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Actualités - ANALYSES

Climat de nouveau tendu au sein de la coalition taëfiste

Nul n’aurait dû être pris de court : les suppressions d’avantages, de compléments de salaires dans la fonction publique sont expressément prévues par l’article 75 de la loi de finances (budget) que la Chambre a votée le mois dernier. L’abolition des exemptions partielles de quittances pour les employés de l’EDL était donc à l’ordre du jour. Mais plus habiles sans doute qu’eux-mêmes ne le pensaient, les intéressés, en cherchant à défendre leurs acquis, ont lancé dans la mare aux grenouilles un pavé assez gros pour que leur affaire déborde sur le plan politique. Peut-être bien sans le vouloir ou sans le pressentir, les syndicats ont en effet ranimé les luttes de courants au sein du grand mouvement fraternel qui se partage le pouvoir depuis Taëf. Ainsi, la trêve estivale commence à battre sérieusement de l’aile. Nombre de personnalités citées dans la liste qui dénonce les non-payeurs affirment en effet qu’elles font l’objet d’une sorte de complot politique. En multipliant les insinuations, concernant notamment des services déterminés, ces pôles cherchent la fuite en avant par la politisation du dossier. Un objectif d’autant plus commode que le bon grain se mêle malheureusement à l’ivraie. En effet, il semble se vérifier que certains dénoncés soient purement et simplement calomniés, leurs noms ayant été insérés, rajoutés à la liste délatrice sans aucun fondement. Cet accident de parcours, révélé par les déclarations très précises de ces blanches brebis, se trouve confirmé par des sources ministérielles informées. Qui estiment cependant pour leur part que le complot évoqué par les personnalités mises en cause est en réalité, et dans sa finalité, dirigé contre le gouvernement. Qui se trouve confronté à des difficultés inattendues et prête le flanc à des critiques de diversion virulentes qui altèrent sa cohésion et affectent son rendement. Tout cela, pour laisser entendre que les tiraillements reprennent de plus belle entre gens de pouvoir et que la trêve imposée aux taëfistes par l’arbitre syrien est bien près de voler en éclats. On comprend dès lors que le président Hariri «se soit tout de suite soucié, indiquent ces sources, d’en appeler au parquet pour savoir où se situe le dysfonctionnement qui a fait perdre au Trésor plus de 1 000 milliards de LL en arriérés de quittances impayées. La liste des noms publiée par les syndicats n’intéresse pas le chef du gouvernement. Plus exactement, il réalise que le vrai problème, c’est de déterminer les causes des défaillances. En prenant soin d’éviter, dans la mesure où cela dépend du gouvernement, toute controverse politique susceptible d’empoisonner et de neutraliser le dossier». Mais cette immunisation ne paraît pas possible dans un système dominé par les luttes d’influence donc par la politique. Ainsi rares sont ceux qui contestent le fait que le bras de fer entre le directeur de l’EDL et le ministre des Ressources soit de nature bien plus politique que technique. Aux chiffres de l’un, l’autre répond par des arguments sociaux paratoufaylistes en faveur des déshérités ou par une diatribe disciplinaire contre les fonctionnaires qui n’arrivent pas à assurer une bonne perception. Les têtes pensantes du cabinet sont pour leur part bien embêtées, comme on dit familièrement. En effet, les avertissements du Fonds monétaire international sonnent encore à leurs oreilles : pour se présenter dans une tenue décente à Paris II, le candidat Liban doit d’abord faire le ménage dans ses comptes et dans son Administration. Les ministres concernés n’oublient pas non plus les admonestations antérieures du président de la Banque mondiale, M. James Wolfensohn. Qui n’avait pas manqué de souligner la nécessité d’une solide entente politique entre les pôles du pouvoir en vue de conforter la stabilité économique du pays, de renforcer la confiance et de favoriser la relance. Une entente sans laquelle il serait illusoire de tenter d’effectuer une réforme administrative ou de juguler les fameuses fuites de robinet qui se traduisent, en termes budgétaires, par un déficit accru de 20 %. Dans le même esprit, le gouvernement ne peut pas mettre en place la TVA sans assurer ses arrières sur le plan politique. Et on voit mal également comment le ministre de l’Économie, M. Bassel Fleyhane, peut dialoguer efficacement, dans le climat de désunion actuel, avec l’Union européenne sur le dossier de partenariat qui doit lui être transmis sous peu, probablement par un envoyé spécial. En tout cas, les remous occurrents n’échappent à l’attention des Occidentaux. Qui ont fait comprendre à Beyrouth que Paris II ne pourra pas avoir lieu en septembre, car le Liban est encore loin de remplir les conditions requises. La conférence, indiquent des sources informées, n’aurait lieu que bien après le sommet de la francophonie en octobre prochain, probablement en janvier ou en février 2002. Autre indice négatif : Paris II ne serait pas Paris II, puisque les Occidentaux songent à le transférer à Bruxelles. Sous prétexte de lui assurer une couverture plus distinctement européenne que française. Mais va pour Bruxelles... si on y arrive, comme serait tenté de le murmurer un ancien ministre qui brûle de se rendre dans cette capitale. Car au rythme actuel des dissensions dans les rangs taëfistes, on peut se demander si l’affaire des quittances ne va pas provoquer une crise de pouvoir.
Nul n’aurait dû être pris de court : les suppressions d’avantages, de compléments de salaires dans la fonction publique sont expressément prévues par l’article 75 de la loi de finances (budget) que la Chambre a votée le mois dernier. L’abolition des exemptions partielles de quittances pour les employés de l’EDL était donc à l’ordre du jour. Mais plus habiles sans...