Actualités - CHRONOLOGIE
La fusée Lebed déjà en orbite autour du Kremlin
le 29 avril 1998 à 00h00
L’élection régionale de Krasnoïarsk révèle une lame de fond en Russie — faite de vote protestataire, de rejet des élites et d’essoufflement communiste — qui pourrait bien porter Alexandre Lebed jusqu’au Kremlin, estiment les analystes. (VOIR AUSSI PAGE 13). Cet ancien parachutiste de 48 ans a pulvérisé tous les pronostics en recueillant 45,1% des suffrages — dix points de plus que le gouverneur sortant — au premier tour du scrutin pour la direction d’une des plus riches régions de Russie. «Lebed est aujourd’hui le candidat le plus sérieux pour la charge du Kremlin» après dix-huit mois d’oubli médiatique, estime Iouri Korgoniouk, expert du centre d’études politiques Indem. Le résultat surprenant des élections de Krasnoïarsk confirme une tendance nouvelle de l’électorat russe, qui ne peut que réjouir l’outsider qu’est Alexandre Lebed: le changement ne fait plus peur. «L’élection de Krasnoïarsk montre, et cela est très important, que les gens qui font de la stabilité politique leur priorité sont beaucoup moins nombreux que ceux qui souhaitent le changement», estime l’analyste Andranik Migranian, membre du Conseil présidentiel, un organe consultatif rattaché au président russe. Boris Eltsine avait axé toute sa campagne de réélection en 1996 sur le fait que le pays préférait encore le statu quo, tout frustrant qu’il soit, à de nouveaux bouleversements. M. Eltsine avait alors réussi à présenter son adversaire du second tour, le communiste Guennadi Ziouganov, comme l’homme du passé, celui du retour au régime soviétique. M. Lebed avait pour sa part décroché la troisième place avec près de 15% des voix. «La prochaine élection présidentielle pourrait se passer selon un tout autre scénario, le même qu’à Krasnoïarsk: un combat non plus entre l’homme du présent et celui du passé, mais entre l’homme du présent et l’homme du futur», a ajouté M. Migranian lors d’une conférence de presse. C’est ce scénario qui a permis en Sibérie à Alexandre Lebed d’écraser le gouverneur sortant, Valéri Zoubov, représentant du «présent», c’est-à-dire d’un pouvoir incapable de payer les salariés en temps voulu et d’endiguer une criminalité obsédante. M. Lebed peut ainsi espérer s’imposer comme une «troisième force» qui profite à la fois du discrédit croissant du pouvoir et de la perte de vitesse de l’opposition traditionnelle communiste. «A chaque élection locale, les gens votent maintenant pour le changement. Ils ne soutiennent plus ni le pouvoir, ni les communistes», note Gueorgui Satarov, ancien conseiller politique de Boris Eltsine. «La population en a assez de la politique de l’élite au pouvoir», ajoute cet analyste influent. Mais ces mêmes électeurs contestataires n’accordent plus davantage leur confiance ni à l’ultranationaliste Vladimir Jirinovski, ni aux communistes, dont les députés multiplient marchandages et compromis avec le Kremlin. Le candidat soutenu par les communistes à Krasnoïarsk, Piotr Romanov, n’a ainsi recueilli que 13% des voix, soit nettement moins que le score traditionnel du PC au niveau national — environ 20%. Un autre atout de M. Lebed — s’il est élu au second tour à Krasnoïarsk comme cela paraît acquis — consistera à se faire le porte-voix de la frustration croissante des régions russes à l’égard de Moscou. Ce général — pourtant parachuté de Moscou à Krasnoïarsk il y a quelques mois à peine — a commencé dès dimanche soir à jouer cette carte, en s’indignant du fait que la capitale russe absorbe la très grande majorité des impôts et des investissements au détriment de la province. Un argument d’autant plus bienvenu que le principal adversaire d’Alexandre Lebed à la prochaine élection présidentielle a toutes les chances d’être, selon les sondages, le maire de… Moscou, Iouri Loujkov. (AFP-Reuters)
L’élection régionale de Krasnoïarsk révèle une lame de fond en Russie — faite de vote protestataire, de rejet des élites et d’essoufflement communiste — qui pourrait bien porter Alexandre Lebed jusqu’au Kremlin, estiment les analystes. (VOIR AUSSI PAGE 13). Cet ancien parachutiste de 48 ans a pulvérisé tous les pronostics en recueillant 45,1% des suffrages — dix points de plus que le gouverneur sortant — au premier tour du scrutin pour la direction d’une des plus riches régions de Russie. «Lebed est aujourd’hui le candidat le plus sérieux pour la charge du Kremlin» après dix-huit mois d’oubli médiatique, estime Iouri Korgoniouk, expert du centre d’études politiques Indem. Le résultat surprenant des élections de Krasnoïarsk confirme une tendance nouvelle de l’électorat russe, qui ne peut que...
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