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Actualités - REPORTAGES

Délinquance - Quand le Mouvement social pallie la carence de l'Etat I - Le tiers des adolescents du Liban n'a pas accès à l'instruction

Si le Mouvement social mène de front toute une série d’actions à travers le pays, son souci principal reste la prévention de la délinquance sous toutes ses formes, rurale ou urbaine, adulte ou mineure. Car un des problèmes majeurs de la jeunesse d’aujourd’hui est le décrochage scolaire et ce qui s’ensuit comme problèmes d’inaptitude professionnelle et de délinquance. En effet, selon la Direction centrale de la statistique, 5,6 % des enfants de 11 à 14 ans abandonnent l’école, alors que 36,6 % des 15 à 19 ans décrochent. Plus du tiers des adolescents perdent ainsi leurs chances d’avoir accès à l’instruction et à la culture. Si la pauvreté joue un rôle très important dans le détournement des jeunes de l’enseignement, le système scolaire, par sa rigidité, ne parvient pas à donner aux plus faibles un niveau acceptable, et en fait souvent des «déchets scolaires». Refusant de redoubler plusieurs fois, ceux-ci quittent un système qui les rejette. Onze centres Onze centres du Mouvement social sont disséminés dans les régions les plus défavorisées du pays, du nord au sud. Dans certains centres, comme celui de Nabaa, le contact se fait, au niveau des plus jeunes, dans la rue, dans les terrains vagues et les ères de jeux. Des animateurs et assistants sociaux se mêlent aux jeux des petits de la région et se mettent ainsi en contact avec leurs familles. Ils invitent les enfants en difficulté scolaire à fréquenter le centre où un suivi scolaire leur est assuré, par groupes. Le but recherché est de les éveiller à la nécessité de l’instruction et de les mener à la classe de troisième à partir de laquelle ils pourront suivre une formation professionnelle. Mais s’ils s’essoufflent en cours de chemin, une formation professionnelle accélérée leur est proposée selon le programme pour les jeunes en difficulté créé en collaboration avec l’Office national pour l’emploi, formation reconnue par l’État. Ces jeunes opèrent leur choix parmi 14 métiers proposés en fonction des besoins du marché et avec l’aide des animateurs et assistants sociaux du Mouvement social. Des métiers comme la plomberie, la mécanique, la couture, la coiffure, l’électricité … Ces formations ne sont pas offertes gratuitement aux jeunes, mais sont assurées moyennant un forfait dérisoire réclamé aux familles des adolescents, pour les sensibiliser à l’importance de l’enjeu. «Tout en apprenant un métier, ces jeunes reprennent confiance en eux-mêmes et ne se regardent plus comme des déchets de la société. Ils deviennent acteurs de leur propre vie», souligne Mayla Bakhache, directrice du Mouvement social. «La réhabilitation socio-professionnelle des jeunes en difficulté est mise en place depuis déjà quatre ans, ajoute-t-elle. Et en 1998, 780 jeunes, garçons et filles, ont pu bénéficier d’une formation professionnelle organisée par le Mouvement social». Cette formation consiste en différents volets : des cours d’alphabétisation, une formation professionnelle et humaine, une sensibilisation à la protection de l’environnement, ainsi que le mode de gestion d’une petite entreprise. C’est un tout indissociable qui développe la personnalité de l’adolescent, tout en lui assurant un métier. Problèmes et tabous Ce programme de réhabilitation des jeunes ne se fait cependant pas sans problèmes. Une série de tabous et d’interdits freine le travail des animateurs. En effet, beaucoup de parents n’encouragent pas leurs filles à s’instruire ou à acquérir une formation professionnelle. Elles traînent donc à la maison, effectuant les travaux ménagers et servant de bonnes à tout faire à leur famille. Les animateurs doivent donc convaincre les parents de l’importance de la formation de la jeune fille et du développement de sa personnalité lors du travail de recrutement. Tâche délicate, qui n’aboutit pas systématiquement en milieu rural, mais qui s’avère de plus en plus efficace. Un autre problème de taille, auquel ont été confrontés les organisateurs des sessions de formation, est celui du travail des mineurs. Beaucoup de garçons, âgés de 13 à 18 ans, travaillent généralement dans des garages. Certains d’entre eux ont été invités à suivre des cours de formation à la mécanique dans le centre de Ghobeiry. Mais les animateurs se sont heurtés au manque de coopération des employeurs. «Ces derniers, réticents, ne permettaient pas à l’enfant de suivre les cours de façon régulière, prétextant un travail urgent à terminer, et exploitant l’enfant à fond, pour un salaire souvent inférieur à 100 000 LL par mois, déplore Sabah Badreddine, responsable du centre de Ghobeiry. Mais nous allons continuer notre action, ajoute-t-elle, jusqu’à ce que les employeurs réalisent la nécessité d’assurer une formation professionnelle à ces enfants». Une action digne d’estime, certes, mais qui ne suffit pas à régler le problème à elle seule, lorsque l’État ferme les yeux sur le travail et l’exploitation des enfants dans le pays.
Si le Mouvement social mène de front toute une série d’actions à travers le pays, son souci principal reste la prévention de la délinquance sous toutes ses formes, rurale ou urbaine, adulte ou mineure. Car un des problèmes majeurs de la jeunesse d’aujourd’hui est le décrochage scolaire et ce qui s’ensuit comme problèmes d’inaptitude professionnelle et de délinquance. En effet,...