Kosovo : ballet diplomatique dans les Balkans

Plusieurs dizaines de milliers de Serbes et d’Albanais ont manifesté séparément jeudi au Kosovo, tandis que de nombreux responsables occidentaux se croisaient en un véritable ballet diplomatique dans les Balkans pour rappeler «l’urgence» d’une solution. Dans la plus importante manifestation serbe dans cette province depuis près de dix ans, 40.000 Serbes ont défilé dans le centre de Pristina, chef-lieu du Kosovo, et plusieurs milliers d’autres à Pec, dans l’ouest, pour dire leur opposition à l’indépendance demandée par les Albanais. Un peu plus tôt à Pristina, 25.000 Albanais, selon la police, ont manifesté sans incident contre la répression serbe, sans que la police n’intervienne. Pendant ce temps, les responsables occidentaux se livraient à un chassé-croisé diplomatique, français et allemand à Belgrade, américains à Bucarest et à Tirana, polonais, au nom de l’OSCE, et européen attendus à Tirana, russe à Sarajevo puis Banja Luka. Tous soulignaient l’expiration jeudi du délai de dix jours donné le 9 mars dernier par le Groupe de contact sur l’ex-Yougoslavie aux autorités de Belgrade pour retirer leurs forces spéciales du Kosovo et ouvrir un dialogue avec les dirigeants albanais de la province. Même si aucune décision concrète ne devrait être prise avant la prochaine réunion ministérielle du groupe le 25 mars à Bonn. Les Américains adoptaient un ton particulièrement ferme, appelant la communauté internationale à agir «rapidement, fermement et concrètement» pour déterminer Belgrade à engager un dialogue «constructif», selon le secrétaire d’Etat adjoint américain Strobe Talbott, qui se trouvait à Bucarest. Et l’émissaire américain pour les Balkans Robert Gelbard, en visite à Tirana, avertissait que les Etats-Unis «proposeraient certainement des sanctions plus graves» contre Belgrade si rien de positif n’était entrepris pour «trouver un statut politique pour le Kosovo» qui inclurait «une autoadministration beaucoup plus grande».