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Actualités - CHRONOLOGIE

Le dernier des puritains

Il fait parfois son jogging en chantant des cantiques, est extrêmement impopulaire, mais n’en a cure: Kenneth Starr, témoin vedette jeudi de la Commission judiciaire de la Chambre des représentants, est un procureur puritain et obstiné, qui n’avoue qu’une obsession, la vérité. Pour nombre d’Américains, son audition, télévisée, sera la première occasion d’entendre s’expliquer cet homme peu médiatique, à la carrière brillante, qui avait rêvé un temps de devenir président de la Cour suprême et s’est vu offrir de par son statut de procureur indépendant des pouvoirs illimités pour enquêter sur le président américain. Beaucoup, président Bill Clinton en tête, lui en veulent d’avoir infligé au pays l’embarras du scandale Lewinsky, faisant trembler les institutions pour forcer un président à avouer une liaison éphémère avec une jeune stagiaire. Mais à 52 ans, ce père de trois enfants, qui va tous les dimanches à l’église et rentre tous les soirs dans sa banlieue cossue, ne semble pas effleuré par le doute. Il s’est soigneusement préparé à l’audition de jeudi et pense «que les Américains vont voir (le scandale) à travers ses yeux pour la première fois», a confié un ami à l’hebdomadaire Newsweek. M. Starr, visage poupin creusé de fossettes lorsqu’il sourit, est persuadé que l’affaire Lewinsky n’est qu’une partie des multiples dissimulations de Bill Clinton à la justice. Et depuis quatre ans et demi qu’il a été nommé procureur indépendant, au départ pour enquêter sur l’investissement Whitewater, il a opiniâtrement dépensé plus de 40 millions de dollars pour essayer de le prouver. Il a élargi son enquête au «Travelgate» (licenciement du personnel des voyages à la maison Blanche), au «Filegate» (l’obtention par la Maison-Blanche de centaines de fiches FBI de républicains), au suicide de l’avocat de la Maison-Blanche Vincent Foster, puis à l’affaire Lewinsky. Rigide, travailleur, obstiné, c’est selon lui pour établir les faits, qu’il a envoyé au Congrès un rapport minutieux et quasi-pornographique sur la liaison de Monica Lewinsky, qu’il n’a même jamais rencontrée, avec Bill Clinton, l’homme dont le talent de dissimulateur lui fait horreur. Il a fait inculper une vingtaine de personnes dans l’affaire Whitewater, obtenu 13 condamnations, humilié Mme Hillary Clinton en exigeant qu’elle se rende au tribunal. En août, il a récidivé, humiliant Bill Clinton en l’obligeant à reconnaître sa liaison avec Monica Lewinsky, tests d’ADN à l’appui. «Ken croit profondément en la loi, et à l’obligation absolue de dire la vérité, explique Stephen Saltzburg, un professeur de droit de l’Université de Georgetown qui travaillait avec M. Starr au département de la Justice sous la présidence Bush. «C’est un idéaliste». «Il ne s’intéresse qu’à la loi», affirme également sa femme, Alice. Ses nombreux détracteurs dénoncent un conservateur lié aux milieux anti-Clinton, lancé dans une dangereuse croisade morale. Ses amis voient simplement un homme honnête, pour qui seule compte la loi, sourd à toute considération politique. Mais tous s’accordent à penser que rien ne fera renoncer ce fils de prêcheur protestant de l’Église du Christ, profondément marqué par une éducation extrêmement stricte où même le café était un péché. La semaine dernière, Kenneth Starr a inculpé pour la troisième fois un ami de Bill Clinton, Webster Hubbell, en relation avec l’affaire Whitewater, et envoyé au Congrès des documents relatifs à Kathleen Willey, cette bénévole démocrate accusant Bill Clinton de gestes déplacés. Une preuve qu’il ne désarme pas, alors même que le Congrès ne semble plus guère disposé à destituer le président, après les mauvais résultats des élections législatives.
Il fait parfois son jogging en chantant des cantiques, est extrêmement impopulaire, mais n’en a cure: Kenneth Starr, témoin vedette jeudi de la Commission judiciaire de la Chambre des représentants, est un procureur puritain et obstiné, qui n’avoue qu’une obsession, la vérité. Pour nombre d’Américains, son audition, télévisée, sera la première occasion d’entendre s’expliquer cet homme peu médiatique, à la carrière brillante, qui avait rêvé un temps de devenir président de la Cour suprême et s’est vu offrir de par son statut de procureur indépendant des pouvoirs illimités pour enquêter sur le président américain. Beaucoup, président Bill Clinton en tête, lui en veulent d’avoir infligé au pays l’embarras du scandale Lewinsky, faisant trembler les institutions pour forcer un président à avouer...