Un chef mafieux turc emprisonné en France a menacé de révéler ses liens avec des hommes politiques et d’affaires turcs s’il est extradé vers son pays, dans un entretien au journal Hurriyet paru mardi, le premier du genre depuis son arrestation en France. «Si je retourne en Turquie, ce sera aux dirigeants politiques, hommes d’affaires et bureaucrates de s’inquiéter (...) Je ne suis pas totalement innocent mais j’ai davantage d’honneur que certains dirigeants turcs», a affirmé Alaattin Cakici à Hurriyet depuis sa prison des Beaumettes, à Marseille. «Je suis content d’avoir été arrêté en France, le pays le plus développé en matière de démocratie et des droits de l’homme», a ajouté Cakici, précisant qu’il ne fera pas appel de la décision de la justice française de l’extrader. La justice française s’est déclarée jeudi favorable à son extradition vers la Turquie «sous réserve expresse de la non-exécution d’une condamnation à la peine de mort». Cakici, 45 ans, en cavale depuis douze ans, avait été arrêté le 17 août à Nice par la police française sur la base de deux mandats d’arrêt internationaux à la demande d’Ankara. Son arrestation a créé de sérieux remous dans la classe politique turque après qu’il eut indiqué lors de son interrogatoire l’existence de liens entre lui et les services de renseignement (MIT). «Je n’ai aucun lien organique avec le MIT ni avec l’État turc et je n’ai rien dit de pareil lors de mon interrogatoire», a pourtant assuré Cakici à Hurriyet. Il est poursuivi en Turquie pour tentative de meurtre et complicité de coups et blessures contre un directeur de banque et d’un journaliste et accusé d’avoir commandité l’assassinat de son épouse.