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Actualités - DISCOURS

Dans son discours devant l'assemblée générale de l'ONU Appel de Hariri au peuple d'Israël : ayez le courage d'opter pour la paix (photo)

Dans le discours qu’il a prononcé tard dans la nuit d’hier (heure de Beyrouth) devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le chef du gouvernement Rafic Hariri a, certes, dressé un tableau de la situation au Liban-Sud, réclamant une nouvelle fois l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité. Il a aussi réaffirmé que le Liban et la Syrie sont disposés à signer un accord de paix avec l’Etat hébreu «dans un délai de trois mois» en cas de retrait du Liban-Sud, de la Békaa-Ouest et du Golan. Mais bien au delà de ces positions de principe, M. Hariri a achevé son discours en sortant quelque peu des sentiers battus et en s’adressant directement au «peuple israélien», l’invitant expressément à avoir le courage d’opter pour la paix afin de sauvegarder «l’avenir des enfants d’Israël». L’état actuel du processus de paix a été au centre des contacts diplomatiques intensifs entrepris par le chef du gouvernement en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU. M. Hariri a notamment conféré, au cours des dernières vingt-quatre heures, avec le ministre égyptien des Affaires étrangères Amr Moussa, et le chef de la diplomatie syrienne Farouk el-Chareh. Dans la nuit d’hier, M. Hariri devait quitter New York pour Washington où il aura des entretiens avec le secrétaire d’Etat américain, Mme Madeleine Albright. Après avoir prononcé son discours, il a rencontré le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. Cette intensification des concertations de M. Hariri a coïncidé avec la visite du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a rencontré à New York Mme Albright. De source proche de la délégation libanaise, on soulignait tard en soirée qu’un climat de pessimisme régnait dans les couloirs du Palais de Verre au sujet des perspectives de déblocage du processus de paix, compte tenu de la position israélienne. C’est peut-être en raison, précisément, de l’impasse persistante sur ce plan que M. Hariri a axé l’essentiel de son discours devant l’Assemblée générale sur la nécessité de relancer le processus de paix. Le chef du gouvernement a réaffirmé à ce propos que la paix est pour le Liban et la Syrie une «option stratégique». Diplomatie préventive «Le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme assure la paix, la sécurité et la stabilité des sociétés, et contribue à l’établissement de relations basées sur la coopération et la compréhension entre les Etats, a déclaré M. Hariri. L’Organisation des Nations Unies est invitée à renforcer son rôle dans la réalisation et le renforcement de la paix, en réglant les conflits à travers une diplomatie préventive et grâce à des programmes d’aide au développement». «Il faut aussi mettre l’accent sur le rôle des institutions internationales spécialisées qui offrent une assistance technique et technologique aux pays en voie de développement, a-t-il ajouté. Cette assistance leur permettra de jeter les fondements économiques nécessaires pour profiter de la globalisation sur les plans commercial et monétaire. Elle les aidera aussi à éviter les répercussions négatives d’une mondialisation rapide de l’économie, en l’absence d’une capacité de production compétitive. Le Liban apporte une contribution efficace pour la création d’une zone de libre-échange commercial dans la région arabe, en respectant le principe de la libéralisation commerciale sur le plan mondial». Le chef du gouvernement a mis l’accent sur la nécessité de mener à terme les réformes de l’ONU «en développant l’action du Conseil de Sécurité à travers une augmentation du nombre de ses membres afin d’obtenir une meilleure représentation permettant aux petits pays de participer au processus de prise de décision». M. Hariri a salué dans ce cadre les efforts visant à créer une Cour pénale internationale «dont le règlement intérieur a été récemment approuvé à Rome». Il a déclaré que le Liban soutenait la création d’une telle instance juridique et étudiait ce projet «dans un esprit positif». «Il est temps de régler les problèmes en suspens au Moyen-Orient, notamment l’affaire des trois îles qui enveniment les relations entre les Émirats arabes unis et l’Iran, a-t-il indiqué. Et si nous voulons réellement renforcer la paix et la sécurité au niveau international, nous devons œuvrer très sérieusement pour un monde sans armes de destruction massive. Nous réclamons dans ce cadre la création d’une zone dépourvue d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Proche-Orient». «Il y a cinq ans, a poursuivi M. Hariri, j’avais pris place à cette tribune pour affirmer l’attachement du Liban aux principes de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme qu’il a réussi à sauvegarder dans les pires moments. C’est dans cet esprit que le Liban condamne fermement le terrorisme sous toutes ses formes, notamment politique, économique et culturel et quelles que soient ses origines :aussi bien le terrorisme individuel que le terrorisme d’Etat. Le Liban condamne les agressions contre les civils et les ambassades, les détournements d’avion (…), tout en mettent l’accent sur la nécessité de faire la différence entre le terrorisme et le droit des peuples à lutter contre les forces d’occupation. Et si aujourd’hui nous rappelons ces principes, c’est pour réaffirmer notre confiance dans l’expérience libanaise de la convivialité basée sur la modération et la tolérance. Nous avons une foi inébranlable dans notre formule qui devrait servir de modèle de solutions aux sociétés qui ont connu des guerres ou des conflits racistes ou sectaires de par le monde». «Pendant le processus de reconstruction, le Liban a connu des circonstances difficiles, caractérisées notamment par la poursuite de l’occupation israélienne et des agressions contre ses villes et ses villages, a encore dit le chef du gouvernement. De nombreux civils, femmes, enfants et vieillards sont morts lors de ces agressions. La communauté internationale se souvient sans doute du massacre de Cana perpétré par Israël en 1996. En dépit de cela, le Liban a pu gagner à nouveau la confiance du monde dans ses capacités à remplir un rôle d’avant-garde dans les domaines de la culture, de l’économie, du commerce et des finances». L’application des résolutions onusiennes Le chef du gouvernement a, d’autre part, souligné que le maintien de l’occupation du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest «nous pousse à réaffirmer une nouvelle fois la nécessité d’appliquer la résolution 425». «Nous invitons les institutions de la communauté internationale à jouer un rôle plus efficace en vue de garantir l’application des résolutions onusiennes et de faire pression sur l’agresseur pour édifier une paix juste et globale, a déclaré M. Hariri. Nous avons participé, en même temps que les autres pays arabes, à la conférence de Madrid dans l’espoir de réaliser une paix juste et globale». Après avoir rappelé que les deux volets libanais et syrien du processus de paix sont gelés «en raison de l’entêtement du gouvernement israélien», M. Hariri a réaffirmé l’opposition du Liban à toute implantation des Palestiniens sur son sol. Le premier ministre a invité sur ce plan la communauté internationale à accroître son aide à l’UNRWA. Revenant sur l’évolution du processus de paix avec Israël, M. Hariri a déclaré : «Le Liban et la Syrie sont disposés à reprendre les négociations au point où elles avaient été interrompues. Nous sommes disposés à signer un accord de paix avec Israël dans un délai de trois mois, à condition qu’Israël se retire du Liban-Sud, de la Békaa-Ouest, et du Golan, jusqu’à la ligne du 4 juin 1967. Les négociations en vue d’aboutir à un accord de paix globale ne peuvent aboutir que sur base des principes définis à la conférence de Madrid, à savoir les territoires en échange de la paix». M. Hariri a par ailleurs souligné que la concomitance des deux volets libanais et syrien du processus de paix constitue «une décision stratégique, dictée par les intérêts supérieurs des deux pays». «Cette concomitance renforce les chances d’aboutir à une paix juste et globale, a poursuivi le chef du gouvernement. Nous avons déjà proclamé que ni le Liban ni la Syrie ne signeront un accord de paix séparé avec Israël». Le premier ministre a déclaré en outre que toute initiative qui fait fi de la nécessité de réaliser «une paix juste, basée sur le recouvrement des droits spoliés» est une initiative «vouée à l’échec». Et le premier ministre de poursuivre : «Les voix qui se sont élevées récemment dans notre région pour réclamer la formation d’alliances militaires, sous prétexte de faire face aux courants extrémistes, ne sont qu’une tentative visant à replonger la région dans une politique des axes qui a porté préjudice aux peuples de cette région». «Tant que l’occupation sera maintenue et que les agressions se poursuivront, nous resterons attachés à notre droit à la résistance, a poursuivi M. Hariri. La résistance libanaise au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest exerce un droit légitime. Nous avons entendu aujourd’hui les propos du premier ministre israélien qui a déclaré que son pays désire se retirer du Liban. De tels propos ne sont nullement conformes à la réalité. Israël prétend constamment qu’il désire la paix, mais dans le même temps, il n’épargne aucun effort pour torpiller la paix. Les conditions qu’il pose en vue de l’application de la 425 ne sont pas mentionnées dans cette résolution. Israël se comporte comme si cette résolution lui donnait des droits». M. Hariri a par ailleurs invité la communauté internationale à agir afin d’obtenir la libération des détenus libanais dans les prisons israéliennes. «L’injustice qui frappe le Liban est double, a dit M. Hariri devant le prétoire international. D’un côté, il subit la vindicte israélienne qui prend prétexte d’une illusoire sécurité pour maintenir son occupation; d’un autre côté, il y a cette incapacité des instances internationales à faire respecter leurs résolutions, notamment la 425 du Conseil de Sécurité décidée en 1978 et qui stipule un retrait inconditionnel des forces israéliennes». A l’appui de ses propos, M. Hariri évoque les difficultés que rencontre la FINUL, qu’il a tenu à remercier, et plus particulièrement le contingent norvégien en voie de partance. «Nous tenons à remercier les soldats de la FINUL pour leurs efforts. Nous honorons la mémoire des martyrs tombés au Liban du fait des Israéliens et nous les considérons comme des martyrs de notre pays», a encore dit M. Hariri avant d’ajouter: «A l’occasion du départ définitif du contingent norvégien qui a servi pendant vingt ans au sein de la FINUL, je tiens, au nom du gouvernement et du peuple de mon pays à remercier le gouvernement et le peuple norvégien pour leur participation à cette force de paix». Après avoir rappelé au président de l’Assemblée générale que «le Liban revendique auprès des instances internationales son droit à la souveraineté», M. Hariri a affirmé: «Notre pays est soucieux de voir s’instaurer dans la région une paix juste et durable, fondée sur les résolutions internationales». Il a conclu: «Au terme de mon intervention je voudrais m’adresser au peuple israélien pour lui dire que les Arabes, le Liban et la Syrie, plus précisément, ont fait le choix stratégique de la paix, qui est finalement le choix le plus difficile mais auquel ils tiennent. C’est un choix pour lequel nous œuvrons car nous y voyons l’avenir de notre nation et de nos enfants. J’appelle Israël à en faire de même pour l’avenir de ses enfants; c’est un choix qui exige du courage et une perception large de l’avenir. C’est un choix que le Liban et la Syrie ont fait, mais Israël le fera-t-il?».
Dans le discours qu’il a prononcé tard dans la nuit d’hier (heure de Beyrouth) devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le chef du gouvernement Rafic Hariri a, certes, dressé un tableau de la situation au Liban-Sud, réclamant une nouvelle fois l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité. Il a aussi réaffirmé que le Liban et la Syrie sont...