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Actualités - ANALYSES

SOCIAL - Une école spécialisée pour les troubles d’apprentissage - Des défis à la mesure de l’enfant

«Chaque enfant a droit à la réussite». Sur le panneau d’affichage du minuscule bureau de la directrice, à l’école Alternative La Rosette, cette phrase épinglée, bien en valeur, résume la vocation de l’établissement. Un établissement spécialement créé par l’Association libanaise pour les troubles d’apprentissage (Alta), en jumelage avec l’école canadienne Vanguard, pour recevoir les enfants qui souffrent de ces troubles et qui ont généralement accumulé les échecs dans les classes régulières, étant dans l’incapacité de suivre le rythme des autres élèves. Vingt-six élèves présentant divers troubles d’apprentissage prennent quotidiennement le chemin de l’école Alternative La Rosette. Troubles qui se traduisent par une dyslexie, une dysorthographie, une dyscalculie, des difficultés de langage, du raisonnement, de la mémoire, de la coordination motrice, mais aussi un déficit de l’attention, une hyperactivité, ainsi que des problèmes de communication et de sociabilité. Des troubles qui ne mettent pas en cause l’intelligence, mais qui sont souvent considérés comme un handicap et qui provoquent chez l’enfant des problèmes psychologiques. Car ils ne peuvent être réellement soignés, mais juste contournés, vu qu’ils résultent d’un dysfonctionnement du système nerveux central. À l’école Alternative La Rosette, une équipe multidisciplinaire, formée de 12 psychologues, éducateurs spécialisés, orthophonistes, psychomotriciens et enseignants, encadre ces enfants pour les aider à surmonter leur handicap, à reprendre confiance en eux-mêmes et à trouver le moyen de contourner leurs difficultés. «Car ils avaient perdu confiance en eux-mêmes, en raison de la façon dont on les traitait dans les établissements scolaires réguliers, explique Claudine Aramouni, directrice et fondatrice de l’établissement. Et cette perte de confiance était parfois accompagnée d’une perte de l’estime de soi et d’une dépression, l’enfant manifestant dans certains cas le désir de mourir». Car à l’école régulière où la plupart d’entre eux ont débuté, ils étaient incapables de suivre les méthodes traditionnelles. Tolérés, quitte à se faire oublier, ils étaient la plupart du temps relégués dans un coin de la classe par des enseignants débordés. Il en était de même pour les jeux, qu’ils n’arrivaient pas à suivre et dont ils étaient souvent exclus par leurs camarades. Une école où ils perdaient leur temps, car l’institution ne pouvait répondre à leurs besoins spécifiques, mais où les parents tentaient de les garder, refusant de voir et de faire face à leur problème. Une méthode adaptée aux besoins de chacun La prise en charge de ces enfants à l’école Alternative La Rosette se fait à partir d’une stratégie d’apprentissage développée par l’école canadienne Vanguard, qui présente des programmes et une méthode adaptés aux troubles de l’apprentissage. Certes, le contenu de certaines matières, comme le français et les maths, se base sur le programme libanais, explique Mme Aramouni, mais les programmes sont dépouillés, et l’essentiel est donné à l’enfant à partir des méthodes et des manuels canadiens. Quant à l’enseignement de l’arabe, il s’inspire de la même stratégie, utilisant les manuels édités localement. Répartis en quatre classes par catégories d’âge et non selon leur niveau, les élèves suivent leur propre rythme, car les différences sont énormes et il est difficile de former une classe homogène. C’est pourquoi il est impensable, dans cette école spécialisée, de répartir les enfants dans des classes de niveaux au même titre qu’une école traditionnelle, chaque enfant ayant son propre niveau dans chacune des matières, qui peut être différent pour la lecture, les maths, etc. De plus, la stratégie d’enseignement et l’approche de chaque matière sont adaptées à chacun, la répétition étant impérative dans la majorité des cas. Un cours de sciences ou d’histoire sera ainsi enseigné de la même façon à un groupe d’enfants, mais chacun sera contrôlé selon ses possibilités. À titre d’exemple, il sera demandé à un enfant de rédiger des phrases complètes, alors qu’un autre élève pourra cocher la réponse qu’il juge adéquate. Quant aux activités, qui se déroulent durant les deux dernières périodes de la journée, elles sont variées et répondent aux attentes des élèves. Théâtre, danse, musique, poterie, mais aussi sport et informatique ont permis de découvrir de réels talents, raconte la directrice, alors que comme de nombreux enfants de leur âge, les élèves s’adonnent aux plaisirs du ski, durant la classe de neige. Des défis sur-mesure «C’est ainsi que l’atteinte de ses objectifs représentera un défi pour l’élève, mais surtout une réussite, poursuit Claudine Aramouni. Car il est confronté à des défis à sa mesure, qui lui procurent bonheur et satisfaction, une fois relevés avec succès, et qui le réconcilient avec lui-même». Et d’ajouter que chaque enfant représente une entité qui a besoin d’épanouissement et de valorisation. Une valorisation qui ne peut se faire que si l’on donne à l’enfant l’occasion de réussir. Tant il est vrai que l’échec risque de lui donner une image négative de lui-même. Quant au rôle des parents, s’il revêt une importance primordiale dans l’évolution de l’enfant et dans son acquisition de l’autonomie, il n’est pas toujours pris au sérieux par les intéressés, parfois embarrassés d’avoir un enfant dans une classe spéciale. Aussi, nombreux sont les parents qui n’accordent que peu d’importance au travail de leur enfant présentant des troubles d’apprentissage, plus préoccupés par leurs enfants normalement scolarisés. Et pourtant, insiste Mme Aramouni, «il est indispensable qu’ils s’intéressent à ses études, pour valoriser son travail et lui redonner confiance en lui, sans pour autant faire les devoirs à sa place. Car notre but est de connaître les lacunes de l’enfant et non pas de le voir terminer le programme». Contrainte de refuser un grand nombre d’enfants vu l’exiguïté du local et l’impossibilité de grouper dans une même classe des élèves trop différents, la fondation Alta est à la recherche d’une structure plus grande pour son école Alternative La Rosette, pouvant recevoir le plus d’enfants possibles. Elle envisage de plus de créer un internat, pour recevoir les enfants de tous les coins du pays et même des pays voisins. Mais la crise économique et le manque de fonds risquent de freiner les ambitions de cette fondation à but non lucratif, dont l’objectif principal est d’assurer une structure scolaire spécifique, respectant le rythme et développant les compétences de l’enfant qui souffre de troubles d’apprentissage.
«Chaque enfant a droit à la réussite». Sur le panneau d’affichage du minuscule bureau de la directrice, à l’école Alternative La Rosette, cette phrase épinglée, bien en valeur, résume la vocation de l’établissement. Un établissement spécialement créé par l’Association libanaise pour les troubles d’apprentissage (Alta), en jumelage avec l’école canadienne...