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SEXUALITÉ- Le monde pharmaceutique divisé Le Viagra ou l'injection
le 05 juillet 1999 à 00h00
Les laboratoires pharmaceutiques qui disposent de traitements contre l’impuissance ne se font pas de cadeaux : le congrès sur les «dysfonctions érectiles», achevé samedi à Paris, a été le théâtre de sévères «affrontements» sur l’efficacité réelle du Viagra comparée à celle, non contestée, des injections péniennes. «Entre les labos, c’est la lutte à mort car, à la clef, il y a des millions, voire des milliards de dollars», souligne le Dr Ronald Virag, inventeur des injections et «pape» français de la sexologie. De manière tout à fait exceptionnelle en médecine, les principales études présentées lors de ce congrès — premier du genre depuis la mise sur le marché du Viagra en septembre dernier — ont donné des résultats diamétralement opposés sur les performances attribuées à la célèbre petite pilule en forme de losange des laboratoires Pfizer. Chez ces hommes qui souffrent d’impuissance ou de «pannes» à répétition, l’efficacité du Viagra tourne, selon Pfizer, autour de 70 %, avec un indice de satisfaction des utilisateurs situé entre 48 et 78 %. C’est ce que confirme une étude menée en France et en Italie dans 18 centres médicaux : sur 124 patients qui sont passés des injections à la petite pilule bleue, 85 % se disent satisfaits. Seulement 9 % des patients se sont plaints d’un manque d’efficacité du Viagra et 2 % ont été contraints d’arrêter d’en prendre en raison de ses effets secondaires. Au total, les trois quarts exactement des personnes atteintes de troubles de l’érection ont choisi de rester au Viagra. Mais cette étude, menée par les Prs Francesco Montorsi, de l’Institut San Raffele de Milan, et François Guiliano, de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (près de Paris), a été parrainée par Pfizer... Du «tout-venant» De leur côté, les laboratoires Schwarz Pharma, qui commercialisent l’EDEX, une des deux formules d’injections intracaverneuses disponibles en France, arrivent à des conclusions totalement inverses. L’étude qu’ils ont soutenue financièrement a été menée au Columbia Presbyterian Hospital de New York par le Dr Ridwan Shabsigh sur 145 patients, soit à peu près autant que Pfizer. Là, le Viagra a été abandonné dans 68 % des cas et 90 % des personnes en échec déclarent être venues, ou revenues, aux injections. Avec satisfaction. Une troisième étude, sur le point d’être publiée dans la revue spécialisée Urology, a été réalisée par le Dr Ronald Virag. Ce médecin a pris en compte l’ensemble des 316 patients qui se sont présentés dans son centre au cours du dernier trimestre de 1998 pour troubles érectiles. Sur ces patients — du «tout venant» et non des patients «sélectionnés», a souligné le Dr Virag — un quart ne voulaient absolument pas prendre de Viagra par crainte de ses effets secondaires. Les autres patients ont essayé différentes doses du médicament. En tout, seulement 32 % sont restés fidèles au Viagra, 34 % ont surmonté leurs appréhensions et sont passés aux injections et enfin 25 % ont choisi d’alterner le médicament oral et l’injectable. Cette étude — «effectuée en toute indépendance», souligne le Dr Virag — aurait pu permettre de trancher. Mais les laboratoires Pfizer en réfutent les résultats en soulignant que son auteur, le Dr Virag, est en bisbille avec eux... Une accusation repoussée par le sexologue : «Avec 20 à 30 ordonnances de Viagra chaque semaine, je suis le plus gros prescripteur de France», souligne-t-il.
Les laboratoires pharmaceutiques qui disposent de traitements contre l’impuissance ne se font pas de cadeaux : le congrès sur les «dysfonctions érectiles», achevé samedi à Paris, a été le théâtre de sévères «affrontements» sur l’efficacité réelle du Viagra comparée à celle, non contestée, des injections péniennes. «Entre les labos, c’est la lutte à mort car, à la...
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