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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

En raison du lien entre le mariage civil et l'abolition du confessionnalisme politique Au tollé musulman, répond un tollé chrétien

Chrétiens et musulmans maintiennent leur opposition farouche à l’institution du mariage civil au Liban, même à titre facultatif, comme proposé par le chef de l’Etat. En revanche, ils sont divisés au sujet de l’opportunité de l’abolition du confessionnalisme politique, abolition que les chrétiens rejettent à l’heure actuelle. Les leaderships religieux mahométans ont affirmé hier leur détermination à combattre jusqu’au bout le projet de mariage civil facultatif. Les chefs spirituels de la communauté chrétienne, également opposés à ce genre d’union, souhaitent toutefois surseoir à l’annonce de leur position définitive à l’égard d’un projet que de nombreuses personnalités, aussi bien chrétiennes que mahométanes, n’ont pas hésité à situer dans un cadre exclusivement politique. Le ministre des Transports, M. Omar Meskaoui, est même allé jusqu’à accuser les présidents de la République et de la Chambre de s’être ligués contre le chef du gouvernement pour «marquer un point contre lui», tandis que le député Omar Karamé accusait le président Hraoui d’avoir tenu à faire voter le projet de loi en Conseil des ministres pour «se venger» du chef du gouvernement. C’est tout dire de la tempête soulevée par l’adoption du texte, mercredi, en Conseil des ministres. On a beau répéter dans les milieux ministériels neutres que c’est seulement le principe de l’instauration du mariage civil qui avait été approuvé, rien n’y fait. Le mufti de la République, cheikh Mohamed Rachid Kabbani, et le président du Conseil supérieur chiite, cheikh Mohamed Mehdi Chamseddine, ont affirmé au terme d’une réunion d’une heure et demie, qu’ils s’opposent «catégoriquement à tout projet relatif au mariage civil facultatif dans la mesure où il porte atteinte aux fondements de la doctrine et de la foi musulmanes». Problèmes sociaux et nationaux Le communiqué qu’ils ont publié a mis l’accent sur la concordance de vues des chefs spirituels chrétiens et mahométans avant de souligner que «tout projet portant atteinte à la doctrine d’une communauté est préjudiciable à toutes les autres et doit par conséquent être retiré». Cheikhs Kabbani et Chamseddine se sont en outre dit «étonnés de ce que la position unifiée des chefs spirituels libanais n’ait pas été prise en considération», affirmant qu’une décision «aussi dangereuse ne peut en aucun cas être légale du moment qu’elle porte un coup à l’entente libanaise et qu’elle n’est pas acceptée par les Libanais». Ils ont rejeté «la thèse selon laquelle le mariage civil optionnel est de nature à consolider la cohésion nationale ou la souveraineté libanaise». Pour eux, elle est génératrice de «problèmes sociaux, familiaux et nationaux». Cheikhs Kabbani et Chamseddine ont par ailleurs appelé les Libanais au calme les invitant «à ne pas se laisser entraîner sur la voie des conflits et des discordes». Ils faisaient ainsi allusion aux incidents de jeudi à l’AIB, lorsque le ministre Elias Hanna et le député Salah Haraké ont été pris à partie par les partisans de cheikh Kabbani, ainsi qu’aux menaces d’émeute. Cheikh Chamseddine a réitéré cet appel durant son prêche, lorsqu’il a invité les croyants à ne pas exprimer leur mécontentement dans la rue. Il s’est dit persuadé que les chrétiens s’opposent autant que les mahométans «sinon plus» à ce projet. «Mais si l’Eglise est quelque part favorable à l’union civile optionnelle, qu’elle le dise franchement, car nous ne voulons de la complaisance de personne», a-t-il ajouté. Dans le péché L’homélie prononcée par l’évêque maronite de Jounieh, Mgr Chekrallah Harb, à l’occasion de la St-Joseph, célébrée hier, pourrait être considérée comme une réponse. Mgr Harb, qui a célébré la messe en l’église St-Joseph de Jounieh, a indiqué que le mariage civil est rejeté par les chrétiens parce qu’il ne fait pas partie des sacrements. «Les chrétiens et plus particulièrement les catholiques qui le contractent et qui se contentent d’une union civile, vivent dans le péché et n’ont plus le droit de recevoir le sacrement de communion», a-t-il dit. Le patriarcat maronite ne s’était toujours pas prononcé sur la question hier. M. Ernest Karam, ancien président de la Ligue maronite, a souligné, après un entretien avec le patriarche Nasrallah Sfeir, que le chef de l’Eglise maronite «étudie la question sous un angle national général». Il n’en demeure pas moins que M. Karam s’est interrogé sur le timing de l’adoption de ce projet en mettant l’accent sur la phase délicate que traverse le pays. Il a mis en garde contre «le danger» d’établir un lien entre le projet de mariage civil et celui de l’abolition du confessionnalisme politique «que les chrétiens n’accepteront pas». Nombreuses sont les personnalités qui se sont interrogées également sur le timing et sur le «véritable objectif» du projet de chef de l’Etat. «Est-ce dans ce climat fiévreux qu’on réclame l’abolition du confessionnalisme politique»?, s’est demandé le chef des Kataëb, M. Georges Saadé, estimant qu’il n’y a aucun lien entre le mariage civil et l’abolition du confessionnalisme politique. Le chef des Kataëb a en outre souligné que 90% des leaderships chrétiens sont contre l’abolition de ce confessionnalisme. Le ministre des Transports, M. Omar Meskaoui, les députés Omar Karamé et Tammam Salam ainsi que l’uléma Mohamed Hussein Fadlallah, ont exprimé d’autres points de vue. M. Meskaoui a fait état d’un «bazar» entre les chefs de l’Etat et du Parlement «qui cherchent ainsi à marquer un point contre le président du Conseil». «Et que ceux qui parlent de progressisme et de civilisation en évoquant le mariage civil, reconnaissent d’abord leur sous-développement sur le plan politique, sachant que le confessionnalisme politique doit être aboli en premier dans l’esprit des responsables», a-t-il ajouté. Adultère Le député Omar Karamé a estimé pour sa part que l’institution du mariage civil constitue un appel au rejet des religions, alors que cheikh Fadlallah a considéré qu’il légalise l’adultère. Pour le dignitaire religieux chiite, ce projet «revêt une dimension politique ayant rapport avec les ambitions d’un haut responsable de l’Etat». M. Karamé a été plus explicite à ce sujet. ll a laissé entendre que le chef de l’Etat a soumis le projet au Conseil des ministres pour faire payer à M. Hariri ses propos concernant les présidentielles. Prié de dire, au cours de la conférence de presse qu’il a tenue à Tripoli, si le projet du mariage civil facultatif pouvait être considéré comme une démarche tactique devant aboutir à la prorogation du mandat du chef de l’Etat, il a répondu: «Bien sûr, parce que j’ai pris connaissance des débats mouvementés en Conseil des ministres. Ils donnaient l’impression d’être menés dans un esprit voulant dire «que celui qui veut dessiner le profil du nouveau président, encaisse alors ces coups». Vous avez sans doute compris ce que je veux dire». M. Karamé a insisté sur le point selon lequel ce projet doit être étudié dans le cadre d’un plan pour l’abolition du confessionnalisme politique, avant d’appeler à la constitution de la commission prévue à cette fin par l’accord de Taëf. Selon lui, des «forces qui prétendent être laïques et progressistes étaient intervenues pour empêcher la formation de cette instance». M. Tammam Salam a également appelé à la formation de la commission dont la tâche sera de définir les mesures devant aboutir à l’abolition du confessionnalisme politique, estimant que la façon dont le projet a été avancé «constitue un défi pour une partie déterminée et une tentative d’écarter une autre», sans donner plus de précisions.
Chrétiens et musulmans maintiennent leur opposition farouche à l’institution du mariage civil au Liban, même à titre facultatif, comme proposé par le chef de l’Etat. En revanche, ils sont divisés au sujet de l’opportunité de l’abolition du confessionnalisme politique, abolition que les chrétiens rejettent à l’heure actuelle. Les leaderships religieux mahométans ont...