Rupture des pourparlers intercoréens à Pekin

Les entretiens intercoréens ont été rompus hier sans qu’aucun accord n’ait été conclu sur la réunification des familles séparées et sur l’aide au Nord en proie à la famine. Jeong She-hyun, principal négociateur sud-coréen et vice-ministre de l’Unification nationale, a toutefois déclaré à la presse que les deux délégations passeraient encore deux jours à Pékin. «Nous sommes convenus de réexaminer nos positions respectives et de prendre contact en cas de changement. Mais rien ne garantit une reprise des entretiens», a-t-il indiqué. Son homologue nord-coréen Jon Kum-chol a rendu Séoul responsable de l’impasse. «Le Sud ayant fixé des conditions politiques à une question économique et humanitaire, les entretiens n’ont pas abouti», a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse séparée. Les négociations ont buté sur les concessions politiques réclamées par la Corée du Sud en échange des 200.000 tonnes d’engrais demandés par le Nord. Séoul soumettait notamment cette aide à des concessions sur la réunification des familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953). La directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (Pam), Catherine Bertini, a vivement reproché hier aux dirigeants nord-coréens de ne pas laisser les employés de l’organisation contrôler librement la distribution de l’aide alimentaire au pays. Elle dit avoir fait savoir aux autorités nord-coréennes que si Pyongyang continuait d’empêcher au Pam d’entrer dans les différentes régions, il réduirait son aide alimentaire aux 23 millions de Nord-Coréens, qui luttent pour leur survie après trois ans d’inondations et de sécheresse. Selon elle, le système de distribution publique alimentaire s’est effondré voici un mois, contraignant la population à recourir à d’autres moyens. «Probablement le début mars a-t-il été la dernière période où la population a reçu des rations alimentaires». Elle va devoir attendre jusqu’à la moisson d’octobre pour obtenir des vivres fournis par le régime nord-coréen lui-même via son système de distribution publique, poursuit-elle. Elle ajoute ne pas pouvoir confirmer des informations de Médecins sans frontières selon lesquelles des Nord-Coréens auraient recours à la violence et au cannibalisme pour survivre car l’armée et la haute administration confisqueraient l’aide céréalière. (Reuters, AFP)