Déplacés - Le retour a déjà coûté un milliard de dollars - La visite de Sfeir au Chouf va renforcer - le processus de réconciliation

La visite du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, au Chouf et à Jezzine ( 3-5 août) va sensiblement renforcer le processus de réconciliation et de retour des déplacés chrétiens dans leurs villages d’origine.Son retentissement moral, espèrent les députés chrétiens de la région, va encourager ceux qui ont reconstruit leurs maisons à s’enraciner à nouveau sur leurs terres, après un séjour prolongé en milieu urbain qui les a éloignés de leurs occupations agraires, et la naissance d’une génération de jeunes qui n’ont pas connu leurs villages d’origine. Rendu public hier par les archevêques maronites de Saïda et Beyrouth Tanios Khoury et Boulos Matar, au cours d’une conférence de presse au Centre catholique d’information, le programme de la visite pastorale du patriarche maronite comprend notamment un arrêt de 40 minutes au palais de Moukhtara, le samedi 4 août, sur le chemin de Jezzine. Cette étape constituera un moment historique, dans la mesure où elle scellera la réconciliation entre le patriarche maronite et le chef d’une milice aujourd’hui dissoute, responsable de l’exode de dizaines de milliers de chrétiens, du massacre de plusieurs milliers d’entre eux, et de la destruction de centaines de maisons et d’églises. Le processus de retour des déplacés au Chouf, entamé avec l’élection du président Élias Hraoui à la tête de l’État, a déjà coûté à l’État 1 583 milliards de livres (1,050 milliard de dollars), a indiqué hier à L’Orient-Le Jour le président de la Caisse des déplacés, M. Chadi Massaad. À ce jour, a-t-il ajouté, quelque 70 à 75 % des déplacés du Chouf ont regagné leurs villages, dont seulement une partie définitivement. Enfin, M. Massaad a donné un calendrier des réconciliations encore inachevées. Il a précisé que les réconciliations à Kfarselouan, Aramoun et Ghaboun étaient sur le point d’être scellées, mais qu’il demeure certaines réconciliations «difficiles», à Kfarmatta, Brih, Baawarta et Dfoun. Celles-ci seront achevées avant la fin de l’année, selon M. Chadi Massaad, qui a été reçu hier par le chef du gouvernement, en même temps que le député Marwan Hamadé. Ce dernier a d’ailleurs présidé hier une réunion des notables de Kfarmatta consacrée à la réconciliation. Voici les grandes étapes du programme de la visite de trois jours du patriarche au Chouf et à Jezzine : Vendredi 3 : 13h45, départ de Dimane ; 16 h : arrivée à Naamé ; 16h30 : messe à Damour ; 17h45 : arrivée à Kfarhim ; 18h15 : arrivée à Deir el-Qamar ; 19h15 : arrivée à Beiteddine. Samedi 4 : avant-midi consacré à l’accueil des délégations officielles et populaires au salon de l’archevêché de Beiteddine ; 15h30 : départ pour Jezzine ; 16h : arrivée à Moukhtara et arrêt de 40 minutes ; 17h30 : arrivée à Jezzine ; 18h : messe sur la grand-place de Jezzine. Dimanche 5 : 10h : départ pour Deir el-Qamar. Messe à Deir el-Qamar. 12h30 : déjeuner au siège épiscopal de Beiteddine. 14h30 : départ pour Dimane en passant par Barouk, Aïn Zhalta, Méouche, Rechmaya et Aley. Des cérémonies d’accueil populaire seront réservées au patriarche à chaque étape de son itinéraire, à l’aller et au retour, a indiqué Mgr Boulos Matar, archevêque maronite de Beyrouth. Ce dernier a ajouté que la visite des villages de la bande frontalière était à l’ordre du jour du patriarche maronite, et qu’elle se ferait dans le cadre d’une visite pastorale au diocèse de Tyr. Selon Mgr Matar, l’idée d’une visite du patriarche Sfeir au Chouf est en l’air depuis six ans, mais les conditions de sa concrétisation n’ont pu être réunies qu’aujourd’hui. Parmi ses conditions, rappelle-t-on, le patriarche avait demandé le retour des chrétiens de la région dans leurs villages. L’ouverture du chef du PSP en direction des partis de l’opposition chrétienne a certainement contribué à rendre cette visite possible, estiment aussi les députés de la région. Réactions positives Les réactions générales à la décision du patriarche Sfeir de visiter le Chouf et Jezzine continuent d’être très positives. M. Dory Chamoun l’a jugée «très importante» et a déclaré qu’elle aurait des effets non seulement sur «le moral de la population chrétienne», mais aussi, indirectement, sur la convivialité. Toutes les personnalités ont exprimé l’espoir que cette visite encourage les chrétiens du Chouf à y refaire souche, en dépit des défis que représente un marché du travail bien maigre et des institutions pédagogiques et hospitalières insuffisantes. Une délégation conduite par M. Nabil Boustany, député du Chouf et allié de M. Walid Joumblatt, a rendu visite lundi soir au chef de l’Église maronite, pour «le remercier d’avoir pris une décision longtemps attendue et espérée». La délégation comprenait en outre les députés Georges Dib Nehmé et Élie Aoun.