Actualités - CHRONOLOGIE
Le soutien US embarrasse l'opposition malaise
le 18 novembre 1998 à 00h00
L’appel du vice-président américain Al Gore en faveur de la démocratie en Asie a plongé mardi dans l’embarras certains des mouvements d’opposition de Malaisie qui réclament le départ du Premier ministre Mahathir Mohamad. Dans un discours prononcé lundi soir devant un parterre d’hommes d’affaires et de membres du gouvernement malais dont le Premier ministre Mahathir, M. Gore, qui remplace à Kuala Lumpur Bill Clinton retenu à Washington, a lancé le mot jugé incendiaire de «Reformasi» (Réforme), qui sert de cri de ralliement à l’opposition. Le vice-président américain, qui s’exprimait en marge du sommet des dirigeants du Forum économique de l’Asie-Pacifique (Apec), a enfoncé le clou en faisant l’éloge du «peuple courageux de Malaisie» qui fait entendre «ici et maintenant» sa voix pour assurer la victoire de la démocratie. L’initiative américaine, condamnée en termes très vifs par les autorités malaises, n’a pas suscité l’approbation que les États-Unis auraient pu attendre de certaines organisations de l’opposition malaise qui l’ont même jugée «dangereuse» pour la poursuite de leur mouvement. «Nous nous sentons embarrassés de voir un dirigeant étranger mentionner la nécessité de changements démocratiques en Malaisie, notre propre pays», a déclaré le président du Parti d’action démocratique, Lim Kit Siang. «Ce sont les Malais eux-mêmes qui doivent faire naître les réformes par leurs propres efforts et sacrifices, et non pas l’intervention d’une puissance étrangère», a-t-il ajouté. Pour Chandra Muzaffar, président du mouvement malaisien Just, «cela affectera certainement la crédibilité du mouvement de réforme d’Anwar Ibrahim (...) qui apparaîtra désormais comme sponsorisé par les États-Unis». Ingérence grossière «Nous ne devons pas donner l’impression que nous recherchons une assistance de l’étranger pour provoquer un changement en Malaisie», a-t-il ajouté, en remarquant que le soutien américain risquait de se retourner contre les partisans d’Anwar Ibrahim, chef de file de l’opposition depuis son arrestation, le 20 septembre. Anwar Ibrahim, ancien vice-Premier ministre et ministre des Finances, avait été limogé le 2 septembre par le Premier ministre Mahathir, avec lequel il était en désaccord sur la politique économique à suivre face à la crise financière internationale. Il est actuellement jugé pour sodomie et corruption. Pour le gouvernement malais, l’insulte de la déclaration d’Al Gore était d’autant plus forte que les partisans d’Anwar Ibrahim scandent depuis des semaines dans des manifestations le même cri de «Reformasi» pour demander le départ de Mahathir. L’indignation de Kuala Lumpur, exprimée dès la fin du discours d’Al Gore par la ministre du Commerce Rafidah Aziz, qui l’a qualifié de «répugnant», s’est amplifiée mardi matin. «La Malaisie juge tout à fait détestable l’encouragement donné par le gouvernement américain à certains éléments dans le pays pour utiliser des moyens non démocratiques afin de renverser un régime constitutionnellement élu», a affirmé Ahmad Badawi, ministre malais des Affaires étrangères. Il a qualifié les propos d’Al Gore d’«irresponsables», de «violations des règles régissant les relations entre États souverains» et «d’ingérence grossière» dans les affaires malaises. Il a aussi averti Washington que Kuala Lumpur tiendrait «les États-Unis responsables de toute rupture dans l’harmonie (en Malaisie) que pourrait susciter cet encouragement irresponsable».
L’appel du vice-président américain Al Gore en faveur de la démocratie en Asie a plongé mardi dans l’embarras certains des mouvements d’opposition de Malaisie qui réclament le départ du Premier ministre Mahathir Mohamad. Dans un discours prononcé lundi soir devant un parterre d’hommes d’affaires et de membres du gouvernement malais dont le Premier ministre Mahathir, M. Gore, qui remplace à Kuala Lumpur Bill Clinton retenu à Washington, a lancé le mot jugé incendiaire de «Reformasi» (Réforme), qui sert de cri de ralliement à l’opposition. Le vice-président américain, qui s’exprimait en marge du sommet des dirigeants du Forum économique de l’Asie-Pacifique (Apec), a enfoncé le clou en faisant l’éloge du «peuple courageux de Malaisie» qui fait entendre «ici et maintenant» sa voix pour assurer la...