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Actualités - CHRONOLOGIE

Une hospitalité en perte de vitesse

Si les Libanais se sont forgé au fil des siècles une réputation de peuple accueillant et chaleureux, on ne peut plus en dire autant aujourd’hui. Soit par esprit mercantile, soit faute de personnel qualifié, certains restaurants, hôtels ou commerces accumulent des agissements qui tranchent bien avec une hospitalité libanaise ancestrale désormais en perte de vitesse. Que penser de ces hôtels qui font preuve d’une méfiance gratuite dès lors que vous les interrogez sur les prix des chambres. Esquivant votre question, ils trouvent bon de vous entraîner dans un réquisitoire sur votre identité et le but de votre visite. D’autres vous répliqueront qu’«il faut réserver une chambre pour connaître les tarifs». Sinon, on vous fera patienter plus d’une demi-heure en vous transférant à mille standardistes le temps qu’on aille demander au gérant l’autorisation de divulguer ces tarifs si précieux. Et de toute manière, on finit toujours par vous donner une tranche de prix très variés allant de 50$ à 500$, afin de se réserver la possibilité d’appliquer le prix définitif à la tête du client. D’autres hôtels n’hésitent pas non plus à user de méthodes discriminatoires. Que de clients ayant réservé une suite avec vue sur la mer se sont retrouvés dans une chambre de catégorie inférieure, l’hôtel ayant préféré garder les suites luxueuses pour parer à une éventuelle visite d’une personnalité jugée plus prestigieuse… mais qui finalement ne se pointe jamais. Qu’en est-il de ces restaurants qui vous poussent à la consommation avec une insistance désobligeante et qui trahissent leur insatisfaction dès lors que vous commandez moins d’une dizaine de plats de mezzés et de grillades, s’efforçant de souligner votre «pingrerie» en devenant eux-mêmes avares en sourires. Et, de toute manière, vous ne vous en sortirez pas plus enrichis puisqu’on s’évertuera à compenser le «manque à gagner» en vous facturant successivement les inévitables kabiss et pistaches que vous n’avez même pas commandés, le monumental plat de légumes que vous croyiez être un plat décoratif, les innombrables bouteilles d’eau minérale qu’on vous a servies sans même que vous ne vous en rendiez compte, le tout couronné d’un service de 16% non inclus dans les prix affichés et d’une taxe de 5% qui font que vous vous retrouvez avec une facture qui s’élève au moins au double de ce que vous aviez prévu. Et surtout, avant de quitter, n’oubliez pas qu’il vous faut toujours laisser un «petit» pourboire de 10 000LL., une manière de prouver que, finalement, vous n’êtes pas si pingre que cela. Mais à quel prix! Cet accueil peu flatteur se généralise malheureusement à divers types de commerces. Que de fois êtes-vous tombés sur une vendeuse affalée dans son fauteuil, mâchant nonchalamment un chewing-gum, ramollie par l’oisiveté, qui ne prend même pas la peine de se lever pour vous accueillir et qui semble parachutée dans un univers qui lui est totalement inconnu malgré ses huit heures de permanence par jour. D’ailleurs, il ne faut pas s’étonner de la voir incapable de vous expliquer la nuance entre deux produits similaires ou le mode d’emploi de la marchandise. Vous vous retrouvez alors en train de lire vous-mêmes la notice et de l’expliquer à la vendeuse toujours perdue dans ses pensées. Et c’est alors que, face à votre poussée d’adrénaline, elle commence à vous amadouer à coup de «chéri(e)». Et là vous hésitez à quitter le magasin sans rien acheter, et puis vous vous ravisez en vous disant que vous n’avez pas passé une demi-heure avec cette délurée pour sortir bredouille et que de toute manière cette marchandise-là vous en avez absolument besoin sinon vous n’aurez jamais pris la peine d’entrer au magasin au départ. Vous revenez alors sur vos pas, vous reprenez la marchandise en question et vous allez directement à la caisse. Et à peine avez-vous sorti votre billet de 50$ que la caissière (encore moins futée que la vendeuse) vous demande sur un ton inquisiteur : «Vous n’avez pas moins que cela?». Or vous avez beau sortir tout ce que vous avez comme pièces et comme billets en livres libanaises et en dollars, et vous embrouiller dans des calculs de conversion interminables, vous n’arrivez pas à atteindre la somme requise. Vous vous retrouvez alors dans une sorte d’impasse face à une caissière peu coopérante qui commence à vous faire regretter d’être revenus sur vos pas quelques minutes auparavant. Le temps que cette situation se débloque vous réalisez qu’en fin de compte vous avez perdu plus d’une heure dans ce magasin à vous démener pour acheter un produit que vous ne désirez même plus. Cela sans parler de la plupart des boutiques qui convertissent vos dollars à un taux illusoire ou de certaines librairies qui continuent à adopter un taux de change de 5,85 FF./$ quand les cours internationaux atteignent 6,3 FF./$. À quand une Bourse de change pour les commerçants?
Si les Libanais se sont forgé au fil des siècles une réputation de peuple accueillant et chaleureux, on ne peut plus en dire autant aujourd’hui. Soit par esprit mercantile, soit faute de personnel qualifié, certains restaurants, hôtels ou commerces accumulent des agissements qui tranchent bien avec une hospitalité libanaise ancestrale désormais en perte de vitesse. Que penser de ces...