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Actualités - CHRONOLOGIE

Appelant les courants politiques représentés au gouvernement à assumer leurs responsabilités Hariri entend imposer à Berry une discipline du pouvoir

En attendant que le président de la Chambre, M. Nabih Berry, prenne à son tour le chemin de Damas, le bras de fer qui l’oppose au chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, se poursuivra âpre et sans merci. C’est à qui pliera en premier et, jusqu’à présent, aucun des deux dirigeants ne semble vouloir faire preuve d’un peu de flexibilité, surtout que M. Hariri est apparu déterminé hier à imposer une discipline du pouvoir au chef du Législatif. Le premier ministre a haussé le ton, au lendemain de sa visite à Damas, se prévalant d’un appui syrien à son point de vue dans le conflit qui l’oppose au chef du Parlement, M. Nabih Berry, sur le financement de l’échelle des salaires dans le secteur public. M. Hariri s’est rendu hier auprès du chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, pour lui communiquer les résultats de sa visite dans la capitale syrienne (VOIR PAGE 2). Sur le perron de Baabda, il a confirmé son refus de signer le décret d’ouverture d’une session parlementaire extraordinaire, affirmant, sur un ton qui ne prête à aucune équivoque, que le financement de cette échelle doit faire l’objet d’un consensus de tous les courants politiques représentés au sein du gouvernement et du Parlement. «Lorsque je demande que chacun assume ses responsabilités, ce n’est pas au gouvernement d’un côté et au Parlement de l’autre que je pense. Ce que je souhaite, c’est que les courants politiques qui font partie du gouvernement et qui sont en même temps représentés à la Chambre, le fassent», a-t-il déclaré, provoquant une prompte réaction des milieux proches du chef du Législatif qui l’ont accusé d’exploiter sa visite à Damas pour faire valoir son point de vue. A quoi tout cela mènera-t-il? A nulle part, s’empresse-t-on de répondre dans divers milieux politiques, où l’on estime que la querelle Berry-Hariri entrera la semaine prochaine dans sa phase de règlement, grâce à une prise en charge syrienne qui a commencé jeudi et qui se poursuivra la semaine prochaine par un entretien de M. Berry avec le président et le vice-président syrien, MM. Hafez el-Assad et Abdel Halim Khaddam. Dans ces milieux, on s’attend toutefois à ce que Damas parvienne au mieux à obtenir une trêve dans un combat des chefs qui dure depuis près de trois semaines: un rapprochement est à exclure parce qu’à l’approche de l’échéance présidentielle, MM. Berry et Hariri sont engagés dans une phase de règlement de comptes qui devrait leur permettre de conforter leurs positions respectives en prévision du nouveau régime et donc de préserver leur influence future. Devant ses interlocuteurs syriens, M. Hariri s’est plaint de la mentalité qui régit le comportement du chef du Législatif, a-t-on appris de sources proches du chef du gouvernement qui ne révèlent pas ainsi un secret puisque les deux dirigeants ne ratent aucune occasion depuis quelques semaines de se fustiger réciproquement. A travers son bureau de presse, le chef du gouvernement est revenu à la charge hier, s’insurgeant contre «la mentalité héritée de la guerre». Des reproches personnels Force est de constater une évolution dans la querelle Berry-Hariri qui semble prendre une dimension plus personnelle. Deux indices le confirment: — Le chef du gouvernement prend soin d’éviter d’être au même endroit que M. Berry. Il y a deux semaines, il avait assisté à ses côtés à l’hommage rendu au président Adel Osseirane au palais de l’UNESCO où tous les deux s’étaient salués froidement. Hier, il a délégué le ministre Omar Meskaoui pour accueillir le président du Gabon et l’a chargé aussi de le représenter au dîner offert par le président Hraoui en l’honneur de son homologue africain; — L’échange d’accusations a aussi pris une dimension plus personnelle. Ce ne sont plus le gouvernement et le Parlement qui sont pris pour cibles, mais leurs chefs respectifs. Ainsi, les milieux proches du chef du Législatif se sont dits étonnés des propos tenus par M. Hariri, retour de Damas, sur l’appui syrien à sa position dans la polémique qui l’oppose à M. Berry au sujet de l’échelle des salaires. Après avoir indiqué que la Syrie «n’intervient dans une affaire intérieure que dans l’intérêt du Liban et de son peuple et ne prend pas position pour quelqu’un au détriment d’un autre», les sources proches de M. Berry ont ajouté: «Le chef du gouvernement a tenu ces propos parce qu’il a réalisé que ses plans ont été dévoilés au grand jour. Il a voulu exploiter sa visite à Damas pour se targuer de ce que la Syrie n’a pas dit. A croire qu’il cherche à monter (le peuple) contre le Parlement. Ce que (M.) Hariri a laissé filtrer à la presse reflète son propre point de vue. La Syrie n’a rien a voir dans ce qu’il a dit». Le bureau de presse du chef du gouvernement n’a pas tardé à réagir, démentant ces propos et indiquant que M. Hariri a dit avoir «senti que le président Assad comprenait son point de vue concernant la nécessité de parvenir à un consensus au sujet du financement de l’échelle des salaires. Les milieux de M. Berry s’attendaient-ils à ce que le commandement syrien n’invite pas les Libanais à l’entente?». Il a violemment critiqué la pratique du pouvoir du chef du Législatif: «La véritable cause de la contrariété provoquée par les propos du président Hariri est qu’ils sont en contradiction avec les explications de celui qui veut être en même temps le président du pouvoir législatif et le partenaire du pouvoir exécutif et celui qui veut détenir un droit de veto par rapport à l’action de toutes les autorités et à tous les niveaux et être un médiateur, un partenaire, un provocateur, un rival et un arbitre en même temps». Le bureau de presse de M. Hariri Le bureau de presse de M. Hariri est revenu à la charge contre la mentalité de guerre, notant que «si les années qui ont suivi la fin de la guerre et le processus de normalisation ont été marquées par certaines anomalies au niveau de la pratique du pouvoir, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cette période avec toutes ces exceptions est révolue. Cela signifie que le pays a plus que jamais besoin de s’attacher à son système parlementaire démocratique, qui stipule la séparation des pouvoirs et la coordination entre eux, et qui sous-entend une mentalité différente de celle de la guerre, faisant primer l’Etat de droit». Dans la polémique qui l’oppose au chef du Législatif dans l’affaire de l’échelle des salaires, M. Hariri reproche à ce dernier de vouloir lui faire assumer seul la responsabilité des mesures impopulaires pour l’affaiblir et le mettre dans l’embarras. De son côté, M. Berry considère, selon des sources politiques informées, que le chef du gouvernement doit payer le prix de sa politique du «one man show» qu’il suit depuis 1992. Il part du principe, que lorsque M. Hariri marque un point, il veut obtenir seul tout le crédit et veut entraîner d’autres avec lui, quand il constate une perte. Selon les mêmes sources, c’est un des principaux points que le président Berry soulèvera la semaine prochaine devant les dirigeants syriens.
En attendant que le président de la Chambre, M. Nabih Berry, prenne à son tour le chemin de Damas, le bras de fer qui l’oppose au chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, se poursuivra âpre et sans merci. C’est à qui pliera en premier et, jusqu’à présent, aucun des deux dirigeants ne semble vouloir faire preuve d’un peu de flexibilité, surtout que M. Hariri est apparu...