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Actualités - OPINIONS

La vita è bellissima - Dimanche 25 février, MTV.

La livre dévaluée ? Mais vous êtes bien sotte ma chère amie ! Tenez, avec le président de la République, dimanche dernier, nous nous gaussâmes, «nous plaisantâmes sur ces ridicules boutiquiers qui ne vivent qu’en faisant et défaisant les rumeurs les plus niaises : il n’y aura au-cu-ne dévaluation». Et peu importe que le neuf-dixième des Libanais en parle. La livre va très bien. Très très bien. Mes rapports avec le chef de l’État, des querelles, rien que des querelles ? Sotte, vous dis-je, vous êtes sotte ! «Depuis quatre mois, c’est la lune de miel entre nous». Et si jamais, à Dieu ne plaise, nous nous séparions, ce sera, bien évidemment, «à cause du jugement du peuple, du Parlement», vous comprenez la différence, n’est-ce pas ? Personne n’a confiance en le Liban ? Billevesées, tout cela, balivernes ! «Plus que confiance, ils ont de l’admiration, ils voient bien à quel point tous les Libanais de l’étranger réussissent tout ce qu’ils entreprennent». Alors, évidente translation mathématique : si à l’extérieur ils sont aussi géniaux, que serait-ce à l’intérieur ! Élémentaire ma chère. Qu’avez-vous donc à tergiverser interminablement au sujet de l’armée, des forces de sécurité ? Sachez, ma chère – certes nous pourrions les rétribuer moins cher – que «sans eux, vous ne pourriez prendre votre voiture et rentrer chez vous», et puis sachez, ma chère, que vous risquez bientôt d’être fort marrie : «Ne soyez pas surprise si vous entendez parler, bientôt, d’une réduction de tous ces frais». Et toc ! Une crise avec le Hezbollah ? Mais qu’allez-vous penser ? Jamais ! Tout ce qui dure depuis 1993, ce ne sont que des broutilles. «Et puis converser avec sayyed Nasrallah, c’est très sympathique. Sayyed Hassan est un homme exceptionnel, respecté, sincère, charmant, charismatique...». Alors tenez-le vous pour dit, chère. Bref, revenons sur terre : tout, lundi, sur la MTV, était à l’avenant. L’optimisme de Rafic Hariri, professionnel jusqu’au bout des doigts, à défaut d’être nécessairement contagieux, a juste été particulièrement impressionnant. Comment comprendre ce «tout va bien dans le meilleur des mondes» ? Ou bien Rafic Hariri suit cette règle immémoriale selon laquelle chaque dirigeant libanais, toutes époques, toutes confessions confondues, (se) doit de faire prendre des vessies pour des lanternes à ses trois millions de concitoyens, soit il est sûr de lui. Sûr et certain. Il y a des choses que sans doute l’on ignore : parce que si au-dessus de Beyrouth il y a Damas, Damas n’est sans doute pas en mesure de faire toujours ce qu’il veut... Et le Libanais dans tout ça – celui-là même qui, il y a six ou sept mois, a voté, dans sa majorité, et massivement, pour Rafic Hariri ? Eh bien le Libanais, prendre des vessies pour des lanternes, ça, il en a l’habitude, il ne va plus se formaliser pour si peu. D’un autre côté, le Libanais ne veut que le croire, à Rafic Hariri, de toutes ses forces, il le veut sincèrement. Sauf que le Libanais, lundi, aurait souhaité, au moins, que son Premier ministre l’implique dans le processus de changement. Qu’il lui donne l’impression, la certitude, sinon de contribuer, du moins de participer pleinement, activement, à l’histoire de son pays. Qu’il ne l’entraîne pas, à n’importe quel prix, dans cette béatitude protéiforme dont il s’est fait lundi le héraut, tout en le confortant à continuer à se contenter d’attendre et de prier. Dieu, Zorro, Don Quichotte ou Superman...
La livre dévaluée ? Mais vous êtes bien sotte ma chère amie ! Tenez, avec le président de la République, dimanche dernier, nous nous gaussâmes, «nous plaisantâmes sur ces ridicules boutiquiers qui ne vivent qu’en faisant et défaisant les rumeurs les plus niaises : il n’y aura au-cu-ne dévaluation». Et peu importe que le neuf-dixième des Libanais en parle. La livre va...