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Actualités - CHRONOLOGIE

Ils ne sont pas les bienvenus...

Le retour mardi des experts en désarmement de l’Onu ne réjouit pas tout le monde, loin de là, à Bagdad. Pour Karim Abdel Sadek, «les inspecteurs viennent, espionnent, provoquent des crises et s’en vont». Egrenant un chapelet d’une main et lançant des dés de l’autre, Karim, 50 ans, joue au trictrac au café de la «Péninsule arabique» dans le quartier Allaoui à Bagdad. Son fils Mohammed, quatre ans à peine, dort à côté de lui, allongé sur le banc en bois. «Je l’ai emmené chez l’ophtalmologue et je suis passé ici pour une partie de trictrac avant de rentrer à la maison», explique-t-il. Karim, qui se présente comme un «homme d’affaires», n’a pas les moyens de faire opérer son fils, qui souffre d’un léger strabisme, ni de lui offrir les lunettes correctrices prescrites par le médecin. «Depuis l’embargo les affaires vont très mal», dit-il. Marié à deux femmes et père de 11 autres enfants, M. Abdel Sadek rend les inspecteurs en désarmement de l’Onu responsables du maintien de l’embargo. «Nous ne cachons rien mais ils refusent de le reconnaître», affirme-t-il. Le mur derrière lui est couvert d’un immense portrait du président Saddam Hussein et d’une grande plaque sur laquelle on peut lire «17 juillet, le début de l’ère prospère pour l’Irak». À cette date (en 1968), le parti Baas à pris le pouvoir à Bagdad. Onze ans plus tard Saddam Hussein est devenu président. «Nous n’accepterons pas un autre gouvernement, nous ne voulons pas que le régime change», affirme-t-il en évoquant l’appel du président américain Bill Clinton à renverser Saddam Hussein. «Le peuple entier veut ce régime, les États-Unis veulent contrôler l’Irak comme c’est déjà le cas pour l’Arabie séoudite et le Koweït», renchérit son partenaire de jeu Abdel Hussein Jabar, 47 ans, également «homme d’affaires». Quelques rues plus loin, Karim al-Ahraji, 58 ans, est assis à même la terre dans son atelier entre les matelas. Barbe blanche et keffieh rouge sur la tête, il coud un oreiller à l’aide d’une aiguille. «Mes huit fils sont également matelassiers», dit-il. Pour lui, «les inspecteurs ne sont jamais les bienvenus en Irak» car «ils ne diront jamais la vérité». Il se dit par contre soulagé par le retour à Bagdad du personnel humanitaire de l’Onu chargé de l’application du Programme pétrole contre nourriture. «La portion qu’ils distribuent tous les mois couvre nos besoins en blé, riz, huile et savon», souligne-il. En face, deux coqs becquettent sur un tas de détritus jetés sur un trottoir défoncé. Son voisin, Diwali Haji, 42 ans, vend de l’alcool. «Les affaires vont très mal depuis un bon moment, les gens préfèrent acheter de quoi nourrir leurs familles». Des bouteilles d’arak, de gin et de whisky, produits par une distillerie locale, «Al-Assriya», sont rangées sur une étagère. «Nous ne vendons pas à crédit», prévient une pancarte.
Le retour mardi des experts en désarmement de l’Onu ne réjouit pas tout le monde, loin de là, à Bagdad. Pour Karim Abdel Sadek, «les inspecteurs viennent, espionnent, provoquent des crises et s’en vont». Egrenant un chapelet d’une main et lançant des dés de l’autre, Karim, 50 ans, joue au trictrac au café de la «Péninsule arabique» dans le quartier Allaoui à Bagdad. Son fils Mohammed, quatre ans à peine, dort à côté de lui, allongé sur le banc en bois. «Je l’ai emmené chez l’ophtalmologue et je suis passé ici pour une partie de trictrac avant de rentrer à la maison», explique-t-il. Karim, qui se présente comme un «homme d’affaires», n’a pas les moyens de faire opérer son fils, qui souffre d’un léger strabisme, ni de lui offrir les lunettes correctrices prescrites par le médecin. «Depuis...