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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Monténégro défie l'armée yougoslave

L’étau yougoslave s’est resserré mercredi sur le gouvernement monténégrin, soupçonné par Belgrade de penchants occidentaux, mais Podgorica ne se laisse pas impressionné, menaçant notamment de démanteler le barrage militaire établi pour contrôler sa frontière avec la Croatie. La tension entre l’armée qui prend ses ordres à Belgrade et les autorités civiles du Monténégro n’ont cessé d’augmenter, ces dernières accusant les militaires d’exactions dans la région frontalière du Kosovo – au moins six personnes auraient été tuées – et d’avoir violé la zone démilitarisée frontalière de la Croatie. De leur côté, les partisans du président yougoslave Slobodan Milosevic, emmenés par le Premier ministre yougoslave Momir Bulatovic, chef de l’opposition monténégrine, prévoient une manifestation jeudi à Podgorica pour «célébrer» à leur manière le 50e anniversaire de l’Otan. Dans une interview au Financial Times, le président monténégrin Milo Djukanovic avertit que le rassemblement sera étroitement surveillé par la police du Monténégro, la plus petite des deux républiques formant ce qui reste de la Fédération yougoslave. Il réaffirme ainsi l’indépendance de cette force qu’il refuse de subordonner à l’armée yougoslave, comme celle-ci l’a ordonné. Podgorica a refusé de reconnaître l’état de guerre déclaré par Belgrade contre l’Otan et «petit à petit, ils (l’armée yougoslave) tentent de constituer une autorité parallèle (...) ce faisant, ils accroissent la possibilité d’un conflit civil. Je peux dire que nous sommes proches de la ligne», a déclaré le vice-Premier ministre monténégrin Dragisa Burzan. La tension s’est notamment cristallisée dans la péninsule de Prevlaka, une zone disputée entre la Croatie et la Yougoslavie, placée sous contrôle de l’Onu, où une incursion de militaires yougoslaves a été signalée mardi. Depuis, la frontière entre le Monténégro et la Croatie est fermée aux étrangers, l’armée ayant instauré des barrages routiers pour refuser toute personne sans visa pour la Serbie. Passant outre l’avis de Belgrade, Podgorica et Zagreb avaient ouvert cette année leur frontière, notamment aux Occidentaux qui pouvaient entrer au Monténégro sans visa. «Le barrage ne durera pas, car nous allons l’enlever», a menacé Dragisa Burzan. «Nous avertirons d’abord l’armée gentiment, mais s’ils ne partent pas après cela, l’heure ne sera plus à la discussion», a-t-il dit. Côté croate, on à cherché a minimiser mercredi l’importance de cette incursion, probablement pour ne pas entrer dans le jeu de Milosevic qui, estiment les analystes, cherche à étendre le conflit dans les Balkans. Cette incursion «est strictement une affaire yougoslave», a dit un diplomate croate de haut rang qui a requis l’anonymat. «Ils étaient très désireux de couper le Monténégro de l’extérieur, et c’est désormais fait. Le Monténégro est maintenant vraiment étranglé». Ces propos ont été tenus avant l’annonce par Zagreb de l’arrestation d’un journaliste croate par l’armée yougoslave au Monténégro. Antun Masle, reporter de l’hebdomadaire Globus, venait d’Albanie et se dirigeait vers le poste-frontière de Rozaje. Les autorités monténégrines ont accusé l’armée yougoslave d’avoir commis des atrocités ces derniers jours dans les villages voisins de Rozaje. Les habitants de la région pensent qu’il s’agit d’un nouveau front contre l’UCK, l’Armée de libération du Kosovo.
L’étau yougoslave s’est resserré mercredi sur le gouvernement monténégrin, soupçonné par Belgrade de penchants occidentaux, mais Podgorica ne se laisse pas impressionné, menaçant notamment de démanteler le barrage militaire établi pour contrôler sa frontière avec la Croatie. La tension entre l’armée qui prend ses ordres à Belgrade et les autorités civiles du Monténégro...