Vie politique - Le chef de l'Etat rappelle les orientations du régime Lahoud : si des fonds publics ont été détournés, nous les récupérerons(photos)

«S’il s’avère que des fonds publics ont été détournés, nous les récupérerons». C’est ce que le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a assuré devant un groupe de correspondants de presse arabes qu’il a reçus hier au palais de Baabda et devant lesquels il a rappelé les orientations du régime. Les questions posées par le groupe de journalistes portaient essentiellement sur des questions de politique interne ainsi que sur le dossier des négociations de paix avec Israël. Sur le plan intérieur, le général Lahoud a affirmé qu’il n’est pas question pour le nouveau régime de suivre une politique vindicative et qu’il n’est pas «venu pour ouvrir les dossiers» du passé. «Mais, a-t-il ajouté, s’il s’avère que des fonds appartenant à l’État ont été détournés, nous les récupérerons». Devant ses interlocuteurs, le président Lahoud a aussi reconnu que la tâche du gouvernement ne sera pas facile. «Elle n’est pas toutefois impossible», a-t-il renchéri, se félicitant de la cohésion qui caractérise la première équipe ministérielle du nouveau régime. Interrogé au sujet de la crise économique et des moyens de la régler, le chef de l’État a répondu en soulignant qu’il n’est pas question pour l’État d’imposer une nouvelle surtaxe sur l’essence «parce qu’une telle mesure affecte les couches les plus défavorisées de la population». Il a noté dans ce cadre que le système fiscal dans les pays capitalistes est fondé «à 30 % sur les taxes indirectes et à 70% sur les taxes directes». Avec les industriels Le général Lahoud a ensuite défini les orientations économiques du nouveau régime devant une délégation de l’Association des industriels du Liban, conduite par M. Jacques Sarraf. Le chef de l’État a notamment mis l’accent sur la nécessité d’une coopération de l’État avec le secteur privé, en vue d’une croissance économique, insistant particulièrement sur la nécessité d’instituer une collaboration entre le ministère de l’Industrie et le secteur privé. Selon lui, le rôle de ce département étatique va être dynamisé «pour qu’il puisse assumer les responsabilités qui lui incombent». Les propos du chef de l’État ont été rapportés par la délégation dans un communiqué qu’elle a fait paraître au terme de sa visite à Baabda. La délégation a ainsi souligné le souci du général Lahoud de soutenir les secteurs productifs, notamment l’industrie. Elle a indiqué que le chef de l’État suit personnellement le dossier de l’industrie afin de raviver ce secteur et d’éliminer les obstacles administratifs, juridiques et pratiques qui se posent devant son développement. Sa position, a-t-il ajouté, s’inscrit dans le prolongement de la Déclaration ministérielle qui prévoit un plan de redressement industriel. Il y a lieu de noter que M. Jacques Sarraf avait présenté au chef de l’État durant l’entretien un mémorandum contenant des propositions de l’Association pour un développement industriel ainsi qu’un document de travail élaboré par la «Commission des industriels de demain» contenant des propositions similaires. La commission est formée d’un groupe de jeunes au sein de l’Association. Les industriels préconisent notamment une suppression des taxes sur les matières premières destinées à la production industrielle, une réduction des tarifs de l’électricité du fuel et du mazout, ainsi que du coût du transport et des frais portuaires. Ils soulignent l’absence d’institutions qui aident le secteur industriel à trouver de nouveaux marchés et notent que le coût de la production au Liban est de 20 % supérieur à celui des pays avoisinants en raison des taxes et des complications administratives. Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Sarraf a qualifié de positif son entretien avec le chef de l’État. Il a relevé que «le président Lahoud connaît parfaitement l’état de l’économie dans le pays».