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Actualités - INTERVIEWS

Toufic Hindi : notre participation aux municipales a prouvé que le courant FL continue d'exister

L’échéance des municipales a fourni l’occasion au courant des «Forces libanaises» d’émerger à nouveau sur la scène locale et d’opérer un «come back» remarqué dans la vie publique. A la lumière des résultats de la première phase de ces élections au Mont-Liban, et compte tenu des tractations fébriles entreprises au plus haut niveau dans le cadre des préparatifs du scrutin de Beyrouth (tractations auxquelles les FL ont été étroitement associées), quel bilan est-il possible de dresser, d’ores et déjà, de cette participation des FL aux municipales? Quelles sont la portée et la signification d’une telle participation, et quelles pourraient en être les retombées? L’un des anciens hauts responsables des FL, M. Toufic Hindi (qui fut conseiller politique de M. Samir Geagea), a évoqué succinctement ces diverses questions, plaçant l’implication des FL dans ces élections dans son véritable contexte. M. Hindi se montre particulièrement lucide sur ce plan, soulignant sans détours que «le courant des Forces libanaises est aujourd’hui toléré par le pouvoir, en dépit du fait que le parti a été officiellement dissous». «Cette tolérance est toutefois liée à la conjoncture du moment, précise-t-il d’emblée. Au stade actuel, elle est évidente, mais rien n’empêche qu’avec un changement de conjoncture, cette tolérance soit à nouveau réduite à sa plus simple expression et que la répression ne recommence». C’est sans doute en raison de cette situation aléatoire que «le courant des FL n’a aucune structure précise». «Le courant n’a aucun centre de décision, souligne M. Hindi, mais il n’en demeure pas moins que les FL parviennent à agir politiquement d’une manière assez cohérente. Cela est dû au caractère militant des FL et au fait que durant les vingt années de guerre, presque tout chrétien libanais a été FL à certains moments, et d’une façon ou d’une autre, cela explique que le courant FL continue d’exister». La situation particulière que traversent ainsi les FL dans les circonstantes présentes signifie-elle que la participation aux élections municipales n’a pas été le fruit d’une décision politique centrale, et qu’elle serait plutôt la manifestation d’une action locale propre aux régions concernées par le scrutin? «Effectivement, souligne M. Hindi, la décision de se lancer dans l’arène provient d’une sorte de consensus qui est la résultante d’un mécanisme complexe de concertations à différents niveaux. Ceci dit, nous ne faisons pas de cette participation une bataille cruciale. Les partisans FL, tout comme les autres citoyens, sentent la nécessité de participer à la gestion des affaires locales et de donner un nouveau souffle aux conseils municipaux. Pour eux, c’est une façon aussi de prouver que le courant FL continue d’exister. Cette échéance des municipales ainsi que le scrutin législatif de 1996 et les différentes élections syndicales qui ont eu lieu dans le pays ont d’ailleurs montré clairement que le courant FL continue bel et bien d’exister et qu’il est incontournable». Pour M. Hindi, «il est évident que ce n’est nullement par le biais d’une participation au scrutin municipal qu’il serait possible de rétablir l’équilibre politique dans le pays. Cela reviendrait à traiter un cancer en ayant recours à de l’aspirine. Le pays a besoin d’un véritable équilibre national, tant sur le plan politique qu’au niveau des centres de décision». Le bilan du scrutin au Mont-Liban Compte tenu des diverses contraintes dues à la conjoncture présente dans le pays et à la situation difficile que traversent les FL, quel a été pour ce courant le bilan du scrutin au Mont-Liban? M. Hindi apporte à ce propos certaines indications qui illustrent que c’est essentiellement au Kesrouan et au Chouf que les FL ont affirmé leur présence et ont remporté le plus grand nombre de succès. Au Chouf, les FL avaient des candidats pour les conseils municipaux dans onze localités: Dahr el-Maghara (5 FL élus, dont le président du conseil municipal); Naamé (5 FL, dont le président); El-Biré (5 FL élus, dont le président); Majdel Meouch (3 élus, dont le vice-président); Mazraat Dahr (5 élus, dont le président); Metoullé (2 élus); Deir Dourit (7 élus, dont le président); Rmeilé (3 élus); Joun (2 élus); Kfar Katra (2 élus); Barouk-Freidess (1 élu). Dans ces différentes localités, les candidats FL étaient sur les listes formées avec d’autres fractions politiques et pôles d’influence des villages concernés. Au Kesrouan, M. Hindi précise que les candidats FL pour les conseils municipaux étaient présents dans onze localités: Ballouné (3 élus, dont, probablement, le président du conseil municipal); Seheylé (2 élus); Achkout (5 élus); Daraya (3 élus); Hayata (4 élus); Feytroun (2 FL élus); Ramchine (6 élus); Daroune (3 élus); El-Ghiné (élus); Jounieh (2 élus); El-Bouar (3 élus, dont le vice-président). Au Metn-Nord, trois candidats FL ont été élus à Khonchara, à Baskinta et à Jdeidé. A Jbeil, un candidat FL a été élu sur la liste gagnante, et cinq autres dans la localité de Mayfouk, selon M. Hindi. A Aley, les FL ont réussi à faire élire deux de leurs candidats, l’un à Aïtate et le second à Chemlane. Dans le caza de Baabda, un seul candidat FL a été élu à Chyah sur la liste gagnante. La bataille de Beyoruth L’aspect politique de la participation des FL aux municipales a été essentiellement mis en évidence à la faveur des tractations intensives entreprises au sujet de la bataille de Beyrouth. M. Hindi et d’autres anciens responsables FL ont été étroitement associés à ces tractations. Ils ont notamment pris part aux réunions tenues avec le chef du gouvernement Rafic Hariri. Les FL pourraient ainsi être représentées par un candidat sur la liste de coalition qui regrouperait, notamment, des représentants de M. Hariri, de M. Tammam Salam, des Kataëb, du Tachnag et d’autres pôles d’influence chrétiens (plus particulièrement grecs-orthodoxes) de Beyrouth-Est. La présence des FL sur une telle liste signifie-t-elle un changement d’attitude à l’égard du pouvoir? Reflète-t-elle, parallèlement, un assouplissement officiel vis-à-vis des FL? M. Hindi apporte une réponse nuancée à ces questions. «Il n’y a aucun mal à dialoguer avec une quelconque partie, souligne-t-il. Le fait de dialoguer ne signifie nullement que nous sommes devenus alliés. Notre participation aux tractations en rapport avec le scrutin de Beyrouth était motivée par des considérations essentiellement nationales, à savoir le problème de la loi électorale et de la circonscription unique à Beyrouth, et les failles au niveau de la représentation des communautés et des différents secteurs de la capitale». Dans le but de contourner ces lacunes, précise M. Hindi, les démarches avec M. Hariri ont été axées sur la nécessité de mettre sur pied une liste consensuelle prévoyant une représentation égalitaire entre chrétiens et musulmans. «Il a été convenu que les chrétiens choisiraient, sans contraintes, leurs 12 représentants, et les musulmans les leurs, souligne M. Hindi. Mais un accord sur une liste consensuelle ne signifierait nullement, ni de notre part ni de celle du chef du gouvernement, un accord global entre nous sur les différentes questions nationales et politiques qui se posent au pays. Chacune des deux parties maintient ainsi ses positions politiques de base. Dans ce contexte, il devrait être clair qu’une liste consensuelle ne saurait être qualifiée de «liste de M. Hariri», comme certaines parties tentent de l’insinuer». En tout état de cause, M. Hindi souligne que quel que soit le résultat du scrutin, il faudra s’atteler, après l’échéance électorale, à l’amendement de la loi électorale, de manière à découper la capitale en plusieurs circonscriptions afin de garantir une représentation équitable des communautés et des divers secteurs de Beyrouth. En dépit du contexte présent et des nombreuses lacunes qui entachent le processus électoral, M. Hindi estime qu’il était vital pour les FL et pour les autres parties chrétiennes d’œuvrer en vue d’une liste consensuelle dans la capitale. «Il était nécessaire de tout mettre en œuvre afin d’éviter une cassure nationale dans la capitale», précise M. Hindi. D’une certaine façon, souligne le responsable FL, il fallait prouver au monde extérieur que les Libanais sont capables de se gouverner et de gérer, seuls, leurs propres affaires internes...
L’échéance des municipales a fourni l’occasion au courant des «Forces libanaises» d’émerger à nouveau sur la scène locale et d’opérer un «come back» remarqué dans la vie publique. A la lumière des résultats de la première phase de ces élections au Mont-Liban, et compte tenu des tractations fébriles entreprises au plus haut niveau dans le cadre des préparatifs du scrutin...