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Actualités - CHRONOLOGIES

Hariri se montre toujours aussi confiant

Au cours de sa récente rencontre avec des groupes d’hommes d’affaires arabes, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a tenu à les rassurer : le climat politique local est certes malsain. Mais rien ne sera épargné pour le normaliser. Et pour conforter ce capital de confiance dont jouit le pays à l’ombre de la stabilité sécuritaire qui y règne, comme à la faveur des protocoles d’aide extérieure. Les investisseurs peuvent donc affluer l’esprit tranquille, la situation économique du Liban restant, tout compte fait, des plus prometteuses. Mais le fait est que, revenu au pouvoir pour une mission spécifique de redressement économique, le milliardaire se trouve obligé de monter également au créneau sur le plan politique. Qui, en se désagrégeant dangereusement, compromet tous les efforts de rétablir une confiance qui est loin d’être aussi solide que ne l’affirment les dirigeants. C’est donc une double action que M. Hariri se trouve contraint de mener lui qui, disait-on, s’était vu préciser avant son investiture que le traitement des dossiers purement politiques, et a fortiori sécuritaires, ne serait pas tout à fait de son ressort. Mais comme tout est dans tout et réciproquement, il est évident que sans normalisation politique il ne peut y avoir aucun redressement économique. Ni aucune chance de réaliser la réforme administrative, indispensable pour l’assainissement des finances publiques comme pour la réactivation de la production ou du secteur des services. Ainsi c’est de toute évidence que le chef du gouvernement, qui reprend bientôt son bâton de pèlerin pour visiter l’Orient arabe et l’Occident, se fixe à travers cette démarche deux objectifs complémentaires. D’abord, vu l’urgence de la crise intérieure, stimuler les initiatives étrangères de compromis avec le front intérieur du refus (de la présence militaire syrienne). Ce qui implique une redéfinition complexe du rôle des décideurs dans ce pays. D’autant qu’il faudra aussi parler, notamment avec les Canadiens, qui sont en charge onusienne du dossier, du problème des réfugiés palestiniens qui constitue, lui aussi, un souci pour les Libanais. Ensuite, notamment avec les Arabes du Golfe, presser et préciser des assistances financières qui tardent à se concrétiser. Mais sur le plan strictement intérieur ? «M. Hariri, répondent des loyalistes, ne va pas rester les bras croisés à écouter les reproches de passivité des uns ou des autres. Il a des idées pour arranger les choses à la satisfaction générale. Mais actuellement, il ne peut pas beaucoup bouger. Il lui faut attendre que les tensions se dissipent». C’est-à-dire que les décideurs se décident à jouer l’ouverture et le dialogue plutôt que la confrontation par assujettis interposés. D’où l’importance de la démarche du Premier ministre au Vatican qui, à la faveur de la visite en mai du pape à Damas, pourrait jouer un rôle conciliateur efficace entre Bkerké et la direction syrienne. En attendant que le souffle du rapprochement que laisse espérer la visite papale à Damas se précise «M. Hariri est triste, confient ses lieutenants du Sérail. Il s’afflige de constater que certains politiciens n’hésitent pas à provoquer une tension de rue dans un pays qui n’a pas encore pansé ses plaies». «Mais, ajoutent ces sources, contrairement à ce que certains de ses faux amis insinuent, le président du Conseil ne se sent pas personnellement visé par la campagne en cours. Il ne pense pas non plus qu’il y a un complot dirigé contre son plan de redressement. Il est en effet pleinement convaincu que c’est tout le peuple libanais, tout le pays qui se trouvent menacés à l’heure actuelle, et non une seule fraction et encore moins une personne déterminée». Menacés par qui, par quoi ? «Par le climat politique ambiant, indépendamment de ses causes comme de ses protagonistes», répondent prudemment ces sources. Pour qui cependant «la tempête commence à s’apaiser. Il est de bon augure en effet que la rue ait globalement renoncé à manifester. On doit se rappeler en outre que les contacts des conciliateurs entre Bkerké, Baabda et Damas ne sont pas rompus. Et que la quasi-totalité des pôles d’influence locaux ont pris, par rapport à la question des relations avec Damas, des positions tempérées. La polémique, qui commençait à prendre une vilaine tournure confessionnelle, se trouve de la sorte amortie. Le dialogue semble ainsi à portée de main». Encore faut-il que le pouvoir prenne l’initiative de l’initier, ce qu’il ne paraît pas du tout tenté d’entreprendre, comme le prouvent les dérobades successives du Conseil des ministres et de la Chambre. Qui ont tous deux refusé de débattre le dossier objet de la crise. Quoi qu’il en soit, pour en revenir à M. Hariri, il affirme, pour bien rester dans son rôle de défenseur de la livre, qu’il ne faut pas faire d’amalgame entre le politique et l’économique. Ajoutant que les remous actuels, tout à fait épisodiques, ne peuvent ébranler la monnaie nationale ni l’économie du pays. Un point de vue que les évêques maronites ne partagent pas. Dans leur dernier communiqué, ils ont effet souligné que la dégringolade économique est liée à la situation politique qui provoque un manque de confiance décourageant les investisseurs. Adeptes pour leur part de la méthode Coué, les haririens répètent à l’envi qu’au fond tout va très bien madame la marquise. C’est leur droit, c’est même leur devoir. Car si les autorités libanaises n’affichent pas une certaine confiance, comment pourraient-elles la solliciter d’autrui ? Sans compter qu’il faut bien convenir avec les loyalistes que le tableau n’est pas tout à fait noir. Le secteur bancaire se porte bien, c’est connu. Les banques, sollicitées par l’État pour un emprunt de 600 millions de dollars sur cinq ans, lui ont de la sorte généreusement octroyé un plein milliard de dollars, preuve de confiance. Et l’Idal a enregistré les demandes de quelque 35 compagnies étrangères qui souhaitent investir dans ce pays pour près de 600 millions de dollars. Autrement dit, les haririens voient l’avenir en vert, couleur du billet US. Et de l’espérance.
Au cours de sa récente rencontre avec des groupes d’hommes d’affaires arabes, le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a tenu à les rassurer : le climat politique local est certes malsain. Mais rien ne sera épargné pour le normaliser. Et pour conforter ce capital de confiance dont jouit le pays à l’ombre de la stabilité sécuritaire qui y règne, comme à la faveur des...