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Actualités - REPORTAGES

Irak : une autonomie ambiguë

Depuis 1920, les Kurdes d’Irak sont ceux qui disposent de la plus large autonomie. Dès 1925, la commission d’enquête sur la région de Mossoul, consécutive au Traité de Lausanne (24 juin 1923)1, préconise l’installation d’une administration kurde au nord de la Mésopotamie. Mais le 16 décembre 1925, la Société des nations adopte la ligne de Bruxelles comme frontière entre la Turquie et l’Irak. Elle confie un mandat de 25 ans sur ce pays au Royaume-Uni. Le nouvel État irakien s’annonce bien disposé à l’égard des Kurdes : en février 1926, le Premier ministre irakien déclare devoir «donner aux Kurdes leurs droits. (…) Leur propre langue doit être leur langue officielle et leurs enfants doivent l’apprendre dans les écoles». Pourtant, en-dehors de quelques concessions concernant l’utilisation du sorani – publication des revues Zim et Xebat –, c’est surtout un cycle de révoltes et de répression qui s’instaure jusqu’à la fin des années cinquante. En 1946, Mustapha Barzani profite de l’avènement de la république kurde iranienne de Mahabad pour fonder le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) irakien. Le renversement de la monarchie hachémite par le général Kassem adoucit momentanément la situation : la Constitution provisoire de 1958 fait mention de «l’association des Arabes et des Kurdes» (art. 3). Mais rapidement, les Kurdes sont à nouveau l’objet de répressions et ce jusqu’à l’avènement du régime baathiste de Hassan el-Bakr et Saddam Hussein (1968). Le parti Baath se déclare d’abord favorable à l’autonomie, puisqu’il admet dès 1968 que «le mouvement national kurde possède (…) des justifications de principe et de fait» (VIIe Congrès du parti). Le Conseil du commandement de la révolution (CCR), organe suprême du régime, reconnaît formellement, dans une déclaration commune signée le 11 mars 1970 avec le PDK, «l’existence de la nation kurde», ainsi que sa culture et sa langue, susceptible d’être utilisée «comme langue officielle avec la langue arabe, dans les régions où la population est en majorité kurde ». En 1974, la Constitution est même modifiée pour faire mention des «droits nationaux du peuple kurde ». Le 11 mars 1974, le gouvernement irakien promulgue unilatéralement la loi sur l’autonomie du Kurdistan : le kurde devient langue officielle et langue d’enseignement dans la région ; un bureau de presse et une académie kurdes sont fondés ; un Conseil législatif kurde est créé à Erbil. Mais de fait, toutes ces institutions sont contrôlées par le CCR, qui garde la mainmise sur les ressources pétrolières de la région. Certains territoires majoritairement kurdes, telle la ville de Kirkouk, sont ainsi exclus de la loi. La région autonome, amputée, n’inclut en fait que 1,5 million de Kurdes, soit à peine la moitié de la population kurde d’Irak en 1974. Malgré la réalité du développement dans les trois départements de la région autonome, les carences de la loi amènent le PDK à prendre une nouvelle fois les armes en 1974-1975. Mais l’avancée des Peshmergas de Barzani s’arrête dès la signature de l’accord d’Alger. Par la suite, la répression du régime irakien s’accentue : villages rasés aux bulldozers et habitants déplacés dans les banlieues ou les régions désertiques ; bombardement à l’arme chimique de plusieurs villages, dont Halabja, près de la frontière iranienne (1988) ; écrasement de la révolte kurde de 1991 consécutive à la guerre du Golfe… Face à ces persécutions, les Kurdes irakiens se mobilisent essentiellement autour de trois formations au cours de ces vingt dernières années. Le PDK de Mustapha Barzani, qui se retire en 1976, est repris en mains par ses fils Idris (mort en 1987) puis Massoud. L’UPK (Union patriotique du Kurdistan), au programme marxisant, est fondée en 1975 par le dissident du PDK Jalal Talabani. Enfin, le Parti socialiste du Kurdistan apparaît en 1978, créé par Mahmoud Osman, en rupture avec l’UPK.
Depuis 1920, les Kurdes d’Irak sont ceux qui disposent de la plus large autonomie. Dès 1925, la commission d’enquête sur la région de Mossoul, consécutive au Traité de Lausanne (24 juin 1923)1, préconise l’installation d’une administration kurde au nord de la Mésopotamie. Mais le 16 décembre 1925, la Société des nations adopte la ligne de Bruxelles comme frontière entre la...