les trois plus importants chefs de file, place de l’Étoile. Un pool si fort que beaucoup n’hésitent pas à y voir le maître du jeu dans les prochaines présidentielles. C’est peut-être lancer le bouchon trop loin, et négliger le rôle décisif des tuteurs du dehors. Cependant, le but du partenariat à trois est de parvenir jusqu’à cette échéance de l’an 2004 en position de joueur principal sur la scène locale. Une combinaison qui présente des avantages pour les trois leaders, sans quoi ils n’y auraient pas souscrit. Pour sa part, M. Hariri y gagne une quasi-assurance de durée. On sait en effet que la présidence du Conseil qui lui est dévolue ne bénéficie pas des mêmes garanties d’emploi que la présidence de la Chambre ou que la présidence de la République, inamovibles respectivement pendant quatre et six années. Théoriquement, un chef de gouvernement peut sauter à n’importe quel moment, si la Chambre lui retire sa confiance. Il est donc normal qu’il cherche à conforter ses assises par de solides alliances avec les grands blocs du Parlement. D’autant que sa position propre est inévitablement fragilisée par la composition de son cabinet. Qui résulte d’un consensus entre des forces politiques disparates. D’où un défaut constant, jamais démenti, de cohésion ministérielle. M. Hariri s’est donc assuré une majorité renforcée, à la Chambre comme au sein du Conseil des ministres. Pour durer certes. Mais aussi, tout simplement, pour pouvoir gouverner. Avec l’aide de Baabda.