Actualités - CHRONOLOGIE
Appel ou l'imagination au pouvoir
le 19 mai 1998 à 00h00
Dix mois après son retour aux commandes d’Apple, l’entreprise qu’il a co-fondée en 1978, Steve Jobs, l’enfant terrible de la Silicon Valley, n’a pas perdu son aura et force toujours le respect des disciples du «Mac», à défaut de leur exposer une stratégie cohérente. «Depuis que Steve est revenu, on n’a pas encore réussi à comprendre ce qu’il essaye de faire, mais on respecte le fait que grâce à lui, il se passe des choses», a lancé Roger Kasten, un producteur d’applications pour le Macintosh, présent avec 4.000 de ses collègues à la conférence organisée par Apple dans le cœur de la Silicon Valley. Après deux années marquées par 2 millions de dollars de pertes et une part de marché fortement en retrait, les bénéfices affichés par Apple au terme des deux derniers trimestres n’ont pas manqué de surprendre et de redonner l’espoir aux millions d’aficionados du Mac, pour qui une conversion forcée aux machines «Wintel» (contraction de Windows et Intel désignant les PC) n’est rien moins qu’une trahison. Si la crédibilité de Jobs, PDG par intérim d’Apple, bénéficie d’une stabilisation due largement au succès de nouveaux Mac G3 mis au point avant son arrivée l’été dernier, et si la valeur des actions Apple a doublé au cours des neuf derniers mois, l’on ne peut pas encore voir clairement quels seront les fruits de la politique radicale du nouveau capitaine. «Il faut au moins un an à un PDG, aussi créatif soit-il, pour prendre la mesure des choses», estime un compréhensif Cal Sinore, président de Main Event, une entreprise pour le Macintosh. Les décisions de faire la paix avec Microsoft, de tuer le marché des clones Macintosh et d’abandonner la technologie du Newton, un ordinateur-bloc-notes qui tient dans la main, ont provoqué plus de remous que d’enthousiasme. Microsoft a traditionnellement été désigné par Apple comme l’ennemi à abattre. Le refus, déjà, de céder sous licence la technologie du Macintosh à la fin des années 1980 a conduit à la supériorité du PC sur le marché en dépit de son infériorité technique reconnue, et a largement contribué aux déboires d’Apple en provoquant son isolement. Enfin, le Newton apparaissait comme l’une des meilleures armes stratégiques d’Apple. Penser autrement Jobs «est la seule personne à Apple qui pouvait permettre de prendre les décisions impopulaires qu’il a prises», déclare Kasten. «Steve est extrêmement créatif, c’est un visionnaire, même s’il y a beaucoup d’autres choses qui vont avec la qualité de génie», souligne Sinore en référence au tempérament de feu et à l’intransigeance du co-fondateur d’Apple. Fidèle au credo d’Apple, une entreprise née de la volonté de fabriquer des ordinateurs pour les individus à une époque où IBM régnait sur un marché limité aux entreprises, Jobs persiste à bouder un marché dont l’industrie s’accorde pourtant à dire qu’il est désormais le plus porteur. Quant aux spéculations sur l’entrée d’Apple dans l’informatique de réseau, elles restent en suspens. Pendant ce temps, Microsoft, le nouveau partenaire d’Apple, met au point Windows CE et cherche à se placer avantageusement sur un marché d’avenir. En attendant, Jobs déploie son panache et joue l’image, en réactivant de manière habile le mythe Apple qui fait battre depuis vingt ans le cœur de la Silicon Valley. Apple s’est offert une campagne, «Pensez autrement» («Think different»), qui l’a ramené sous les feux de la rampe. Par ailleurs, le fameux système d’exploitation MacOS, l’anti-Windows, est lui-même suffisamment puissant pour battre le rappel des troupes autour des choix stratégiques d’Apple. Enfin, c’est avec force effets de manche que Jobs a dévoilé la semaine dernière le nouveau-né d’Apple, liMac («i» pour Internet), un ordinateur compact, rond, vert et translucide. (AFP, Reuters)
Dix mois après son retour aux commandes d’Apple, l’entreprise qu’il a co-fondée en 1978, Steve Jobs, l’enfant terrible de la Silicon Valley, n’a pas perdu son aura et force toujours le respect des disciples du «Mac», à défaut de leur exposer une stratégie cohérente. «Depuis que Steve est revenu, on n’a pas encore réussi à comprendre ce qu’il essaye de faire, mais on...
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