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Actualités - OPINION

Un juge comparable

Il faut remonter à la fin de l’époque du mandat pour retrouver l’éclat inaccoutumé d’un jeune juge libanais, siégeant parmi des vétérans de la magistrature française aux derniers jours des tribunaux mixtes et s’imposant à tous ses confrères étrangers et libanais. Une profonde culture juridique libanaise civile et religieuse, jointe à une grande autorité dans la connaissance de la science judiciaire française ont assuré à Jawad Osseyrane dès sa première apparition au Palais un prestige rarement atteint. Les juges français des juridictions mixtes, auprès desquels on l’a vu siéger avec une grande assurance, il y a plus de cinquante ans, observaient ce jeune confrère avec une bienveillance et une confiance dues à une appréciation de ses grandes qualités. Appelé plus tard, en raison de son savoir et d’une inaltérable probité, à participer à la présidence de tribunaux divers, où se révélait quelque déficience à Beyrouth et en province, il était sollicité pour pallier les insuffisances. À l’heure de l’aboration des lois, son avis était recherché pour établir les textes des projets, qu’il lui appartenait le plus souvent de soutenir dans les commissions dont il faisait partie. Les études les plus délicates lui sont confiées dans des ouvrages préparés par les soins de l’Université Saint-Joseph. On lui doit des interventions remarquables, destinées à relever le niveau des tribunaux religieux. À une aménité sans pareille, il alliait une inflexibilité à toute épreuve, sitôt que l’étude minutieuse d’un dossier imposait à sa conscience la solution définitive. À la vice-présidence du Conseil d’État, durant de nombreuses années, il rassurait les plaideurs par son intransigeance et son impartialité. Ce fut au Liban le juge le plus accessible aux dialogues scientifiques et le plus intraitable face à l’incursion politique. Grâce à lui, durant les périodes troubles, le Conseil d’État put conserver la confiance du citoyen. Quant il fut désigné par un vote de la Chambre à participer au Conseil constitutionnel nouvellement établi, il se révéla, malgré une santé précaire, le plus assidu aux réunions et le plus rigoureux dans l’examen d’une cause et d’un dossier. Nous avons eu ainsi, durant trois années consécutives, le privilège de l’avoir dans nos rangs et de bénéficier de sa précieuse et sereine collaboration. S’il fallait un jour désigner dans une grande toile ou dans une belle sculpture, le juge modèle au Liban au cours des dernières années, nul ne peut douter que le choix du peintre ou du sculpteur se portera spontanément sur le grand Libanais qui vient de disparaître. * Doyen des anciens bâtonniers. Ancien président du Conseil constitutionnel.
Il faut remonter à la fin de l’époque du mandat pour retrouver l’éclat inaccoutumé d’un jeune juge libanais, siégeant parmi des vétérans de la magistrature française aux derniers jours des tribunaux mixtes et s’imposant à tous ses confrères étrangers et libanais. Une profonde culture juridique libanaise civile et religieuse, jointe à une grande autorité dans la connaissance de la science judiciaire française ont assuré à Jawad Osseyrane dès sa première apparition au Palais un prestige rarement atteint. Les juges français des juridictions mixtes, auprès desquels on l’a vu siéger avec une grande assurance, il y a plus de cinquante ans, observaient ce jeune confrère avec une bienveillance et une confiance dues à une appréciation de ses grandes qualités. Appelé plus tard, en raison de son savoir et d’une...