Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

HOMMAGE - De fer et de tendresse

À mon père, Hikmat Tannous, que l’on surnommait, avec tellement de plaisir, «Hakkoum», vont toutes mes prières, pour que Dieu l’enveloppe de la charité et de la miséricorde qu’il a amplement méritées. Puisse sa fidèle compagne de tous les instants, ma mère Marlène continuer longtemps encore de nous soutenir comme elle le fit toujours. Que puis-je dire de toi, papa ? Je m’évertue à rechercher les mots, et ils sont totalement incapables de traduire ne serait-ce qu’une infime fraction de la reconnaissance que nous ressentons pour toi, mes sœurs, mes frères et moi. Nous t’avons connu généreux, avec un cœur grand comme ça... Un homme de principes, un homme fort et tendre à la fois... Un homme honnête, plein d’ambitions, travailleur acharné, capable de se redresser à l’instant, quelle que soit l’ampleur du coup reçu. De rares qualités, des qualités rares, qui n’ont échappé à aucune des personnes qui ont eu la chance de te côtoyer. Tu étais si précoce. À 14 ans, tu commençais à travailler, tout en poursuivant tes études universitaires la nuit. À 28 ans, grand homme d’affaires, tu t’es attaqué au marché de l’acier en Syrie, que tu as très vite dominé. La Syrie que tu as dû quitter en 1963 avec ma mère et les trois enfants déjà nés pour t’installer au Liban avec eux et tout recommencer avec un courage et une force d’esprit inégalables. Et de là, pour reconquérir ta place, tu n’hésites pas à parcourir le monde entier, de la Chine à l’Afrique du Sud en passant par l’Europe occidentale ou les pays de l’Est et tant d’autres ; au Liban, où tu te replonges dans le travail, rien ne t’arrête, même pas les événements pénibles. Et au retour de la paix, tu continues à te donner d’arrache-pied, me forçant presque à reprendre le travail, dans le domaine de l’acier, à tes côtés. «Les métiers masculins ou féminins, cela n’existe pas, clamais-tu à longueur de journée. Travailler, c’est vivre, produire, c’est vivre; soit on travaille, soit on meurt à petit feu; mieux vaut se fatiguer, produire et ne pas vivre longtemps que de vivre longtemps et mal». Tu t’acharnais au travail sans jamais penser à te reposer ou à prendre ta retraite, et cela t’a valu le surnom et la renommée de «Roi du fer» en Syrie et au Liban. Roi du fer d’un côté, roi de la tendresse de l’autre, avec ta femme et tes enfants. Un livre publié aux États-Unis t’a même qualifié de plus grand connaisseur et commerçant privé du monde dans le domaine de l’acier... Simple et discret, tu n’aurais pas voulu que l’on parle de toi, mais comment taire la douleur ? Avec toi, nous perdons le fondateur et le pilier de la famille. Ton souci principal était de semer le bien et l’amour partout où tu passais, ta préoccupation première restait ta famille la plus proche, tes amis, et l’autre grande famille, celle de tous les oncles, tantes et cousins. Comment oublier ces soirées que tu animais en jeux de cartes ou de tric-trac, ces soirées rythmées par les chansons de ton idole fétiche, Oum Kalsoum ? Ta communauté perd en toi un grand bienfaiteur, ainsi que tous ces déshérités que tu savais soulager sans jamais toucher à leur dignité. Père de six enfants, dont cinq sont encore en vie, tu as reporté tout ton amour paternel sur tes sept petits-enfants, qui te surnommaient «Jeddo gâteau». Et ton plus grand bonheur était de réunir tous tes enfants, leurs conjoints et tous tes petits-enfants à déjeuner le dimanche. Hikmat fils, Hikmat frère, Hikmat mari, Hikmat père et grand-père, Hikmat oncle, beau-frère, cousin, parent proche ou éloigné, Hikmat ami, Hikmat patron ou associé, tu étais toujours là, prêt à écouter, à seconder, à aider, à secourir chaque individu qui te le demandait, sans jamais te lamenter ou te dérober... La famille Tannous a aujourd’hui perdu son chef, un homme irremplaçable, presque inégalable par sa force et son courage, même devant la maladie et la souffrance. Repose en paix, papa... Tu seras toujours là, vivant, non seulement au cœur de chacun des membres de ta famille, mais aussi dans l’esprit de chaque personne qui t’a connu. Ta disparition a laissé un grand vide et nous nous efforcerons toujours, nous tes cinq enfants, de suivre ton exemple, d’être à la hauteur de cette exigence que tu nous a inculquée, à la hauteur de cette image que tu as laissée partout où tu es passé : honnêteté, travail, bonté et persévérance. Tu as mérité que l’on honore ta mémoire. Nous nous en chargerons, mes sœurs, mes frères et moi ainsi que tes proches, et nous irons avec tous tes petits-enfants, bravant ta modestie, cultiver toutes les qualités que tu as semées en nous. Ta fille
À mon père, Hikmat Tannous, que l’on surnommait, avec tellement de plaisir, «Hakkoum», vont toutes mes prières, pour que Dieu l’enveloppe de la charité et de la miséricorde qu’il a amplement méritées. Puisse sa fidèle compagne de tous les instants, ma mère Marlène continuer longtemps encore de nous soutenir comme elle le fit toujours. Que puis-je dire de toi, papa ? Je m’évertue à rechercher les mots, et ils sont totalement incapables de traduire ne serait-ce qu’une infime fraction de la reconnaissance que nous ressentons pour toi, mes sœurs, mes frères et moi. Nous t’avons connu généreux, avec un cœur grand comme ça... Un homme de principes, un homme fort et tendre à la fois... Un homme honnête, plein d’ambitions, travailleur acharné, capable de se redresser à l’instant, quelle que soit...