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Actualités - DISCOURS

Hommages posthumes et oraisons funèbres

La modération politique qui a caractérisé le leadership de Georges Saadé, un homme aux origines modestes propulsé au sommet du parti Kataëb par décision du président Amine Gemayel et de Samir Geagea, ses aptitudes académiques et pédagogiques, qui en ont fait un érudit et un pédagogue, son sens naturel de la famille et de l’humour, qu’il maniait avec science pour tempérer toutes les confrontations, le rôle qu’il a joué à Taëf et la grande désillusion qui s’en est suivie pour lui, l’impitoyable campagne dont il a été l’objet et qui, selon certains, en le rongeant, a hâté sa fin, la maladie enfin, affrontée avec courage et foi, ont été au cœur des allocutions, hommages et oraisons funèbres prononcées au cours des obsèques du leader des Kataëb. Sfeir : Un pilier de l’accord de Taëf Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir a souligné l’importance du rôle que Georges Saadé avait joué à la conférence de Taëf en 1989. Après l’Évangile, le secrétaire de l’assemblée des patriarches et des évêques catholiques, Mgr Youssef Tok, qui a donné lecture de l’oraison funèbre du cardinal Sfeir, a déclaré : «Son ouverture à tous les courants politiques lui a permis de jouer un grand rôle dans l’élimination des obstacles et dans le rapprochement des points de vue entre les différentes factions». Mgr Tok a précisé : «C’est celui qui, à l’époque, nous a le plus consultés au téléphone à partir de Taëf pour nous informer des pourparlers en cours et nous demander conseil. Notre réponse était toujours la suivante : vous êtes en position d’évaluer exactement ce qui se passe et nous avons toute confiance en vous». Faisant état par la suite des déceptions du député défunt à l’égard de l’application de l’accord de Taëf, le prélat maronite a poursuivi : «Il a constaté que la mise en application des termes de l’accord était très sélective mais il ne l’a jamais renié. (…) C’est ce qui lui a valu de nombreux soucis (…) qui ont sans doute précipité son décès», a-t-il dit. Mgr Tok avait rendu compte auparavant de la foi dont a fait preuve le chef du parti Kataëb à l’approche de la mort. «Il ne tarissait pas de plaisanteries en société et créait autour de lui un climat de joie et de bien-être», a affirmé Mgr Tok avant de rappeler les origines modestes du défunt. «Il a tout de même réussi à percer et a été élu à plusieurs reprises député de Batroun. Tour à tour, enseignant, avocat puis député à moins de quarante ans, Georges Saadé s’est toujours mis au service de tous les gens sans exception», a conclu Mgr Tok. Éddé : Une patience à toute épreuve Après la messe, les représentants des trois présidents Élias Hraoui, Nabih Berry et Rafic Hariri ont pris successivement la parole pour rendre un dernier hommage à Georges Saadé. Le ministre Michel Éddé a prononcé l’oraison funèbre au nom du chef de l’État, rappelant combien le défunt avait souffert dans son existence. «Mais il a résisté à toutes les douleurs et aux blessures. Faisant preuve d’une patience à toute épreuve face aux injustices dont il fut victime, (…) pour lui, le Liban passait avant le parti». «Celui-ci, a ajouté M. Éddé, devait être au service du Liban ou ne pas être. Ainsi, Georges Saadé fut un vrai Libanais car il considérait que la tâche prioritaire de son parti consistait à sauver son pays du cycle de violence et de guerres absurdes dans lequel il se trouvait». Et de poursuivre, s’adressant au défunt : «Tu n’as jamais cessé de lutter pour sauver le Liban, chacune de ses communautés, et tous ses fils du suicide vers lequel il courait. Nous nous souvenons de tout ce que tu as supporté et des nombreuses fois où l’on a attenté à ta vie». M. Éddé a conclu : «Tu nous a appris aussi comment résister à la maladie et à sublimer l’expérience de la mort». Représentant le président Nabih Berry, le député Mohammed Abdel Hamid Beydoun a affirmé que Georges Saadé fut dès les années soixante «l’un des héros de la paix civile» au Liban. «Comme nous avons pris l’habitude de rendre hommage aux héros de l’Indépendance, nous devrions également faire honneur à nombre d’hommes qui ont contribué à l’instauration de la paix civile lorsque la guerre a failli abolir la coexistence». Selon M. Beydoun, le chef du parti Kataëb avait réussi à établir des relations avec tous les partis, toutes les organisations et les personnalités «sur la base du respect mutuel et du dialogue politique national constructif». Au nom du chef du gouvernement Rafic Hariri, le ministre Bahige Tabbarah a insisté sur «la modération» qui caractérisait Georges Saadé, convaincu qu’il était de la nécessité d’un dialogue permanent avec les autres, de manière à unifier les rangs. «Parce qu’il était un homme de dialogue, a déclaré M. Tabbarah, il a joué un rôle déterminant dans l’élaboration du document d’entente nationale qui a mis fin à la guerre. Il a supporté avec beaucoup de patience les coups durs que lui ont assenés tous ceux qui furent lésés par le rétablissement de la paix civile», a-t-il ajouté avant de rendre hommage au «courage» dont Georges Saadé a toujours fait preuve dans ses décisions. L’hommage du parti Par la voix de son vice-président Mounir Hajj, le parti Kataëb a rendu un dernier hommage à son chef. Georges Saadé n’a jamais eu de problème sur l’identité arabe du Liban, a indiqué M. Hajj avant de rappeler la position du parti à l’égard de la Syrie : «Georges Saadé faisait la distinction entre les relations privilégiées et la dépendance», a-t-il dit avant d’ajouter : «Pour lui, les relations privilégiées avec Damas étaient ce qu’il y a de plus naturel, étant donné les intérêts réciproques et la communauté de destin qui existent entre les deux pays». Le vice-président du parti a rappelé en outre que Georges Saadé a toujours été proche des gens, «défendant inlassablement leurs droits, partageant comme nul autre leurs soucis, leurs espoirs et leurs rêves». Représentant le bâtonnier de l’Ordre des avocats, M. Samir Abillama a affirmé que même si le défunt avait dû abandonner sa carrière d’avocat pour se consacrer à la politique, il était resté fidèle aux principes de justice et de droit.
La modération politique qui a caractérisé le leadership de Georges Saadé, un homme aux origines modestes propulsé au sommet du parti Kataëb par décision du président Amine Gemayel et de Samir Geagea, ses aptitudes académiques et pédagogiques, qui en ont fait un érudit et un pédagogue, son sens naturel de la famille et de l’humour, qu’il maniait avec science pour...