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Actualités - OPINIONS

In vivo

C’est une farce. À croire que le Hezbollah refuse catégoriquement l’arrêt des survols du territoire libanais par les avions israéliens. Le Hezbollah qui continue de faire au Liban, pour le compte de Damas et de Téhéran, la pluie et le beau temps. Hassan Nasrallah qui, lorsqu’il se met à discourir, s’imagine au perchoir, au Sérail, à Baabda. Beyrouth et Damas qui mettent en garde Tel-Aviv. Damas qui a scellé son sort à celui du Liban, continuant par là sa véritable opération de phagocytage, lentement, sûrement – un «Anschluss», merci Monseigneur, que tous les redéploiements faits et à venir n’arriveront pas à occulter. Et ce pauvre Staffan de Mistura qui n’est pas près d’avoir avalé la pilule, de parler de nouveau devant un micro. Une aberration. En fait, cette espèce de family business à deux, à trois, à plusieurs, devient un peu lassante. Rebondissments plus que prévisibles. Ses rouages, ses règles, ses coups fourrés, ses «donne-moi, je te donne»... tout cela est désormais su et connu de tous. Et puis, surtout, Bachar el-Assad le sait bien : dix mille soldats syriens morts au combat feront de lui un nouvel héros, hérault arabe. Ariel Sharon ne le sait que trop bien : dix soldats israéliens tués feront de lui un paria dans son pays, un exclu, un potentiel client pour les geôles du TPI. Cette solution que le Liban-marionnette ne fait plus qu’espérer ne peut ainsi plus venir de l’extérieur. Dont acte. Et quand bien même the show must go on, rien ne nous empêche d’essayer de ressusciter de l’intérieur. De l’intérieur... En plein dans l’Émile. Chaque obus, chaque roquette tirée par le Hezbollah, fera, à chaque fois, au moins une victime. À chaque obus, à chaque roquette, le chef de l’État perd de sa crédibilité. À l’extérieur, certes, mais également à l’intérieur. Une grande majorité de Libanais, ceux-là mêmes dont il essaie de draguer le support, les suffrages, la confiance, ne comprend plus la caution presque inconditionnelle que son président accorde au Hezbollah. À chaque obus, à chaque roquette, le grand écart d’Émile Lahoud devient de plus en plus difficile à gérer. On ne peut pas, on ne peut plus, en même temps, faire du redressement économique la priorité absolue et privilégier les coups d’éclats militaires aux dépens d’une diplomatie qui peut tout lorsqu’elle le veut. Lorsqu’on lui en donne les moyens. C’est à ce niveau-là, désormais, que l’intelligence et le bon sens commandent de résister. Les mythes n’ont jamais réussi au Liban. Les mythes feront perdre au Liban jusqu’à son histoire. Exemple de mythe : le pourquoi du retrait israélien. C’est faire bien peu de cas du peuple libanais dans sa totalité que de ne créditer, dans ce cas, que le Hezbollah et ses opérations militaires. Et on ne l’a que trop fait. Émile Lahoud peut essayer de changer la donne. Il peut essayer d’être enfin le président de tous les Libanais, faire en sorte, lui aussi, avec ses moyens, avec ceux qu’on a bien voulu lui laisser, de sortir le Liban de sa dégénérescence. Élias Sarkis n’aurait pas dû mourir. Les grands présidents, comme les grands sportifs, ne se font, après tout, qu’à grands coups de sacrifices.
C’est une farce. À croire que le Hezbollah refuse catégoriquement l’arrêt des survols du territoire libanais par les avions israéliens. Le Hezbollah qui continue de faire au Liban, pour le compte de Damas et de Téhéran, la pluie et le beau temps. Hassan Nasrallah qui, lorsqu’il se met à discourir, s’imagine au perchoir, au Sérail, à Baabda. Beyrouth et Damas qui...