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Actualités - CHRONOLOGIE

Justice - L'affaire de la tentative d'assassinat de cheikh Sabounji Les islamistes poursuivis reviennent sur leurs aveux (photo)

Le procès des islamistes, accusés de crimes divers, a repris hier devant la Cour de justice. À cette deuxième audience consacrée à l’interrogatoire des dix inculpés présents dans le box des accusés, la stratégie de la défense est devenue claire : il s’agit de nier en bloc les inculpations et tout lien avec Abou Mahjane et son groupe Esbet Ansar. Ces derniers sont pourtant considérés dans l’acte d’accusation comme les instigateurs présumés des tentatives d’assassinat du mufti de Tripoli, cheikh Taha Sabounji et du responsable des Ahbaches au Nord, Taha Naji, ainsi que d’attaques diverses contre des débits de boisson, visant à provoquer la dissension confessionnelle. Si les dix inculpés se sentent frustrés de savoir que leur chef présumé, Abou Mahjane (condamné à mort par contumace pour l’assassinat de l’ancien chef des Ahbaches, cheikh Nizar Halabi), se meut librement dans l’enceinte du camp d’Aïn Héloué, ils n’en laissent rien paraître. Leur procès, ouvert dans une sorte d’indifférence, après que le mufti de Tripoli eut renoncé à se porter partie civile à la demande du président du Conseil Rafic Hariri, a pris aujourd’hui une nouvelle dimension, en raison des troubles à Saïda et dans ses environs. La récente agression contre une femme à Bayssour par un islamiste barbu et la virulence des cheikhs fondamentalistes contre les ouvriers syriens à la suite du viol d’une jeune fille à Barja, ainsi que les attaques contre des débits de boissons à Saïda et les activités pratiquement au grand jour des partisans d’Abou Mahjane ou de militants de la même mouvance replacent ce procès à la pointe de l’actualité. Pressentant un climat défavorable aux thèses islamiques, les inculpés ont visiblement décidé de revenir sur leurs aveux et de nier toute relation avec Abou Mahjane et son groupe. Une caisse d’armes et d’explosifs Après Fouad Zeyné, c’était hier le tour de Saïd Chahhal de revenir sur ses dépositions au cours de l’enquête préliminaire. À l’entendre, il aurait été interrogé par les services de renseignements du Nord alors qu’il se trouvait dans un état quasi-comateux. Il ne se souvient donc de rien et tout ce qui figure dans ces dépositions serait le fruit de «l’imagination» des enquêteurs. Même le juge d’instruction se serait, selon lui, contenté de reprendre sa déposition devant les enquêteurs militaires, alors que lui-même n’aurait osé faire que quelques rectifications, pour alléger sa «faute». Devant la cour, Saïd Chahhal précise qu’un de ses amis, Ahmed al-Aass, lui a remis une caisse contenant des armes diverses et des explosifs, en lui promettant de la reprendre le lendemain. Mais il ne vient pas au rendez-vous fixé et, quelques jours plus tard, Chahhal apprend qu’il est mort. Il cherche alors à se débarrasser de la caisse, qui contient aussi, selon lui, des mitrailleuses, des revolvers et des munitions placés dans un sac indépendant. Chahhal emporte les explosifs pour les jeter dans un champ isolé, mais son véhicule entre en collision avec un camion et c’est alors que la police l’arrête après avoir trouvé les explosifs. La police trouve aussi dans sa voiture une carte de Tripoli avec des points noirs autour de certains endroits, notamment des débits de boisson. Selon Saïd Chahhal, il s’agit d’une carte touristique, vendue dans les librairies avec un ouvrage sur la ville. Il nie l’existence de points sur certains endroits, mais il raconte s’être rendu, avec certains de ses compagnons, devant un débit de boisson, pour y placer une charge explosive, mais à la dernière minute, y avoir renoncé. Tout comme un autre compagnon lui aurait suggéré de voler le magasin d’un changeur, mais là aussi, à la dernière minute, les cambrioleurs ont changé d’avis. Le président Mounir Honein, l’avocat général Amine Bou Nassar et Me Naji Boustany de la partie civile multiplient les questions, mais c’est lorsqu’on l’interroge sur sa doctrine religieuse que l’inculpé perd ses moyens. Il ne peut alors nier les divergences avec les Ahbaches et, surtout, ses affinités avec les salafites. Il affirme pourtant appartenir au mouvement «Al-Dawa», dont, selon lui, seul le fondateur était Salafite… Bref, une fois de plus, c’est à un véritable cours d’islam que la cour et l’auditoire ont droit. Et le scénario se répétera probablement pour les interrogatoires des inculpés restants.
Le procès des islamistes, accusés de crimes divers, a repris hier devant la Cour de justice. À cette deuxième audience consacrée à l’interrogatoire des dix inculpés présents dans le box des accusés, la stratégie de la défense est devenue claire : il s’agit de nier en bloc les inculpations et tout lien avec Abou Mahjane et son groupe Esbet Ansar. Ces derniers sont...