Actualités - CHRONOLOGIE
Le triomphe de l'homme de Chypre et tombeur d'Ocalan
le 20 avril 1999 à 00h00
Le Premier ministre Bulent Ecevit restera dans l’histoire de la Turquie comme l’homme qui a ordonné l’intervention militaire à Chypre et annoncé la capture de l’ennemi public numéro un Abdullah Öcalan, chef de la rébellion kurde. Le 16 février 1999, la voix tremblante d’émotion mal contenue, M. Ecevit annonçait à la nation, dans une brève déclaration télévisée, la capture du chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en rébellion armée depuis 15 ans pour la création d’un État kurde indépendant dans le sud-est anatolien. Considéré comme un terroriste, stigmatisé comme un «tueur de bébés» par la presse, Öcalan est montré à satiété au grand public, par les télévisions, menotté devant un grand drapeau turc. Une image qui marque profondément les esprits. La gloire en rejaillit sur M. Ecevit, dont le score bondit aux législatives de 14,6 % à plus de 21 % des voix, selon des résultats partiels. Il a le triomphe modeste, refusant d’exploiter ce thème pendant sa campagne électorale. Mais est-ce vraiment nécessaire ? Bulent Ecevit a déjà séduit son pays en ordonnant en 1974 l’intervention de l’armée turque à Chypre, en riposte à un coup d’État de nationalistes chypriotes-grecs qui visait à rattacher l’île à la Grèce. Cette fermeté nationaliste fait déjà à l’époque bondir sa popularité. M. Ecevit est par ailleurs un fin lettré, un érudit qui a étudié le sanskrit et traduit en turc T.S. Eliott ou Rabindranath Tagore, sans prendre la peine de décrocher un diplôme universitaire. Cela lui interdit d’ambitionner la fonction de président de la République. Toujours d’une extrême courtoisie, Bulent Ecevit, né dans une famille bourgeoise d’Istanbul, parle un turc limpide dont la syntaxe fait l’admiration de ses concitoyens. Il s’exprime aussi dans un anglais courant. Il met un point d’honneur à garder une certaine simplicité seyant à un homme de gauche. Il prend même une allure populiste lorsqu’il arpente le pays avec une casquette bleu foncé à visière, rappelant celle de l’ancien chancelier social-démocrate allemand Helmut Schmidt. Mais il a largement abandonné au fil des ans ses thèmes gauchistes, alors qu’il s’apprête à devenir pour la quatrième fois Premier ministre. Grosse moustache, fines lunettes et cheveux noirs même à l’âge avancé de 74 ans, Ecevit s’exprime généralement d’une voix douce. Autre qualité extrêmement prisée de ses concitoyens : son honnêteté incontestée, plutôt rare dans une classe politique turque sur laquelle pleuvent les accusations de corruption. M. Ecevit dirige avec sa femme, Rahsan, le Parti de la gauche démocratique (DSP), qu’elle a fondé en 1985 alors qu’il était frappé d’interdiction de politique après le putsch militaire de 1980. Mme Ecevit est ainsi la seule femme à exercer un rôle dirigeant dans un parti politique turc, à l’exception de Tansu Ciller du parti de la Juste Voie (DYP, droite).
Le Premier ministre Bulent Ecevit restera dans l’histoire de la Turquie comme l’homme qui a ordonné l’intervention militaire à Chypre et annoncé la capture de l’ennemi public numéro un Abdullah Öcalan, chef de la rébellion kurde. Le 16 février 1999, la voix tremblante d’émotion mal contenue, M. Ecevit annonçait à la nation, dans une brève déclaration télévisée, la capture...
Les plus commentés
Aoun et Salam refusent de céder aux conditions de Berry
À Beyrouth, Morgan Ortagus inaugure l’ère américaine
La remise par Netanyahu d'un bipeur en or à Trump confirmée