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Actualités - ANALYSE

Gouvernement - Les variantes sont innombrables Le panachage a le vent en poupe

Il n’est pas possible, à l’orée d’une ère nouvelle où l’on parle d’entente nationale, de faire fi de la caste politique. Ce postulat des postulants empêche la mise sur pied d’un Cabinet totalement extraparlementaire. Mais n’interdit pas le panachage… Les variantes de ce thème sont évidemment innombrables. Au stade actuel, les dirigeants concernés recueillent, dit-on, les avis avec attention mais sans commentaire verbal ou gestuel, hochement de tête approbateur ou haussement d’épaule sceptique. Et qu’est-ce qu’ils entendent ? En gros ces suggestions : – Un Cabinet dont le nucléus serait constitué de spécialistes recrutés en dehors de la Chambre. Mais dont la «couverture politique» serait assurée par six ministres pris (repris plutôt) dans l’actuel gouvernement. Et qui représenteraient six communautés, trois chrétiennes, trois mahométanes. Des noms sont avancés : outre Rafic Hariri pour les sunnites, les reconduits seraient Michel Murr pour les grecs-orthodoxes, Sleiman Frangié pour les maronites, Mohsen Dalloul pour les chiites, Walid Joumblatt pour les druzes et Nadim Salem pour les grecs-catholiques. Mais alors l’entente nationale et la récupération de l’Est ? «À la trappe», répondent brutalement les défenseurs de cette formule pour qui «la réconciliation générale reste hors de portée tant que l’on n’a pas procédé à de nouvelles consultations législatives pour modifier le paysage politique». Et d’expliquer suavement qu’en l’état actuel des choses «ce serait rendre un très mauvais service à l’Est que de l’inviter au gouvernement, car il se retrouverait déchiré par les rivalités des multiples parties qui le composent politiquement et qui voudraient toutes se disputer le droit de le représenter au pouvoir…». Tant de tact, c’est touchant. En fait, par deux petites phrases, ces loyalistes, qui ont sans doute peur pour leur part du gâteau, révèlent leurs arrière-pensées. «Ne vaut-il pas mieux attendre qu’à travers des élections, l’Est dégage une nouvelle classe politique, une génération toute fraîche et évacue des formations hostiles à la Syrie… Et puis comment dans la configuration actuelle admettre à la table de nouveaux convives, en privant d’agapes des parties qui n’ont jamais démérité et ont toujours été fidèles à la république…». Pour un peu on croirait que l’Est est un intrus glouton, un parasite qui veut priver de leur légitime pitance les braves enfants de la république. Du système plutôt. Plaidoyer pro domo – D’autres politiciens, plus laconiques, recommandent qu’on mette sur pied un Cabinet restreint panaché d’un minimum de six membres et d’un maximum de quatorze. – Plus soucieux de défendre la corporation, un troisième groupe propose un gouvernement totalement parlementaire. À cette nuance près que par souci de sang neuf et d’équité (le renard passe passe, à chacun à son tour…) on ferait appel à des élus qui n’ont jamais été ministres. Ces basketteurs font valoir qu’en démocratie, il ne devrait pas y avoir de ministre à vie, surtout quand le banc de touche comprend des éléments aussi valables, sinon plus, que le team de base. À partir du moment où on leur laisserait leur chance, ces parlementaires se montrent très coulants. À leur avis, «il est tout à fait normal qu’on laisse en définitive le chef du gouvernement désigné choisir les ministres à sa guise, pour assurer ainsi la cohésion du Cabinet. Il n’est pas bon que les forces politiques imposent aux dirigeants des ministres impossibles ou encore incompétents. Bien sûr, on attendra quand même du président du Conseil qu’il prenne des gens propres et représentatifs des différents courants politiques ou blocs parlementaires». Mais sur ce point, les chefs de groupes ruent déjà dans les brancards. Ils font savoir qu’ils entendent eux-mêmes désigner leurs représentants, du moment que ces derniers sont censés les représenter. Et qu’au grand maximum, ils accepteraient que les différents cas de figure soient négociés entre le président du Conseil pressenti et eux. On l’aura compris : par un réflexe naturel, la majorité parlementaire ne veut absolument pas entendre parler d’un Cabinet de techniciens. Elle en accepterait quelques-uns, pour les ministères techniques ou de services. Le président du Conseil désigné peut passer outre : les consultations parlementaires qu’il entreprend avant de former son gouvernement ne sont pas impératives… Il reste qu’en pratique, c’est la position de la Syrie qui détermine la nature des choix. En effet, si elle tient au maintien des ministres dits «inamovibles», le Cabinet devra forcément comprendre des politiciens. En principe cependant, indiquent des pro-syriens, Damas fait totalement confiance au nouveau régime et lui laisserait, ainsi qu’au président du Conseil désigné, carte blanche…
Il n’est pas possible, à l’orée d’une ère nouvelle où l’on parle d’entente nationale, de faire fi de la caste politique. Ce postulat des postulants empêche la mise sur pied d’un Cabinet totalement extraparlementaire. Mais n’interdit pas le panachage… Les variantes de ce thème sont évidemment innombrables. Au stade actuel, les dirigeants concernés recueillent,...