Actualités - CHRONOLOGIE
La fin des jeans en l'an 2000 ?
Par GEBEYLI Claire, le 15 juillet 1999 à 00h00
Qui l’aurait cru? La maison Levi’s, ce cœur battant du jean devenu symbole du siècle, annonce la fermeture de plusieurs de ses usines aux États-Unis. Les jeunes ne veulent plus de ce vêtement historique. Voilà quelques années déjà que le streetwear mettait le jean sous pression. Pour faire face, les «jeanneurs» (lire fabricants et revendeurs) ont joué pour quelque temps du «lifting»: nouvelles coupes inspirées du vêtement de travail, délavages sophistiqués, plusieurs longueurs de jambes, jeanswear à la place du traditionnel bleu classique d’antan... Peine perdue... Le jean n’est presque que mémoire, ce pantalon de toile délavée ne survivra que moribond au siècle qui a fait sa gloire. Ce vêtement pourtant véhiculait une nouvelle manière de vivre. Une nouvelle morale aussi. Moulant, coupé droit, il interdisait de tricher (gare aux formes trop rebondies) ou de jouer au prince. Tous égaux derrière sa toile grossière et délavée, ses vieux boutons métalliques. Dévoyé par la société éminemment commerçante, il a fini par s’incliner face au protocole des marques. Une étiquette cousue sur la fesse droite proclamait sa particule ou avouait son indignité, son identification à la toile rêche restait fidèle à son origine, comme cette petite poche de devant conçue à l’origine pour suspendre les outils et ne servait plus à rien tout en gardant sa place. Mais happé par le luxe, le jean n’oubliait pas sa naissance. Face à cette persistance de vieux paysan revêche, la mode s’est mise à jouer les alliances. Il s’agissait de le sublimer, le dégrossir, le civiliser... On se mit alors à le marier à des vestes en cuir ou en daim, à des mocassins griffés, à des accessoires «grand luxe». Par temps froid, on a osé l’escorter d’une fourrure... Du chinchilla sur son jean ça faisait tellement classe. La vogue certes ne se limitait pas aux femmes. Mais auprès de ces messieurs, on changeait de rituel. On tolérait la veste, griffée de préférence, le chandail en shetland, le col roulé en cachemire. En revanche, la cravate était interdite. Le repassage aussi et jamais du pli sur le devant. Bannie aussi la fermeture éclair. Rien que des boutons (métalliques) pour veiller à la décence. Grâce à ce pantalon, un nouveau code se glissait dans les relations humaines. En l’enfilant, on changeait de peau, et grâce aux films de James Dean, de Marilyn dans les Misfits, des feuilletons western, la télé, tout le monde vivait à sa façon l’épopée américaine... Mais voilà que le nouveau monde, à travers sa propre jeunesse, rejette l’habit de ses aïeuls. Tels les descendants d’anciens ouvriers enrichis, ils préfèrent oublier la salopette du grand-père... Le vêtement culte du 20e siècle retournera à son humble origine pour vivre dans le légendaire Far-West sa triste décadence...
Qui l’aurait cru? La maison Levi’s, ce cœur battant du jean devenu symbole du siècle, annonce la fermeture de plusieurs de ses usines aux États-Unis. Les jeunes ne veulent plus de ce vêtement historique. Voilà quelques années déjà que le streetwear mettait le jean sous pression. Pour faire face, les «jeanneurs» (lire fabricants et revendeurs) ont joué pour quelque temps du...
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