Actualités - REPORTAGES
Syrie : une intégration difficile
Par BIBAS Benjamin, le 30 avril 1999 à 00h00
En Syrie, les Kurdes forment une petite minorité, géographiquement concentrée dans deux zones de peuplement majoritaire : le Kurd Dagh (région montagneuse située au nord-ouest d’Alep) et le nord de la Djézireh (nord-est syrien). Dans cette dernière région, la plupart des Kurdes sont d’anciens migrants de Turquie, qui ont fui les répressions kémalistes de années vingt. La population kurde de Syrie est essentiellement rurale, ou alors regroupée autour de petites villes comme Qamichli, Amouda, Derbasiya, Afrine… La coexistence entre Arabes et Kurdes en Syrie se déroule assez pacifiquement durant les premières années de l’indépendance (1946). Les publications, mais aussi l’enseignement en langues kurdes sont alors permis à côté de l’arabe, langue officielle de la république qui demeure seule autorisée dans les écoles. En 1957, un groupe d’intellectuels, d’ouvriers et de paysans fonde le Parti démocrate kurde de Syrie (PDKS) afin de lutter pour une reconnaissance accrue de la culture kurde. Mais le PDKS est rapidement accusé de connivences avec son homologue irakien et les Kurdes deviennent progressivement l’objet d’exactions de la part du régime syrien. Ainsi, en 1962, un recensement spécial de la population dans la province de Djézireh classe quelque 120 000 Kurdes comme «étrangers», soi-disant infiltrés depuis la Turquie afin de «détruire le caractère arabe» de la Syrie. Ils sont déchus de leur nationalité syrienne et deviennent apatrides. La même année, un plan d’expulsion et de dispersion (plan «Ceinture arabe») est élaboré par le gouvernement, afin de «sauver l’arabisme» de la Djézireh, mais aussi de prendre le contrôle de ses champs de pétrole récemment découverts. En 1963, l’arrivée au pouvoir du Parti Baas de Michel Aflaq n’améliore pas la condition des Kurdes. Dans les premiers mois du nouveau régime, le parti publie une «étude sur la province de Djézireh, du point de vue national, social et politique», où les Kurdes sont qualifiés de «peuple qui n’a ni histoire, ni civilisation, ni langue» et «qui vit de la civilisation et de l’héritage d’autres nations ». Au cours des années soixante et soixante-dix, des mesures sont prises en conséquence : nouvelles dispersions, privation d’éducation, extraditions vers la Turquie, colonisation arabe des régions kurdes… Les terres de la Djézireh septentrionale sont étatisées, afin d’y implanter des fermes modèles dirigées par des familles arabes. Mais devant le refus quasi systématique des paysans kurdes de quitter les lieux, le président Hafez el-Assad décide d’arrêter la colonisation en 1976. Depuis lors, la situation semble stationnaire, quoique aggravée par les évolutions démographiques : aujourd’hui, ce sont environ 250 000 Kurdes apatrides résidents qui réclament leur réintégration au sein de la nation syrienne.
En Syrie, les Kurdes forment une petite minorité, géographiquement concentrée dans deux zones de peuplement majoritaire : le Kurd Dagh (région montagneuse située au nord-ouest d’Alep) et le nord de la Djézireh (nord-est syrien). Dans cette dernière région, la plupart des Kurdes sont d’anciens migrants de Turquie, qui ont fui les répressions kémalistes de années vingt. La population...
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