Actualités - CHRONOLOGIE
Afrique - Massacre de Tutsis Le Rwanda veut régler ses comptes
le 19 avril 1999 à 00h00
Cinq ans après le génocide de 1994 et dix jours après la célébration de cet anniversaire, le Rwanda a entamé une série de règlements de comptes avec les individus ou les institutions impliqués dans les massacres de Tutsis. Après le principal parti hutu, le Mouvement démocratique et républicain (MDR), dont plusieurs personnalités ont été mises en cause récemment, la justice rwandaise s’en est prise à l’Église catholique en arrêtant l’un des évêques du pays. Monseigneur Augustin Misago, évêque de Gikongoro (sud-ouest), a été arrêté pour «participation au génocide» et transféré à la prison centrale de Kigali. «Le procès aura lieu bientôt», a indiqué le ministre rwandais de la Justice Jean de Dieu Mucyo. «Depuis la commémoration du génocide le 7 avril, des personnes ont porté de nouvelles plaintes qui ont permis de compléter le dossier de Mgr Misago», a-t-il précisé. C’est à partir de cette commémoration que le cas de Mgr Misago et à travers lui celui de l’Église catholique, en sommeil depuis 1994, s’est accéléré. Directement accusé par des rescapés de son diocèse de n’avoir rien fait pendant les massacres d’avril à juillet 1994, Mgr Misago avait été mis en cause directement par le président de la République Pasteur Bizimungu. Le Rwanda a «attendu cinq ans que l’Église catholique se prononce sur son cas et que l’intéressé lui-même se prononce pour démentir ces informations», avait déclaré le président. «Des religieux sont accusés partout dans le pays et il est temps que l’Église catholique réponde à ces accusations», avait récemment estimé le ministre rwandais à la Présidence Patrick Mazimhaka. Le Rwanda a également entamé un règlement de comptes avec le MDR, présidé par l’actuel Premier ministre Pierre-Célestin Rwigema qui a entrepris un renouveau de ses structures et symboliquement changé ses emblèmes trop liés à la tendance hutu extrémiste du parti. Au cours d’une interview à l’occasion de la commémoration du génocide, le vice-président rwandais le général-major Paul Kagamé avait déclaré que le MDR était toujours «hanté» par le génocide au cours duquel entre 500 000 et 800 000 Tutsis et Hutus modérés ont été massacrés par des extrémistes hutus. «Les Rwandais continuent à voir l’existence de ce passé dans le MDR», avait-il ajouté. M. Bizimungu a demandé aux Hutus dans leur ensemble, «même si tous n’ont pas participé au génocide, de demander pardon». Le MDR s’est exécuté le 10 avril, demandant «pardon à tous les Rwandais pour les enseignements divisionnistes diffusés par certains de ses dirigeants qui les ont entraînés dans le génocide et les massacres de 1994». Le Premier ministre, président du MDR, est lui-même accusé de génocide, selon des sources judiciaires rwandaises, mais n’a pas été inculpé pour le moment. Plusieurs personnalités politiques ont également été arrêtées récemment, accusées de participation au génocide ou de collaboration aux massacres de Tutsis dans les années 60 et 70, période qui n’est pas comprise dans la loi organique sur le génocide. Les autorités rwandaises affirment vouloir ainsi «frapper le mal du génocide et de la haine ethnique à ses origines et lutter contre l’impunité». L’une des personnalités arrêtées est Bonaventure Ubalijoro, ancien président du MDR avant d’être remplacé par M. Rwigema et ancien directeur de la police secrète du premier président rwandais, le Hutu Grégoire Kayibanda. Son fils, Achile Ubalijoro, a publié un démenti dans l’hebdomadaire en kinyarwanda Ukuri, se demandant «si ces accusations étaient vraies, pourquoi le gouvernement ne l’a pas arrêté avant ?»
Cinq ans après le génocide de 1994 et dix jours après la célébration de cet anniversaire, le Rwanda a entamé une série de règlements de comptes avec les individus ou les institutions impliqués dans les massacres de Tutsis. Après le principal parti hutu, le Mouvement démocratique et républicain (MDR), dont plusieurs personnalités ont été mises en cause récemment, la justice...
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