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Actualités - REPORTAGE

Pollution - Des pressoirs d'olives mis en cause Tripoli et Batroun boivent de l'acide oléique (photos)

Depuis quelques jours, l’eau potable du Liban-Nord fait beaucoup parler d’elle. À Tripoli et à Batroun, il y a eu des cas de pollution des sources alimentant ces villes. Responsables: des pressoirs d’olives dans les régions environnantes qui produisent de l’acide oléique, une substance résultant des olives pressées, abandonné près des cours d’eau. La pluie de jeudi dernier s’est chargée de mélanger les restes d’huile à l’eau. Des poursuites judiciaires ont été engagées contre les propriétaires d’un pressoir à Batroun. Ces cas ont été signalés dans deux villes, certes, mais ils sont différents l’un de l’autre. À Tripoli, le problème causé par les pressoirs du Koura existe depuis trente ans dans la vallée de Hab. Alors qu’à Batroun un nouveau pressoir, opérationnel depuis 1996 seulement, se débarrasse de ses résidus sans respecter les normes, près de la source de Dallé. Dans les deux cas, les pluies de jeudi passé ont eu des conséquences tragiques, obligeant les Offices des eaux à interrompre leur distribution. Interrogé, M. Mohammed Dannaoui, directeur de l’Office des eaux de Tripoli, déclare: «La qualité de l’eau s’est améliorée parce que les pluies ont cessé, mais tout va recommencer quand un nouvel orage éclatera». M. Dannaoui précise : «Cette situation dure depuis trente ans. Les pressoirs d’olives du Koura déversent leur acide oléique dans la vallée de Hab d’où provient toute l’eau potable de la ville. À cela s’ajoute les égouts qui polluent ces mêmes cours d’eau. Cette pollution atteint en dernier lieu la nappe phréatique». À la question de savoir s’il avait contacté les responsables et s’il existait des solutions, M. Dannaoui répond : «Je répète que ce problème existe depuis trente ans. Nous l’avons évoqué à maintes reprises ces derniers temps dans le cadre d’interviews aux journaux. La seule solution consisterait à interdir les activités des pressoirs du Koura et à installer un réseau d’égouts dans cette région. Il y a eu des propositions en faveur de la protection de l’environnement, comme celles consistant à déclarer la vallée de Hab réserve naturelle ou à trouver une autre source». Poursuites L’acide oléique n’est pas une substance toxique mais il devient dangereux quand sa présence dans l’eau dépasse un certain taux. Sans compter qu’il donne une couleur et un goût particuliers quand il se trouve en grande quantité dans l’eau. Il s’agit d’un acide organique non saturé, produit par la décomposition de l’eau de l’oléine, un liquide qui entre dans la composition des huiles végétales. Depuis les grandes pluies de jeudi dernier, de l’acide oléique s’est infiltré dans l’eau de Batroun en si grande quantité que cette eau a pris le goût et la couleur de l’huile. C’est ce qu’a affirmé le directeur de l’Office des eaux du Caza, M. Aziz Bassil, qui a été obligé de couper l’eau (et pas seulement l’eau potable) aux abonnés. Il a cependant décidé d’intenter une action en justice. «Notre eau vient de Douma, explique-t-il. Il y a cinq pressoirs d’olives là haut, mais nous n’avions jamais eu de problèmes, jusqu’à l’installation d’un pressoir en 1996. Cette année, de l’acide oléique s’est infiltré dans l’eau, et il y a eu des plaintes. Les propriétaires ont promis de ne plus polluer le cours d’eau. Mais cette année, le phénomène s’est répété.» Selon certaines informations, ce pressoir appartient à des membres de la famille Maalouf. M. Bassil s’est rendu lundi au ministère des Ressources hydrauliques et électriques où il a rencontré le directeur général. Le dossier prouvant que ce pressoir est responsable de la catastrophe écologique à Batroun a été retiré du ministère et envoyé au mohafez du Liban-Nord, M. Khalil Hindi. Selon M. Bassil, une lettre d’avertissement est déjà parvenue aux propriétaires du pressoir. Mais l’eau démeure coupée jusqu’à nouvel ordre. Hier, de nouveaux éléments sont entrés en jeu: le Parquet, semble-t-il, a ordonné la fermeture de tous les pressoirs d’olives au-dessus de Batroun, et pas seulement celui qui est responsable de la pollution de l’eau. En attendant, M. Bassil a indiqué à L’Orient-Le Jour qu’il comptait quand même intenter un procès contre les propriétaires du pressoir en cause. «Ils devraient nettoyer à leurs frais la vallée», a-t-il précisé. Cet empoisonnement d’une eau, destinée à une consommation publique par des individus irresponsables, est révoltant… mais fréquent au Liban. Si les poursuites contre le pressoir de Batroun donnent les résultats escomptés, il s’agit là d’un précédent non négligeable.
Depuis quelques jours, l’eau potable du Liban-Nord fait beaucoup parler d’elle. À Tripoli et à Batroun, il y a eu des cas de pollution des sources alimentant ces villes. Responsables: des pressoirs d’olives dans les régions environnantes qui produisent de l’acide oléique, une substance résultant des olives pressées, abandonné près des cours d’eau. La pluie de jeudi...