Communautés - 17e centenaire de la proclamation du christianisme comme religion d’État en Arménie - Aram Ier : Pour une « nouvelle évangélisation » de l’Église, peuple de Dieu

Le catholicos Aram Ier a publié hier son message traditionnel de l’Épiphanie, date à laquelle l’Église apostolique arménienne orthodoxe célèbre traditionnellement la fête de Noël. Cette fête revêt cette année une importance particlulière, car elle coïncide avec l’ouverture d’une série de manifestations commémorant le 17e centenaire de la proclamation du christianisme comme religion d’État en Arménie. Dans son message, Aram Ier souligne en particulier que la vocation de son église est de « ré-évangéliser» un monde où les valeurs spirituelles et morales se dégradent. Aram Ier relève aussi qu’il est temps que l’Église arménienne se remette en question, et «recouvre son intégrité», par-delà sa nature d’institution nationale». Voici des extraits significatifs du message d’Aram Ier : «L’Épiphanie de l’an 2001 a une importance et une signification particulières pour l’Église arménienne qui, cette année, célèbre de par le monde le dix-septième centenaire de la proclamation du christianisme comme religion d’État en Arménie. Au Liban ainsi qu’en Arménie et partout dans la diaspora arménienne seront organisés divers manifestations, colloques et pèlerinages afin de marquer cet événement historique (…) «En mai 2001 aura lieu à Antélias la bénédiction solennelle du Muron (Saint-Chrême). À cette occasion un colloque international se tiendra au Liban sur la contribution de l’Église arménienne au témoignage chrétien du Moyen-Orient (…). Or pour notre Église cet anniversaire ne devrait par être un événement ordinaire, une simple commémoration mais l’occasion d’une prise de conscience. «Premièrement, l’église arménienne orthodoxe est une église d’origine apostolique. Il est vrai que c’est en l’an 301 que l’Arménie – premier État à adopter officiellement le christianisme le christianisme – proclame solennellement le christianisme. Mais ce n’est pas là la première apparition du christianisme en Arménie car il est historiquement prouvé que la foi chrétienne y fut amenée à la fin du 1er siècle par les saints apôtres de Jésus-Christ, Thaddée et Barthélémy. Ayant prêché l’Évangile du Christ ces deux apôtres furent martyrisés en Arménie (...) «Deuxièmement, la théologie de l’Église arménienne orthodoxe est essentiellement une théologie qui touche et concerne la vie existentielle de l’Église. Notre théologie ne se limite pas aux définitions théoriques, aux notions philosophiques et aux positions dogmatiques ; c’est une théologie qui émane de la vie du peuple (...) «Troisièmement, l’Église arménienne est l’Église du peuple par excellence. En effet l’Église n’est pas une institution ; elle a naturellement des manifestations institutionnelles mais elle est essentiellement le peuple de Dieu. Je trouve que c’est là une marque unique qui distingue l’Église arménienne (...) «Quatrièmement, l’Église arménienne est l’Église d’une nation. Les circonstances historiques ont imposé une identification quasi totale entre Église et nation arméniennes, une réalité qui a fait que le chef de l’Église a assumé de temps en temps un rôle politique. Ceci a fait de l’Église une institution plutôt nationale avec tout ce que cela suppose de répercussions et de restrictions. Je crois qu’il est temps que l’Église recouvre son intégrité et la particularité de sa vocation, ainsi que son rôle prophétique. «Cinquièmement, l’engagement œcuménique de l’Église arménienne n’est pas un phénomène récent mais appartient à son essence même (...) L’histoire de notre Église est très riche en instances d’engagements œcuméniques pour l’unité chrétienne. «Sixièmement, étant l’Église du peuple, l’Église arménienne a toujours été avec le peuple et au service du peuple (...). «Septièmement, le rôle culturel de l’Église reste particulièrement exceptionnel. L’Église fut l’inventeur de l’alphabet de son peuple (...). On ne peut donc imaginer la culture arménienne avec toute sa richesse et sa diversité sans l’Église arménienne. «Huitièmement, l’éducation a toujours été au centre de la mission de l’Église ; en d’autres termes, l’éducation n’as pas été une des préoccupations de l’Église mais une dimension intégrale de sa vocation. La coexistence géographique église-école n’est pas une coïncidence mais la manifestation concrète de cette interaction entre les dimensions spirituelle et pédagogique du témoignage de l’Église. «Toutes ces marques et caractéristiques constituent la richesse et l’héritage sacré de notre Église. Mais l’Église n’est pas simplement le gardien des trésors du passé ; elle n’est pas un musée de l’histoire. L’Église est une réalité existentielle, une réalité qui vibre avec le peuple. L’Église est une réalité missionnaire et non une institution pétrifiée. Elle est une réalité envoyée par Dieu en Jésus-Christ pour une vocation, une mission particulière qui est d’évangéliser – et dans notre monde d’aujourd’hui, de réévangéliser – le monde où les valeurs spirituelles et morales se dégradent. L’Église arménienne orthodoxe, comme d’ailleurs toutes les Églises, a besoin de renouveau. Que signifie être une Église dans le monde d’aujourd’hui ? Quelles devraient être les priorités et les particularités de la mission de l’Église arménienne dans le monde d’aujourd’hui, où les fils de la même Église vivent dans des contextes différents ? Comment l’Église va-t-elle répondre aux questions, aux défis, aux soucis d’un monde si sécularisé ? «Le renouveau est un grand défi pour l’Église arménienne. Ce processus de renouveau doit toucher tous les aspects, toutes les structures et toutes les dimensions de l’Église. Il doit faire de notre Église une réalité vivante dans la vie de notre peuple. C’est là le message de la commémoration du 1 700e anniversaire de la proclamation officielle du christianisme en Arménie». Le catholicos de la maison de Cilicie célébrera ce matin la messe de l’Épiphanie à Antélias, avant de recevoir les vœux au salon du catholicossat entre 12h30 et 13h30, ainsi qu’entre 16 heures et 19h30.