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Actualités - REPORTAGES

HUMANITAIRE - Vente de terrains dans des villages de l’ancienne zone de sécurité - Une fanfare et du matériel pour les scouts de Aïn-Ebel

Ils sont un tout petit peu moins qu’une centaine âgés de 8 à 17 ans. Ils habitent Aïn-Ebel, l’un des villages de l’ancienne zone frontalière occupée. Au fil des années, et malgré la lourde présence des soldats israéliens, ils n’ont jamais, eux et leurs aînés, mis un terme à leur activité. Mais être scout du Liban dans cette région n’est pas une tâche facile. Durant plus de vingt ans, ils ont été coupés de la capitale. Et sans l’aide modeste de la paroisse du village, ils ne seraient jamais parvenus à se consacrer à leur activité préférée. C’est que tout manque à Aïn-Ebel. Et si les habitants ont pensé avant tout à encourager les activités des scouts du village, c’est parce qu’ils savent à l’avance «qu’on ne leur accordera pas d’autres aides plus difficiles à assurer» relatives notamment à l’infrastructure (eau, téléphone...), à l’hospitalisation et d’autres services vitaux encore. C’est également parce que les scouts de Aïn-Ebel sont peut-être les seuls à donner encore un peu de joie dans un village accablé. Depuis mai dernier, les commerces ferment progressivement leurs portes. Et ceux qui ont décidé d’ouvrir boutique malgré tout se contentent d’assurer des permanences de quelques heures sur leur lieu de travail. Le seul dispensaire de Aïn-Ebel manque cruellement de médicaments malgré la présence des médecins du village qui ont décidé d’y assurer bénévolement des permanences. Selon les habitants de la localité, «tous ces spécialistes ont été contraints de quitter les emplois qu’ils occupaient à l’hôpital de Bint Jbeil quand l’établissement a été pris en charge par le Hezbollah». Comme dans beaucoup d’autres localités de la zone, les habitants de Aïn-Ebel ont commencé à vendre leurs terrains à des personnes originaires du Liban-Sud revenues à l’issue du retrait israélien. Chacun connaît un voisin ou un parent qui a vendu un lopin de terre. On raconte également que certains habitants de la localité se sont plaints auprès de l’évêché maronite de Tyr, en vain. Sans pour autant être solidaires de ceux qui ont vendu leurs terrains, les personnes originaires du village qui ont décidé de ne pas vendre soulignent que «cette affaire est compréhensible». «Les habitants de Aïn-Ebel, de Debl et de Rmeich ne font pas de calcul à long terme : en vendant leurs terrains, ils ont besoin d’argent ici et maintenant», indique un habitant de la localité. «À nous voir, certains pensent que nous avons toujours les moyens de vivre correctement, or dans tout le village les possibilités manquent», renchérit une femme de Aïn-Ebel. Actuellement, les habitants du village n’ont même pas les moyens de recueillir 3 000 dollars pour aider les scouts du village à poursuivre leurs activités. Aide du contingent irlandais Quand les Casques bleus irlandais, chargés entre autres de la sécurité et de l’action humanitaire à Aïn-Ebel, se sont présentés aux notables de la localité pour discuter de l’aide qu’ils pourraient assurer, les habitants du village ont pensé avant tout aux scouts du Liban qui relèvent de la paroisse. Car ce sont ces jeunes qui rendent visite aux plus démunis et aux plus isolés, qui s’occupent de la propreté du village, qui décorent Aïn-Ebel le 25 décembre et le 15 août. Eux aussi sont en charge de la procession dédiée à la Sainte-Vierge et celle du Vendredi saint. À Aïn-Ebel, comme dans beaucoup de villages, une tradition a été préservée : les jeunes sont présents aux funérailles des disparus et c’est aux scouts qu’incombe la tâche de porter les couronnes de fleurs, de jouer de la musique et de prendre la tête du cortège mortuaire. La soixantaine, Joseph Barakat, lui-même ancien scout, tient à donner aux jeunes du village la place qu’ils méritent. «Ils sont quatre-vingt-dix, des filles et des garçons, âgés de 8 à 17 ans, ils ont besoin d’uniformes et d’instruments de musique, notamment huit tambours, deux trompettes et deux paires de cymbales», explique le notable du village. «Mais l’argent manque pour leur fournir ce matériel », dit-il. Joseph, qui est le père de cinq enfants tous établis à l’étranger (notamment à Londres, Rome et Dubaï), souligne l’importance de garder les jeunes habitants de Aïn-Ebel au village. «Le scoutisme crée une activité dans une localité où il n’existe aucun club ou groupement de loisirs pour les jeunes», dit-il. Le contingent irlandais, qui a initié depuis son arrivée au Liban-Sud plusieurs activités humanitaires, est prêt à aider les scouts de Aïn-Ebel. Il ne pourrait pas cependant leur octroyer la somme nécessaire au financement de leurs activités, à l’achat d’uniformes et d’instruments de musique, ainsi qu’à la construction d’un local pour les réunions. Les scouts de Aïn-Ebel parviennent modestement à financer leurs activités en fabriquant et en vendant des bougies durant la fête de l’Assomption, la Sainte-Vierge étant la patronne de ce village de la zone anciennement occupée. John Diab, responsable des scouts de Aïn-Ebel, souligne que «si les jeunes parviennent à poursuivre leurs activités c’est également grâce au soutien de la paroisse». D’ailleurs, la plus grande partie de l’action des scouts du Liban de Aïn-Ebel est religieuse : construire une crèche grandeur nature et décorer un sapin de cinq mètres de haut à la place du village pour Noël, transformer les rues du village en chemin de croix pour la procession du Vendredi saint et organiser la fête de l’Assomption. Besoin de votre contribution «Malgré l’occupation israélienne dans la zone, les scouts de Aïn-Ebel ont toujours été proches des autres scouts du Liban ; ainsi, ils ont participé à plusieurs camps communs dans d’autres régions du pays. C’est grâce à ces camps-là que la plupart d’entre eux ont découvert pour la première fois Beyrouth et le Mont-Liban» rapporte Diab. Ils ont également reçu leurs camarades des autres régions du pays dans la zone anciennement occupée. C’est dans un tout petit local humide non loin de l’église Notre-Dame de Aïn-Ebel que les scouts de la localité se rencontrent régulièrement. Étienne, Haytham, Joanna, Pamela et beaucoup d’autres font partie des scouts de Aïn-Ebel depuis longtemps. Ils parlent de leurs diverses activités avec les yeux qui brillent : les bougies, les décorations, les processions, les camps, le fait d’être responsable et indépendant… «Depuis peu de temps, des cours de chant sont assurés à tous les scouts, pourtant on ne possède aucun instrument de musique», indique Pamela. «C’est dommage qu’ils ne pensent à nous que quand le village a besoin de nos actions », renchérit Joseph. Le contingent irlandais qui a initié plusieurs activités humanitaires au Liban-Sud est prêt à aider dans divers domaines les scouts de Aïn-Ebel. Il est incapable pourtant de financer les activités des jeunes. Des quêtes, pour ce projet comme pour d’autres, pourraient être effectuées à Dublin ou dans d’autres villes de l’Eire. Les Libanais, eux aussi, peuvent contribuer à la réalisation de ce projet qui n’est certes pas vital mais qui donnera un peu de joie aux jeunes et aux moins jeunes de Aïn-Ebel, un village bien triste ces derniers temps.
Ils sont un tout petit peu moins qu’une centaine âgés de 8 à 17 ans. Ils habitent Aïn-Ebel, l’un des villages de l’ancienne zone frontalière occupée. Au fil des années, et malgré la lourde présence des soldats israéliens, ils n’ont jamais, eux et leurs aînés, mis un terme à leur activité. Mais être scout du Liban dans cette région n’est pas une tâche facile. Durant plus...