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Actualités - CHRONOLOGIE

Presse étrangère : Belgrade serre la vis

Les autorités de Belgrade s’opposent à une présence massive de journalistes étrangers en Yougoslavie et leur imposent des restrictions en vertu de l’état de guerre, dans le but avoué de parer aux «manipulations médiatiques» attribuées à l’Occident. Les pays de l’Otan «reconnaissent qu’ils sont en train de perdre toutes les batailles, y compris sur le plan médiatique, car ils ne reçoivent pas les comptes-rendus souhaités qui leur permettraient de justifier leurs tueries», a déclaré Radmila Visic, vice-ministre serbe de l’Information, citée par le quotidien Danas. Selon des données officielles, 470 étrangers étaient enregistrés la semaine dernière auprès du Centre de presse de l’armée yougoslave, autorité de tutelle de la presse depuis les premières frappes de l’Otan le 24 mars. Ce nombre est supérieur d’un tiers à celui des journalistes accrédités jusqu’alors auprès du ministère de l’Information. Mais il englobe toutes les catégories, presse écrite, audiovisuelle et techniciens, comme ceux qui n’ont effectué que de brefs séjours en Serbie. Selon l’armée, une soixantaine de journalistes ont été expulsés au lendemain des premières frappes. Parmi eux figurent «37 reporters venant des pays les plus agressifs (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne)», a indiqué la même source, précisant que certains ont pu revenir ou ont été «remplacés par d’autres représentants des mêmes médias». Les autorités militaires avaient annoncé que les journalistes étrangers souhaitant travailler au Monténégro devaient se faire enregistrer au préalable auprès de l’armée à Belgrade. Environ 350 journalistes étrangers se trouvent au Monténégro, selon les autorités locales. La plupart y sont venus directement de Croatie ou d’Italie. Mais l’armée ne reconnaît plus les cartes de presse ni les autorisations de séjour qui leur ont été accordées à leur entrée dans cette république. Pour entrer en Serbie, en revanche, il faut un visa délivré par une ambassade yougoslave à l’étranger. Ces visas sont accordés au compte-gouttes et la procédure dure parfois des semaines. Il n’est pas rare que des journalistes munis de visa et de permis de séjour se voient refuser l’entrée du territoire. Le pouvoir monténégrin, qui ne reconnaît pas l’état de guerre décrété par Belgrade, a opposé à l’armée une fin de non recevoir : les journalistes présents au Monténégro sont en règle, a-t-il affirmé. Ceux-ci risquent toutefois d’être inquiétés en cas de contrôle d’identité par des patrouilles de l’armée. Outre la difficulté de se rendre à Belgrade en raison de la pénurie d’essence et de la destruction par l’Otan en Bosnie d’un tronçon de voie ferrée reliant le Monténégro à la Serbie, les journalistes qui viendraient solliciter une autorisation militaire risqueraient d’être déboutés, voire expulsés pour «entrée illégale» en Yougoslavie. Si les journalistes de la presse écrite ou radiophonique ne sont soumis à aucune censure, les équipes de télévision doivent demander à l’armée une autorisation de filmer puis faire visionner leurs cassettes. Les journalistes ont pour consigne de ne pas se déplacer hors de Belgrade sans autorisation militaire. Les possibilités de déplacement sont au demeurant limitées par de fréquents contrôles routiers. Peu de journalistes sont restés à Pristina (chef-lieu du Kosovo). Ils logent à l’hôtel Grand, où est installé un Centre d’information serbe, qui organise parfois des déplacements sur le terrain. Formellement, aucune restriction de mouvement n’est imposée à la presse, mais plusieurs journalistes ont vu leur véhicule réquisitionné par la police. Les sources d’information en Serbie se limitent essentiellement aux médias officiels, l’agence Tanjug et la radio-télévision RTS dont les bulletins d’information, dénonçant à l’envi «l’agression criminelle de l’Otan», sont repris en bloc par la plupart des chaînes privées.
Les autorités de Belgrade s’opposent à une présence massive de journalistes étrangers en Yougoslavie et leur imposent des restrictions en vertu de l’état de guerre, dans le but avoué de parer aux «manipulations médiatiques» attribuées à l’Occident. Les pays de l’Otan «reconnaissent qu’ils sont en train de perdre toutes les batailles, y compris sur le plan médiatique, car...