Mixed Media

Alors il y a, de par le monde, les journalistes éditorialisants, les journalistes gratte-papier, les impuissants qui donnent des leçons d’écriture, et, évidemment, les journalistes d’investigation. Ces derniers étaient autrefois baptisés les journalistes fouille-m... jusqu’à l’accession d’un journaliste du Monde, lui-même autrefois excellent fouille-m... au qualificatif autoproclamé d’investigateur et à la plus haute hiérarchie de son quotidien. Vous pensiez peut-être que les journalistes étaient tous pareils, du moins au Liban où la société a tendance à la fois à les considérer comme une élite et comme la catégorie la plus stipendiée de la République, l’une et l’autre opinion étant fondées, non pas indifféremment, bien sûr. Non, les journalistes ne sont pas tous pareils. Je suis sûre par exemple que vous me croyez journaliste parce que vous me lisez dans un journal. Non, je n’en suis pas : je feins d’en être pour mieux me dissimuler. *** Journaliste, je ne parlerai aujourd’hui que d’Ariel Sharon, et je dirai qu’il ne peut pas y avoir pire pour tout le monde que ce «Dr Strangelove», surtout quand il s’essaie à un langage politique mesuré. Nous trinquerons de ses projets de troc, mauvais jeu de mot, sinistre possibilité, bref, fuyons à nouveau le journalisme. *** Quant à moi, j’ai troqué Achrafieh contre Ras-Beyrouth. Parce que j’y suis née, que j’y ai grandi, que j’y ai eu mes premières amours : on ne se refait pas. Évidemment, je me perds un peu dans Sakiet el-Janzir et Aïcha Bakar (construits pendant mes vingt années de France). Hariri m’assiège (le Qasr, la «Future», l’autre «Future», un hôpital, etc.) Mais le sémillant moustachu n’est tout de même pas Saladin, pour qui j’ai eu à l’école laïque tant d’admiration, et, le fut-t-il, je suis ici autant chez moi que lui : élémentaire mon cher Rafic.