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Actualités - OPINION

Livres Propos "Sur la source d'Adonis"

Chef des départements des Beaux-Arts au ministère de la Culture, critique d’art et professeur à l’Alba, romancier lui-même, Joseph Abou-Rizk livre une réflexion sur le roman d’Antoine Maalouf : «Sur la source d’Adonis». Du vivant de Balzac, on disait qu’un homme bien pensant devait écrire un roman en français. Antoine Maalouf, écrivain et dramaturge de langue arabe, publie en français un premier roman Sur la source d’Adonis chez l’Harmattan. Le président Charles Hélou, qui avait eu l’occasion de lire le manuscrit, a émis l’opinion suivante : «Dans ce roman, il n’y a pas seulement l’élégance de la phrase, ce qui serait insuffisant, mais aussi celle du style et même l’élégance de la pensée. Il est rare chez nous, aujourd’hui, d’écrire un langage aussi sûr, aussi pur». L’opinion de l’ancien président de la République et de la francophonie est renforcée par celle de Maguy Albet, directrice de collection chez l’Harmattan, qui note : «La langue agréable, les métaphores sont dosées… Tout baigne dans un climat poétique». S’il est vrai, comme dit justement Aristote, que «la poésie est plus vraie que l’Histoire» et qu’elle est, comme le disent les esthètes modernes, une vaste métaphore, le roman d’Antoine Maalouf, d’ores et déjà adopté par les lycées au Canada (Montréal), est une œuvre poétique qui frappe à la porte de l’épopée. Je dirais même que c’est notre épopée. Car c’est une œuvre qui procède d’une vision englobant le destin du Liban, «ce petit pays escarpé, suspendu entre la mer et le désert, et qui n’a jamais connu la paix». Ce petit pays cherche, à travers le roman, ses racines sur la source d’Adonis qui jaillit en torrent du «blanc ouest de Monaïtra, en plein cœur du Liban», ( là où se trouve, selon Ernest Renan, «l’un des sites les plus beaux du monde».) Dans un cadre historique semblable à celui que nous avons connu durant les années 1975-1990. Phylémon Phylax, maître des lieux, «goûtait au plaisir de remonter aux sources et de suivre, à travers les chemins tortueux, la marche d’un destin. Témoin des descentes hardies et surprenantes d’Adonis, à travers des gorges qui le dispersent puis le ramassent pour enfin le livrer à la mer, ils aimaient que les choses quittent leurs ombres pour éclater de leur nudité, fut-elle insoutenable, mais ne tardait pas à les y ramener. Il osait forcer le labyrinthe et s’y enfoncer jusqu’au recoin le plus secret où se cachait le monstre, pour le dévisager sans sourciller, recevoir le souffle empesté en plein visage, puis dans un mélange de défi, de fierté et d’amertume, s’arracher à la tentation du néant tranquille pour rentrer dans le tumulte bizarre de la vie menacée, mais ouverte à l’infini», écrit Maalouf. Qui parmi nous, au Liban, au cours de cette guerre maudite, n’a-t-il pas cherché à forcer ce labyrinthe ? Et cette tentation du néant tranquille n’est- elle pas universelle ? Et la vie, au Liban et ailleurs, n’est-elle pas, quoique menacée, ouverte à l’infini ? Cependant, «Sur la source d’Adonis» chante, dans la douleur et le mystère, un amour palpitant entre Técla la Phylax et Gatlon le Mamlouk, serait-ce la justification ? Je serais tenté de m’en référer à Nietzsche qui, affrontant la question du mal, dit que la guerre de Troie trouve sa seule justification dans les poèmes d’Homère.
Chef des départements des Beaux-Arts au ministère de la Culture, critique d’art et professeur à l’Alba, romancier lui-même, Joseph Abou-Rizk livre une réflexion sur le roman d’Antoine Maalouf : «Sur la source d’Adonis». Du vivant de Balzac, on disait qu’un homme bien pensant devait écrire un roman en français. Antoine Maalouf, écrivain et dramaturge de langue arabe, publie en...